Alassane Ouattara, qui entame un 3e mandat d’affilée en tant que président de la Côte d’Ivoire, sait qu’il n’a pas rendu une copie propre, au terme de ses deux quinquennats, en ce qui concerne la réconciliation nationale. A juste titre donc, le chef de l’Etat ivoirien a annoncé, lors de son investiture qui s’est déroulée, lundi 14 décembre 2020, au palais de la présidence à Abidjan, la création d’un ministère de la réconciliation nationale.
Le président réélu au terme d’un scrutin entaché de violences meurtrières veut ainsi montrer à l’opinion nationale et internationale qu’il fait de la réconciliation nationale l’un des axes prioritaires de son présent mandat. Sauf que ce n’est pas la première fois que la réconciliation nationale bénéficie d’un ministère ou d’une institution qui lui est exclusivement dédié.
De 2003 à 2010, sous Laurent Gbagbo, le professeur Sébastien Dano Djédjé a occupé le poste de ministre de la réconciliation nationale et des relations avec les institutions. A son avènement en 2011, Alassane Ouattara avait mis en place la Commission dialogue, vérité et réconciliation (CDVR), remplacée plus tard par la Commission nationale pour la réconciliation et l’indemnisation des victimes des crises survenues en Côte d’Ivoire (CONARIV).
C’est dire que la réconciliation institutionnalisée n’est pas un fait nouveau en Côte d’Ivoire. Ce qu’il faut comprendre, c’est que la réconciliation, tout comme l’amour, la foi et la confiance, pour sortir de leur statut immatériel, ont besoin d’actions et de gestes significatifs et forts.
Ce que les Ivoiriens attendent d’Alassane Ouattara, ce n’est pas la nomination d’une personnalité à la tête d’un ministère dédié à la réconciliation. C’est bien qu’il pose, en tant que chef de l’Etat, des actes qui apaisent, qui rapprochent et qui unissent. Et à ce propos, il ne faut pas que l’on pense que tout acte répréhensible doit être passé de perte à profit au nom de la réconciliation.
On peut bien poser des actes dans le sens de la réconciliation sans donner dans l’impunité. La question ici est : est-ce qu’Alassane Ouattara, qui tient à ce que les violences qui ont éclaté avant, pendant et après la présidentielle d’octobre 2020 ne restent pas impunies, va poursuivre les auteurs présents aussi bien dans l’opposition que dans son camp ? Peut6être que la création du ministère de la réconciliation nationale version ADO va répondre à cette interrogation ?
Serge YAVO