Ceux qui, comme nombre de parents d’élèves, croyaient s’être débarrassés à jamais des agios subsidiaires imposés dans les établissements scolaires publics ivoiriens sous le vocable de « Frais COGES » se mettent le doigt dans l’œil.
Et c’est un post sur les réseaux sociaux en date du 18 février dernier qui nous rappelle la triste réalité. Le document publié est une note signée du proviseur d’un établissement scolaire qui invite les élèves à s’acquitter des « frais de suivi scolaire » d’un montant de 6.500 F, payables à échéance le 22 mars 2021.
La note détaille, en outre, les dépenses pour lesquelles les « frais de suivi scolaire » ont été institués : trois enveloppes timbrées, un carnet de correspondance, deux macarons, une tenue de sport et une visite médicale. Elle précise que « tous les élèves qui ont déjà payé les frais d’inscription en ligne (15 250 f) ne sont pas concernés ».
Les frais COGES ont défrayé la chronique en octobre dernier à l’approche de la présidentielle qui elle-même était contestée par l’opposition. Alassane Ouattara qui voyait monter la contestation de la Fédération scolaire et estudiantine de Côte d’Ivoire (FESCI) contre ces charges supplémentaires et qui craignait une collusion entre les étudiants et le Comité national de transition (CNT), a supprimé par décret ces frais, l’Etat et les collectivités décentralisées étant désormais chargés de financer les COGES.
Aujourd’hui, tous sont rattrapés par ce coup politique du chef de l’Etat qui pourrait être à l’origine d’un désordre dans le système éducatif. En fait, en mettant unilatéralement et de manière tout à fait inattendue un terme aux frais COGES, Alassane Ouattara a coupé l’herbe sous les pieds des chefs d’établissement qui sont dans un dilemme : attendre l’argent de l’Etat et bloquer le fonctionnement de leurs écoles ou imaginer d’autres sources de financement pour des dépenses qui existent réellement.
Visiblement, le proviseur de l’établissement incriminé a cédé à la tentation de la seconde alternative. Et il n’est pas exclu que nombre de ses pairs n’aient pas déjà pensé à faire autant puisqu’en supprimant les frais COGES, il n’a pas été annexé un mode opératoire encore moins un chronogramme pour la disponibilité du financement à la charge de l’Etat et des collectivités décentralisées.
Il faut nécessairement de la pédagogie pour éviter que le désordre ne s’installe. Que doivent faire les chefs d’établissement face à l’urgence des dépenses dans leurs structures ? Sur la base de l’évaluation annuelle comme le stipule le décret, le gouvernement doit rendre disponible le complément budgétaire nécessaire aux financements des COGES. La nature, dit-on, a horreur du vide. Et ceci pourrait entrainer cela !
Serge YAVO