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MAGHREB : L’Algérie rompt ses relations diplomatiques avec le Maroc

Le chef de la diplomatie algérienne Ramtane Lamamra a annoncé ce mardi 24 août la rupture des relations diplomatiques entre Alger et Rabat. Chronique d’un divorce annoncé.

Le clash qui menaçait est donc consommé. Le ministre algérien des Affaires étrangères Ramtane Lamamra a annoncé ce mardi 24 août la rupture des relations diplomatiques entre Alger et Rabat.

Depuis plusieurs mois, les tensions entre les deux pays s’étaient accentuées.

En plus du dossier litigieux du Sahara occidental – territoire contesté sur lequel le Maroc réclame la souveraineté et pour lequel l’Algérie demande un référendum d’autodétermination sous l’égide de l’ONU – s’est greffé un autre motif de désaccord : la normalisation des relations diplomatiques entre le Maroc et Israël.

Novembre 2020 : par une série de tweets diffusés ce jeudi, Donald Trump annonce que le Maroc s’engage à normaliser ses relations avec Israël, comme l’avaient déjà fait récemment trois autres pays arabes, les Emirats arabes unis, Barheïn et le Soudan.

Cette annonce provoque en Algérie une vague de colère sur les réseaux sociaux et une condamnation unanime des autorités et des partis politiques qui dénonce « l’arrivé de l’entité sioniste » à ses frontières et des « opérations étrangères visant la déstabilisation de l’Algérie ».

Dans ce sillage, en avril, une instruction présidentielle ordonne à plusieurs entreprises algériennes de rompre leurs contrats avec des sociétés étrangères, notamment marocaines, susceptibles de « porter atteinte » au pays et « à sa sécurité ».

Un commentateur algérien, qui rappelle la crise entre le Maroc et l’Allemagne et entre le Maroc et l’Espagne, notamment en raison de la position de Berlin et Madrid en faveur d’un règlement onusien sur le dossier du Sahara occidental, commente à Middle East Eye : « On a le sentiment que tant que le problème du Sahara occidental ne sera pas réglé, il restera un facteur d’instabilité pour la région. L’Algérie et le Maroc vont notamment tout faire pour s’auto saboter au Sahel, entretenant un nouvel Afghanistan aux portes de l’Europe. »

« Actes hostiles incessants »

Lorsque les révélations du consortium de journalistes créé par Forbidden Stories sur le logiciel espion Pegasus désignent Rabat comme « l’un des plus gros utilisateurs du logiciel, en particulier au détriment du pouvoir algérien », les Affaires étrangères condamnent « une inadmissible atteinte systématique aux droits de l’homme et libertés fondamentales » et « une violation flagrante des principes et normes régissant les relations internationales », et annoncent « se réserver le droit de riposter ».

Mais c’est surtout la note diplomatique diffusée par la représentation diplomatique marocaine à New York aux pays membres du Mouvement des non-alignés réunis virtuellement les 13 et 14 juillet qui provoquera le rappel de l’ambassadeur algérien à Rabat, où il n’est pas revenu depuis, pour « consultations ».

Cette note « consacre formellement l’engagement du Royaume du Maroc dans une campagne hostile à l’Algérie, à travers un soutien public et explicite à un prétendu ‘’droit à l’autodétermination du peuple kabyle’’ qui, selon ladite note, subirait ‘’la plus longue occupation étrangère’’ », dénonce Ramtane Lamamra.

Ce soutien au Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK) est justement au cœur de la dernière escalade entre Alger et Rabat.

La semaine dernière, à l’issue d’une réunion extraordinaire du Haut conseil de sécurité, la présidence algérienne a annoncé son intention de « revoir » ses relations avec le pays voisin.

« Les actes hostiles incessants perpétrés par le Maroc contre l’Algérie ont nécessité la révision des relations entre les deux pays et l’intensification des contrôles sécuritaires aux frontières ouest », peut-on lire dans le communiqué.

En clair, l’Algérie reproche au Maroc d’être impliqué dans les incendies meurtriers qui ont dévasté le nord du pays, dans lequel au moins 90 personnes ont péri.

« Les Marocains ont touché à deux des plus grands tabous de l’Algérie : l’unité nationale et la politique vis-à-vis d’Israël », explique une source diplomatique à Middle East Eye. « Ils ont appuyé là où ça fait mal. Et plusieurs fois. »

Source: middleeasteye.net

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