Refus du Plan commun de réforme de la CEI
Sylvain Takoué, Président du R.F.I., interpelle Adjoumani: «Que la seule volonté du chef de l’Etat écrase celle du peuple ? Non, non et jamais !»
A peine la Plateforme de l’opposition nationale a-t-elle sorti et présenté, le 1er mars dernier, un plan commun de réforme de tout le cadre électoral ivoirien pour la paix en Côte d’Ivoire, que la mouvance présidentielle s’en agite déjà. C’est, du moins, ce que laisse croire son porte-parole attitré, le bien zélé Kobenan Kouassi Adjoumani, à la fois répondeur automatique, micro, mégaphone, haut-parleur et baffle du pouvoir RHDP unifié, qui s’offusque, lui, que ce Plan de réforme n’aille pas dans le sens voulu par le président de la République.
L’ayant écouté, il y a juste quelques heures, réagir ainsi à chaud sur Radio France Internationale, il laisse comprendre que la réforme de la CEI, tant voulue par l’opposition, la société civile et le peuple ivoirien, réforme activement soutenue aussi par la Cour africaine des droits de l’Homme et des Peuples, ne devrait se faire qu’en suivant la seule volonté du chef de l’Etat de Côte d’Ivoire. Or, ce qu’il veut, lui chef d’Etat, c’est de ne limiter cette réforme qu’à la simple et seule recomposition de la CEI actuelle, et non aller au-delà tel que signifié, dans son plan commun, par la Plateforme nationale de l’opposition.
Nous posons, alors, les questions suivantes à Adjoumani : Le pouvoir RHDP unifié ne crie-t-il pas sur tous les toits du monde que la Côte d’Ivoire est une démocratie irréprochable sous sa gouvernance ? Si tel est le cas, dans quelle démocratie la seule et unique volonté d’un président de la République écrase-t-elle la volonté du peuple ? Dans quelle démocratie, seule la voix du chef d’Etat reste prépondérante sans débats préalables ? Dans quelle démocratie un gouvernement n’exécute-t-il que ce qu’il veut lui-même sans consulter le peuple sur les questions nationales ? Dans quelle démocratie les trois pouvoirs institutionnels (l’Exécutif, le Législatif et le Judiciaire) se retrouvent-ils confisqués entre les seules et uniques mains du chef de l’Etat ? Dans quelle démocratie le Chef de l’Etat se refuse-t-il d’exécuter (alors que c’est son rôle e rien d’autre) ce que veut le peuple qui lui a donné son mandat exécutif par suffrage ?
Nous disons non, non et non à cette mascarade de la démocratie ! Nous refusons la parodie de réforme de la CEI, que le pouvoir RHDP unifié a en idée d’imposer au peuple de Côte d’Ivoire. Adjoumani trahit ainsi le secret, bien gardé, de cette parodie de réforme : il indique que c’est la volonté du chef d’Etat qui doit être faite. Il indique que c’est cette volonté du chef de l’Etat qui primera sur la volonté du peuple. Il indique que rien, en dehors de ce que pense et veut le chef d’Etat, ne sera pris en compte dans le pays. Que c’est beau et étonnant, cette démocratie irréprochable en Côte d’Ivoire !
C’est cette stratégie foncièrement anti-démocratique, qui renie l’existence du peuple, qui renie l’importance du peuple, qui renie la volonté de ce même peuple dont le suffrage électoral a pourtant servi de marchepied à la montée du chef de l’Etat au sommet du pays, que concevrait et préparerait en sourdine le pouvoir RHDP unifié.
Adjoumani, en s’étalant sur la Radio mondiale pour dire ces incongruités, nous prévient que le plan commun de réforme de la CEI, proposé par la Plateforme nationale de l’opposition, ne sera que nul et de nul effet. Il nous prévient que le pouvoir RHDP unifié ne jure que par la dictature de celui qui incarne ce pouvoir. Il nous prévient que ce pouvoir ne donne de sens à la conduite des affaires du pays, que par la prépondérance de l’unilatéralité de pensée de celui qui incarne l’Exécutif ivoirien. Adjoumani nous donne clairement le renseignement et l’information que nous sommes sous la soupape d’un pouvoir absolu de droit divin, qui détient la science infuse en politique, qui est infaillible en matière de gouvernance, et qui est l’omniscience même, l’omnipotence même, l’omniprésence même.
Mais rappelons simplement, à ce Adjoumani, que ce sont les Hommes qu’un pouvoir gouverne ; que ce sont ces Hommes (que dans leur ensemble l’on appelle peuple) qui délèguent leur souveraineté au pouvoir ; que cette souveraineté ainsi déléguée, ne fait pas de celui qui incarne le pouvoir d’Etat de s’approprier le pays qui n’est pas un patrimoine personnel ni familial ; qu’une démocratie nationale ne se limite pas à l’unique décision, à l’unique désir, à l’unique rêve d’un chef d’Etat. Elle est l’affaire de tous.
Or, la question de la CEI et de sa réforme, est bel et bien un problème national, et non la petite affaire du chef de l’Etat et de sa minorité de maisonnée. C’est une question qui doit être débattue par la nation ivoirienne, dans toutes ses composantes (pouvoir, opposition, société civile), parce qu’elle impliquera le suffrage universel, et non pas celui du clan du régime en place, aux élections générales prochaines, à commencer par la présidentielle de 2020. Dire que les propositions du plan commun de réforme, qui sont à la fois l’émanation et l’expression de la volonté populaire, seraient rejetées parce qu’elles ne vont pas dans le sens voulu par le bienheureux chef de l’Etat, est une grosse erreur d’appréciation.
Qu’Adjoumani sache, qu’il est, tout aussi inacceptable, dans une vraie démocratie, que le peuple soit confiné de force à la reptation, à la courbette, à la génuflexion et à la prosternation devant l’erreur monumentale d’une simple recomposition de la CEI, préparée en coulisse par le pouvoir qu’il sert à l’aveuglette comme s’il n’était plus un intellectuel. Qu’Adjoumani sache aussi qu’un homme, à lui seul, ne peut en imposer à tout un peuple, tout le temps. C’est une vision qu’avait aussi soutenue le Pr. Bernard Zadi Zaourou qui disait que : « … c’est sur le terreau du silence des intellectuels que prospèrent toujours les dictatures ; car à lui tout seul un homme ne peut en imposer à tout un peuple et devenir tyran. » (in Journal L’Intelligent d’Abidjan N°1495 du 17 septembre 2008, PP 6-8).
Comme on nous dit qu’Adjoumani fut enseignant, qu’il médite, alors, bien ces paroles que Confucius a écrites dans son livre le plus connu, Entretiens familiers :
« Si le prince se comporte en prince (c’est-à-dire en homme de bien), il gouvernera dans l’intérêt de tous. (…) La soumission au prince garantit la cohésion du pays, mais cette soumission s’accompagne d’un droit de remontrance des sujets si le prince va dans la mauvaise direction. (…) La dictature commence quand un souverain s’octroie le droit de modifier et de fixer lui-même le sens des mots, des lois et des contrats ».
Le peuple de Côte d’Ivoire, les Fiers Ivoiriens du pays, n’accepteront jamais, ni aujourd’hui, ni demain, la fausse réforme de la CEI, que le pouvoir RHDP unifié attend, dans son jeu d’usure du temps, de leur imposer. Car ce que nous voulons, tous, c’est la refonte totale de tout le cadre électoral (CEI, Code électoral, Conseil constitutionnel, Cour suprême, redécoupage électoral, reprise du listing électoral, mise à jour des cartes nationales d’identité, etc.), telle que proposée dans le Plan commun de la réforme, proposé par la Plateforme nationale de l’opposition, et qui atterrira bientôt sur la table du gouvernement, et dont Adjoumani aura aussi copie.
Sylvain Takoué,
Président du
Rassemblement des Fiers Ivoiriens (R.F.I.)
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