Le 21 novembre 2004, en Ukraine, l’élection truquée du candidat pro-russe Viktor Ianoukovitch à la présidence de la République jette l’opposition dans la rue. La capitale Kiev est en ébullition. C’est la « Révolution orange », d’après la couleur des écharpes arborées par les manifestants. Pacifique mais soutenue en sous-main par la fondation du milliardaire magyaro-américain Georges Soros, elle se solde par l’annulation de l’élection et l’accession à la présidence de Viktor Iouchtchenko le 23 janvier 2005. Il paie cher son triomphe car il est défiguré au cours de la campagne électorale par ce qui semble être une tentative d’empoisonnement à la dioxine.
Mais les dissensions entre le nouveau président et son Premier ministre Ioulia Timochenko, une femme charismatique à la belle natte blonde, aboutissent au renversement de celle-ci dès 2006 par la nouvelle majorité législative. Le pro-russe Viktor Ianoukovitch, favori de Moscou et de l’importante minorité russophone établie à l’Est du Dniepr et en Crimée, en profite pour faire son retour comme Premier ministre. Le 25 février 2010, il remporte l’élection présidentielle sans avoir cette fois besoin de tricher. Comme si de rien n’était, Ianoukovitch poursuit les négociations engagées avec Bruxelles par son malchanceux prédécesseur Viktor Iouvchtchenko, en vue d’un rapprochement avec l’Union européenne.
Mais il ne remédie pas aux déficiences de l’État, à la corruption endémique et au pouvoir de l’oligarchie issue des anciens cadres communistes. Celle-ci, à l’image de sa propre famille, s’enrichit prodigieusement en pillant les ressources industrielles, agricoles et minières du pays