Ce mercredi 25 août 2021, les populations ivoiriennes se sont réveillées avec la nouvelle de la mort de l’artiste Coupé-décalé Skelly. Très vite les réseaux sociaux s’affolent et la mort du chanteur est confirmée, dans la foulée, par sa sœur jointe par le confrère linfodrome. L’atypique et surtout excentrique chanteur aurait succombé à un cancer des poumons. « Il m´a appelée hier pour me dire que ça n´allait pas chez lui et comme il plaisante souvent, je n´ai pas pris au sérieux mais ce matin, je constate », s’est-elle exprimée.
La popularité de Skelly ne s’est pas construite uniquement que dans les studios d’enregistrement, dans les salles de spectacles et à travers ses ventes d’albums. D’ailleurs, ces dernières années, le chanteur était loin de tous ces endroits qui font l’ADN de tout musicien. Sur la toile, il a habitué ses followers et l’ensemble des internautes à des déclarations choc à travers des vidéos dans lesquelles, bien souvent, il s’en prend autant aux dirigeants politiques qu’au citoyen lambda. Son excentricité lui a valu une arrestation, le 2 août 2020, pour outrage au président Alassane Ouattara.
Lorsqu’éclate le débat sur sa supposée richesse, celui qui se faisait appeler le « serpent blanc » n’a pas été moins tonitruant. A la question des internautes de savoir qu’elle métier il fait pour gagner de l’argent, Skelly s’est fendu d’une réponse sur fond de provocation. « Voilà mon travail (…) je (ne) joue pas dans maquis, ni dans bar. Je (ne) passe pas sur vos chaînes de télévision africaine. Je (ne) sacrifie pas enfants. Je (ne) vole pas. Je fais opéra … voici mon travail. Moi mon public est (européen) », a-t-il claqué.
Malade, il avait fait une sortie dans laquelle il semblait narguer tout le monde en prétendant se soigner avec des plantes. « Je viens de me laver avec des médicaments, avec les feuilles naturelles coupées dans la forêt voisine qu’on appelle djekouadjo … Tu mets dans un sceau d’eau tu te laves bien le corps et c’est ok. Ça soigne la malaria, le paludisme et différents types de fièvre, c’est mieux que l’hôpital et la pharmacie …en tout cas hôpital avec pharmacie ce n’est pas aujourd’hui vous allez me voir, tant que la forêt est là, nous on rentre là-bas pour se soigner Dieu a mis tout dans les feuilles, dans la nature. Vive la forêt, vive la nature », a-t-il défié tous ceux qui s’offusquaient de le voir négliger sa santé.
Son extravagance l’a souvent conduit à avoir des accrocs avec ses homologues artistes. Récemment, sur une chaîne de télévision privée ivoirienne, Tina Spencer, la mère de DJ Arafat, a relaté le clash entre elle et le chanteur disparu. « J’ai fait deux ou trois spectacles avec Skelly. La première fois, on s’est accroché à Port-Bouët … Moi j’étais partie quelque part et quand il est arrivé, il a déposé mon sac par terre. On lui dit que c’est le sac de la Spendja, il dit qu’il s’en fout. Et quand je suis venue, j’ai enlevé la chaise en bas de lui. Il est tombé », a raconté la chanteuse.
On se souvient de son passage très remarqué sur le plateau du talk-show Peopl’emik de la 3e chaîne de la Radiodiffusion télévision ivoirienne (RTI). Ce jour-là l’animateur et ses chroniqueurs ont été poudrés par Skelly qui avait lui aussi le corps induit de poudre. Une situation qui avait installé le chaos sur le podium, les personnes présentent détalant dans tous les sens.
C’est dans les années 2000, lors du printemps du coupé-décalé, qu’Éric Parfait Francis Taregue alias DJ SKelly, comme d’autres disc-jockeys ivoiriens, débute sa carrière musicale. Il va produire de nombreux singles mais il se fera plus connaître par ses pas de danse calqués sur des gestes footballistiques. Plus tard, l’artiste va s’exiler en Europe, principalement en Allemagne, où il compte femme et enfants. Après celle de DJ Arafat, la mort de Skelly sonne comme la disparition de l’autre chanteur le plus excentrique voire controversé de la sphère coupé-décalé en Côte d’Ivoire.
Serge YAVO