Pr Maurice Kakou Guikahué, S.E du PDCI-RDA clarifie tout: «On ne choisira pas le candidat et son colistier à la Convention», ce qui va se passer en juin

Pr Maurice Kakou Guikahué, S.E du PDCI-RDA clarifie tout: «On ne choisira pas le candidat et son colistier à la Convention», ce qui va se passer en juin

 

Pour sa première grande interview de l’année 2020, en dehors de celles qu’il accorde au sortir de ses audiences ou séances de travail, le secrétaire exécutif en chef du Pdci-Rda a bien voulu répondre favorablement à la sollicitation du quotidien Le Nouveau Réveil. Dans cette interview (première partie), il fait le tour d’horizon de l’actualité au Pdci-Rda et en Côte d’Ivoire.

 

Monsieur le ministre, à la cérémonie des échanges de vœux à Daoukro, le président Bédié a eu, à l’égard des jeunes et des femmes et de l’opposition tout entière, un message. Quelle interprétation faites-vous de ces messages-là ?

Le 12 janvier, le président a précisé sa pensée. Nous sommes dans une démarche et au fur et à mesure que nous allons approcher les échéances électorales, on va en parler davantage. Il s’est adressé aux jeunes pour dire qu’il se bat pour les jeunes. Vous avez vu qu’il est devenu très actif, c’est parce qu’il se bat pour le retour du Pdci au pouvoir d’Etat, mais surtout pour la relève. Il se bat pour une transition politique. Les transitions politiques ne se décrètent pas, ça se vit, ça se prépare et c’est ce que le président fait. Il est en train de dire aux jeunes que le mandat qui vient, c’est le mandat de la promotion des jeunes. Ce qu’il a fait au niveau du parti, il va le faire au niveau de la gouvernance d’Etat. Je le dis souvent aux militants, c’est qu’aujourd’hui, la Constitution permet d’avoir un trépied. Il y a trois personnalités : le président, le vice-président et le premier ministre. Donc, le président est en train de penser à la chaine pour que toutes les composantes se retrouvent au niveau du sommet. Ce que je peux donc dire aux jeunes, c’est que l’exécutif prochain sera très rajeuni. Je ne peux pas avancer de chiffres, mais ce sera très rajeuni. C’est vrai que c’est l’exception qui confirme la règle, peut-être qu’il y aura deux ou trois anciens pour encadrer, mais il y aura beaucoup de jeunes. Autant il a nommé beaucoup de jeunes délégués, beaucoup de jeunes seront nommés ministres. Il y aura quelques anciens pour les encadrer parce qu’il faut un lien avec les anciens. Il a voulu dire aussi que le genre sera observé, avec la nomination des femmes et les nombreux projets qui seront à leur disposition. Vous pouvez constater qu’au Pdci aujourd’hui, beaucoup de femmes sont vice-présidentes. En fait, l’élection présidentielle va voir l’application du thème du 12ème congrès. C’est une question de décalage mais l’idée est la même. On avait parlé de rajeunissement et de renaissance et on avait demandé au président d’aller prendre le pouvoir. Chargé de cette mission, le président Bédié, de façon stratégique, a décalé notre candidature. C’est ainsi qu’on n’a pas eu de candidat en 2015, mais le Pdci est candidat en 2020.

 

Monsieur le ministre, peut-on affirmer que les diligences  formulées par le président Bédié lors de la réunion du Bureau politique sont en bonne voie quant à leur réalisation ?

Oui, les diligences sont accomplies. On a fini avec la liste des membres du Bureau politique, la restructuration est terminée. La dernière réunion du secrétariat exécutif a planché sur la question, on a plus de 4000 sections. On a bouclé la liste des grands conseillers régionaux, il ne reste plus qu’à faire valider cette liste par le président du parti. Le petit retard à ce niveau est dû à des départs que nous avons enregistrés dans nos rangs. Donc, nous sommes en train de filtrer. Pour le Bureau politique, c’est plus facile parce que nous ne sommes pas très   nombreux, mais au Grand conseil, c’est au moins 8000 personnes. Sinon depuis un mois, la liste est prête, mais nous sommes en train de faire des enquêtes dans les régions pour ne pas qu’on publie la liste de gens qui ne sont plus avec nous. L’agence internationale de communication demandée par le président, c’est un acquis. La collaboration entre le Pdci et EDS est en cours. La plateforme est formalisée avec 23 partis politiques. Il y a 10 autres partis qui ont adressé leur demande d’adhésion que nous sommes en train d’analyser. Ce qui nous fait plaisir, c’est que beaucoup de partis viennent vers l’opposition que nous constituons. Concernant l’affaire du logo du Pdci, c’est une affaire de justice  qui suit son cours. Donc, aujourd’hui, on peut dire à 80% que les diligences sont réalisées. Je dis 80% parce qu’il reste la publication du Grand conseil régional et des commissions techniques. Sinon tout est prêt.

Pouvez-vous dire que vous êtes entré en 2020, avec le Pdci-Rda comme vous l’aurez souhaité ?

Oui, les hommes existent. Nous avons 350 délégations départementales et communales et 54 délégations générales. On a à peu près 12 délégations non pourvues dont 6 à l’intérieur et 6 à l’extérieur. On a les hommes, mais comme je le dis toujours, vu la période qu’on traverse, il faut être sûr de la personne qu’on responsabilise.  Vous avez vu que le délégué de Kouassi-Kouassikro était déjà parti. On sait parce qu’on connait le terrain. Donc quand il a été investi, samedi, lundi, vous avez vu son remplaçant qui était déjà connu. A Dikodougou, monsieur Soro, après avoir servi à l’Oms, a pris sa retraite. Il est rentré et il est venu me dire qu’il a décidé de confirmer son militantisme au Pdci. On l’a nommé délégué étant donné que le délégué de Dikodougou était parti. De plus en plus beaucoup de personnes viennent vers nous. Beaucoup de cadres viennent vers le Pdci.

 

Récemment, vous avez annoncé une tournée nationale des jeunes et des femmes du Pdci. Comment va se dérouler cette tournée et quels sont les sujets qui seront évoqués ?

Pour moi, c’est une course de fond, ce n’est pas une course de vitesse. C’est à l’arrivée qu’on juge comme l’a dit le président Houphouët. Il ne faut pas courir pour rien. Il faut savoir doser. Le 3 janvier, le président Bédié a reçu tous les présidents de partis politiques au sujet de la Cdrp et de la plateforme. Des consignes ont été données. D’abord, créer des coordinations sinon les officialiser puisqu’elles existent de façon informelle, avoir une vision démocratique de la prise du pouvoir sans violence. Nous ne sommes pas pour la violence, on veut battre les gens dans les urnes pour que quand on va se dépasser à Abidjan, on sache qui est qui. Nous on veut être président avec tout le monde autour. Ensuite, il faut aller parler aux populations. Le 12 janvier dernier, nous sommes partis à Daoukro où le président nous a parlé. La prochaine étape, du 6 février au 23 février, il y aura des délégations mixtes, composées de jeunes et de femmes qui vont envahir tout le territoire national pour aller parler aux jeunes. Comme j’ai constaté que les gens nous plagient beaucoup, je m’arrête là, prochainement, je vais vous donner la suite du programme.

 

Mais à Daoukro, le président Bédié a demandé que l’on se dresse contre la modification de la Constitution ?

Oui, il n’y a pas de raison qu’on modifie la Constitution. Premièrement, nous sommes en précampagne puisque 2020, c’est l’année des élections. Les partis politiques sont en train de chercher leurs candidats sur la base de l’actuelle Constitution qui est en vigueur. Donc, un parti peut faire sa convention demain. Déjà, Soro Guillaume a déclaré sa candidature. Donc, des candidatures existent déjà sur la base de l’ancienne Constitution. Si on change la Constitution maintenant, c’est qu’on sème les germes de la violence. Le moment n’est pas opportun. Avant le 31 octobre 2019, le président Alassane Ouattara avait toute la latitude de changer la Constitution. Mais à partir du moment où cette date est passée, nous sommes en année électorale, on ne peut pas changer la Constitution. C’est le code électoral qu’on peut réviser puisqu’on doit organiser des élections. Deuxième raison, quand le président Alassane Ouattara a parlé, la première fois, de révision de la Constitution, il a dit que c’était pour extirper les articles confligènes.  Et qu’on allait rendre la Constitution cohérente pour l’aligner sur le modèle des Constitutions d’Etats modernes. Nous l’avons soutenu, deux ans ou trois après, on va encore changer la Constitution ?  Ça veut dire qu’on n’a pas dit la vérité aux populations. Et comme j’ai participé à la campagne pour cette Constitution en vigueur, je ne suis pas prêt à aller dire aux gens encore qu’il faut changer la Constitution. Ceux qui étaient contre à l’époque, vont rire sous cape puisqu’ils diront qu’on avait parlé de cohérence, alors qu’elle ne l’était pas.  Il faut laisser la latitude au prochain président de changer la Constitution. Si le candidat du Rhdp est élu, il a cette latitude, si c’est le candidat d’un autre parti, lui également serait libre de changer. Mais si Ouattara change aujourd’hui, que demain, c’est un autre qui vient et qu’il change encore, les Ivoiriens, finalement, diront qu’il ne s’agit plus d’une loi fondamentale. Il y a beaucoup à faire. On parle de Cei, on dit qu’on va faire les cartes d’identité. Gagnoa est une zone d’essai, mais on dit  jusqu’ à fin janvier, ce sont les anciennes cartes qui sont renouvelées. Ce qui veut dire qu’on ne fabrique pas de nouvelles cartes actuellement. A quel moment, on va donc fabriquer les nouvelles cartes ? Par ailleurs, il y a la révision de la liste électorale, donc il y a tellement de choses à faire avant le mois de juillet. Donc, je pense qu’il faut laisser les Ivoiriens tranquilles avec cette affaire de révision de la Constitution et nous consacrer au volet préparatifs des élections. Parce que le dossier devrait parvenir fin mars à l’Assemblée nationale qui va se prononcer en avril et après, il faut appeler le peuple au référendum. Puisque c’est comme ça qu’on a procédé par le passé. Donc, en 6 mois, on va faire deux élections : le référendum d’abord et ensuite l’élection présidentielle. Si c’est cela, pourquoi ne pas utiliser le budget du référendum pour offrir gratuitement les cartes d’identité aux Ivoiriens.

 

Donc pour vous, il ne doit pas y avoir de révision de la Constitution?

Il ne doit pas y avoir changement, c’est plutôt après les élections. Parce que là, nous sommes en pleine élection. C’est comme si vous êtes un footballeur, vous savez qu’un match dure 45 minutes avec une mi-temps de 15 minutes. Vous commencez le match et à la 45ème minute, l’arbitre vous dit : bon, on a supprimé la mi-temps, on continue.

 

Parlant de candidature à la convention du Pdci-Rda qui est annoncée, avez-vous déjà connaissance de velléités de candidatures ?

Le Pdci est un parti démocratique et chaque fois, le président Bédié nous a appris à aller au choix démocratique. Il a été élu président du Pdci, on a voté. Même à la dernière convention, il était candidat unique, mais on a demandé de voter. Velléités de candidatures, bon, il y a des sons, mais en tant que chef de l’animation du parti, il est très tôt encore pour en parler. Donc,  le moment viendra où on va parler de candidatures.

 

Cependant, peut-on dire que la notion de candidat naturel du Pdci-Rda demeure évidente pour le président du parti?

Voyez-vous, c’est parce qu’on est en démocratie qu’on parle de candidature et le président encourage. Normalement, on a fait un 12ème congrès. Le 12ème congrès a pris une résolution pour donner mandat au président de nous ramener le pouvoir. C’était en octobre 2013. En 2015, après avoir fait l’analyse de la situation, le président a voulu qu’on soutienne le président Ouattara. On ne l’a pas soutenu comme ça. Vous vous rappelez, on a fait un congrès extraordinaire pour aller demander au congrès ceci : vous avez demandé au président Bédié d’être candidat, mais il pense quelqu’un d’autre qui n’est pas du Pdci doit être candidat. Et le congrès a dit : je suis d’accord que le président Ouattara soit notre candidat. C’est après ça que nous sommes allés à la convention d’investiture du président Ouattara.  Chemin faisant, la scission arrive au Rhdp et on organise le 6ème congrès extraordinaire à Daoukro, le 15 octobre 2018 et le 6ème congrès extraordinaire prend des résolutions en demandant au président de continuer son mandat et de venir lui faire le compte rendu de ce qu’on a dit  au 12ème congrès après les élections. Donc, le 6ème congrès a choisi Bédié comme candidat jusqu’ à ce que Bédié renonce. Donc, de nous tous,  la personne que le congrès a choisie, c’est le président Bédié. Lisez bien. Reprenez les résolutions et lisez. Souvent, les gens parlent, mais c’est une logique politique. On a donné tous les leviers au président de nous ramener au pouvoir. C’est pourquoi, lors d’un Bureau politique, j’ai dit : monsieur le président, nous mettons notre destin entre vos mains.  Il lui appartient de dire maintenant comment on fait. S’il dit qu’il est candidat, on va avec lui, s’il dit c’est celui-ci, on s’en va avec ce dernier aux élections. Mais personne, je le dis et je le répète et écrivez ça bien, pour nos militants : quelqu’un qui n’a pas la caution de Bédié et qui est candidat ne sera jamais élu président. Même si ce n’est pas lui Bédié qui est candidat, il faut avoir sa caution. En tout cas, ceux qui veulent être candidats, qu’ils aillent voir le président Bédié pour commencer à présenter leur ambition.

 

Par rapport à cette convention, on sait que le comité d’organisation est déjà connu et que vous avez commencé les réunions avec les différentes commissions. Quelles seront les autres grandes étapes?

Nous avons rencontré les différentes structures du comité avec qui nous avons parlé. Parce qu’une convention, ce n’est pas un meeting encore moins un Bureau politique. Une convention, elle est élective. Donc, on a donné les attributions, j’ai galvanisé les uns et les autres. J’ai demandé aux commissions de faire des réunions internes jusqu’au 15 février. Et à partir de cette date, en fonction des plans d’actions que les commissions auront élaborés, on va les valider et on commence l’organisation pratique de la convention. La cellule électorale va nous dire si le  choix du candidat se fait dans les conventions locales ou si on vient à la convention nationale pour opérer le choix du candidat. Ils vont nous dire, en interprétation des textes, la période d’appel à candidatures, les dossiers à fournir etc.  Le travail est en train d’être fait. Donc à partir du 15 février, nous allons vous donner le programme du déroulement. Mais nous sommes au labo en train de préparer la convention. Je peux seulement vous dire que ça se passe bien, il y a de l’enthousiasme.

 

Selon la Constitution en vigueur, pour la présidentielle, il faudra présenter un ticket, c’est-à-dire un président et un vice-président. Est-ce que vous y avez pensé dans le cadre des préparatifs de la convention ?

 (…) J’ai présenté cette situation. On interprétait l’article 55 de la Constitution qui dit que le président est élu et il choisit son vice-président avec lequel il est élu. On n’a pas dit le président et le vice-président sont élus. Mais il est dit que le président est élu et il choisit son vice-président et il est élu avec lui. Ce que nous allons faire, c’est que du 6 au 14 juin, on va connaitre le candidat. Et la convention va lui donner un délai pour nous présenter le vice-président avec qui il veut aller aux élections. Ces deux candidats vont être investis à Yamoussoukro et après cette étape, ils entrent en campagne. Donc on ne choisira pas les deux à la convention.

 

Entretien réalisé par PAUL KOFFI, DIARRASOUBA SORY, LANCE TOURE ET JEROME N’DRI

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