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KENYA: Vers l’endiguement de la transmission du paludisme?

Au Kenya, des chercheurs auraient découvert une nouvelle méthode au potentiel énorme pour empêcher la transmission du paludisme. C’est du moins ce que rapporte lepoint.fr dans un article paru le lundi 11 mai 2020.

Toujours selon l’article, l’équipe de chercheurs, principalement du Kenya, du Royaume-Uni et d’Afrique du Sud, a étudié les moustiques sur les rives du lac Victoria au Kenya. Ils ont découvert que Microsporidia MB, un microorganisme qui vit dans l’intestin et les voies de reproduction d’un moustique, peut complètement protéger ce même moustique contre l’infection par le plasmodium, le parasite responsable du paludisme. 

Les scientifiques cherchent désormais à savoir s’ils peuvent relâcher les moustiques porteurs de ce virus dans la nature ou utiliser des spores pour supprimer la maladie.

« Des études futures nous permettront de mieux comprendre exactement comment Microsporidia MB protège son hôte contre le parasite du paludisme, et comment nous pourrions augmenter les niveaux de Microsporidia MB dans les populations de moustiques sauvages, jusqu’à une prévalence où cela aurait un impact significatif sur la transmission du paludisme » a récemment rendu compte Jeremy Harren, à la tête de l’équipe de recherche basée au Centre international de physiologie et d’écologie des insectes (Icipe) au Kenya. 

Un monde de microbes

Comment se présente cette fameuse révolution ? C’est assez simple : les microsporidies sont des champignons, ou du moins étroitement liés à eux. Comme le plasmodium, ils sont également connus pour vivre à l’intérieur des moustiques en tant que parasites. Le paludisme se propage par la piqûre des moustiques infectés. Selon l’étude, le Microsporidia MB pourrait renforcer le système immunitaire du moustique, de sorte qu’il soit plus apte à combattre les infections.

L’autre hypothèse est que par sa présence dans l’insecte, le microbe pourrait avoir un effet profond sur le métabolisme du moustique, le rendant inhospitalier pour le parasite du paludisme.

Autre bonne nouvelle à confirmer, les infections à Microsporidia MB semblent durer toute la vie. D’après les expériences déjà menées, il semblerait même qu’elles deviennent plus intenses, de sorte que l’effet bloquant du paludisme serait durable.

Pour les scientifiques, le Microsporidia MB pourrait être une excellente piste, surtout dans un but écologique et durable, pour remplacer la population de moustiques nuisibles par une population inoffensive et ainsi contrôler la transmission du paludisme à l’homme. L’espoir est qu’en infectant les moustiques dans une région avec des microsporidies, ils ne pourront plus infecter les humains avec des parasites du paludisme.

Preuve que tout cela est bien réel, cette stratégie a déjà été démontrée dans une ville du nord de l’Australie où des moustiques infectés par Wolbachia, une bactérie, ont été déployés à grande échelle, stoppant efficacement toutes les flambées de dengue pendant plus de quatre ans.

Le mois dernier, l’Organisation mondiale de la santé a signalé que les progrès dans la lutte contre le paludisme, qui tue 400 000 personnes par an, étaient au point mort, car le parasite et les moustiques montraient une résistance croissante aux traitements.

Deux stratégies 

Pour aller plus loin, les chercheurs ont fait savoir qu’il faudrait au minimum que 40 % des moustiques d’une région soit infectés par les microsporidies pour enfin créer une brèche significative dans la transmission du paludisme. S’ils savent que le microbe peut être transmis entre moustiques adultes, cette importante équipe de chercheurs a également appris qu’il pouvait être transmis par la femelle à sa progéniture.

À partir de ces données, ils ont élaboré deux stratégies pour augmenter le nombre de moustiques infectés par ce virus. Premièrement, les microsporidies forment des spores qui pourraient être libérées en masse pour infecter les moustiques. Deuxièment, les moustiques mâles (qui ne piquent pas) pourraient être infectés en laboratoire et relâchés dans la nature pour infecter les femelles lors de leurs rapports sexuels.

La découverte du microbe intervient alors que les mesures actuelles de lutte contre le paludisme commencent à être considérées comme insuffisantes ou inefficaces. De nombreux rapports ont démontré la résistance aux médicaments, comme la résistance à l’artémisinine, dans plusieurs régions et de résistance aux insecticides dans 73 pays en 2019. Le nouveau vaccin antipaludique RTS, S approuvé en 2015, a une faible efficacité et n’a diminué que les cas de paludisme de 39 % et les cas graves de 29 % dans les essais cliniques.

Ce qui est très faible par rapport aux résultats obtenus dans la plupart des autres vaccins de routine pour enfants, qui vont de 85 % à 95 % d’efficacité. Il n’y a pas eu de réduction significative du nombre annuel de cas de paludisme depuis 2014. Cela fait craindre que si de meilleures méthodes ne sont pas développées pour contrôler la maladie, les progrès accomplis jusqu’à présent pourraient être annulés.

L’Afrique subsaharienne porte une part disproportionnée du fardeau mondial du paludisme. En 2018, environ 228 millions de cas de paludisme sont survenus dans le monde, l’Afrique subsaharienne représentant 93 % des cas et 94 % des décès. La maladie, transmise par les femelles moustiques anophèles, coûte déjà au continent environ 12 milliards de dollars par an en pertes directes, et ce sont les familles qui supportent le plus lourd fardeau.

Par ANAF

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