La lutte contre le Sida, le paludisme et la tuberculose sont des priorités du fonds mondial Côte d’Ivoire. L’institution fait dans cet entretien un bilan des actions en Côte d’Ivoire. Dr Ouattare Djénéba, président du Fonds Mondial CCM-Côte d’Ivoire se confie.
Quelle est la mission exacte du Fonds mondial de lutte contre le Sida, la tuberculose et le paludisme en Côte d’Ivoire ?
Ouattara Djénéba : Le Fonds mondial est une organisation du 21e siècle fondée sur le partenariat, conçue pour accélérer la fin des épidémies de Sida, de tuberculose et de paludisme.Créé en 2002, il constitue un partenariat entre les autorités publiques, la société civile, le secteur privé et les personnes touchées par les maladies. Le Fonds mondial collecte et investit près de quatre milliards de dollars US par an à l’appui de programmes dirigés par des spécialistes locaux dans les pays et les communautés qui en ont le plus besoin.Un travail en commun a permis de sauver des millions de vies et de fournir des services de prévention, de traitement et de prise en charge à des centaines de millions de personnes. Cela a contribué à redynamiser des communautés entières, à renforcer les systèmes de santé locaux et à redresser les économies.Pour bénéficier de l’assistance du Fonds Mondial, chaque pays a été invité à mettre en place un « CCM ou ICN » qui est une instance de coordination nationale des subventions du Fonds mondial.C’est donc dans ce cadre que la Côte d’Ivoire a mis en place un comité de coordination national des interventions de lutte contre le SIDA, la Tuberculose et le Paludisme, conformément à la formule consacrée par le FM dans les autres pays, ce comité est appelé Country CoordinatingMechanism Côte d’Ivoire (CCM- Côte d’Ivoire), en français Instance de Coordination Nationale (ICN).
Quel Bilan faites-vous de la lutte contre le Sida, la tuberculose et le paludisme depuis la présence de votre institution en Côte d’Ivoire ?
O.D. : C’est au total un montant de 298.516.411.923 FCFA qui a été mobilisé par le CCM Côte d’Ivoire pour accompagner le pays dans la lutte contre le VIH/Sida, la tuberculose et le paludisme. En ce qui concerne le VIH-SIDA, 170 000 personnes actuellement sont sous traitement antirétroviral. Pour la tuberculose, 98 500 cas de tuberculose pulmonaire confirmé en laboratoire détecté et traité.Pour le Paludisme, 26 800 000 moustiquaires imprégnées d’insecticide distribuées.
Quel est aujourd’hui, le défi qui reste à relever ?
O.D. : Nous veillons à l’utilisation efficiente des ressources mises à disposition (Améliorer les taux d’absorption des subventions). La sensibilisation à l’utilisation des services offerts quant à la bonne utilisation des moustiquaires imprégnées d’insecticides. Nous exhortons toujours les populations à se rendre dans les centres de santé pour bénéficier gratuitement des soins pour le paludisme, VIH, Tuberculose.
Peut-on savoir le montant de l’aide accordée à la Côte d’Ivoire dans le cadre de la lutte contre ces maladies par an ?
O.D. : C’est une allocation de trois ans qui est accordée à chaque pays. Pour la période 2018-2020, c’est un montant de 124 346 868 483 FCFA qui a été mobilisé pour le pays
Ce budget alloué à la Côte d’Ivoire pour la lutte contre ces trois pathologies est-il à la hauteur des objectifs à atteindre ?
O.D. : Les différents budgets du Fonds mondial sont des appuis à l’état de Côte d’Ivoire pour lutter contre les 3 maladies. En effet l’Etat de Côte d’Ivoire identifie des besoins en santé contenus dans les plans stratégiques nationaux.Les subventions des bailleurs sont des appuis qui viennent réduire les gaps à combler des plans stratégiques nationaux.
Comment se fait le financement et qui bénéficie de ce financement du Fonds mondial dans le cadre de cette lutte ?
O.D. : Le financement se fait sur élaboration de demandes de financement.Cette demande de financement se déroule selon les étapes. D’abord par l’annonce de l’allocation du pays, la disponibilité d’un plan stratégique couvrant la période de la subvention, le dialogue pays,l’élaboration, endossement de la demande de financement, soumission, négociation des subventions, le choix des bénéficiaires, les signatures suivies de la mise en œuvre. Ensuite vient la phase de mise en œuvre des activités de la demande de financement.Le CCM Côte d’Ivoire sélectionne sur la base d’appels à candidature des structures en qualité de « Bénéficiaires Principaux » pour recevoir les fonds ; en occurrence deux par pathologie. Ces derniers à leurs tours sélectionnent, selon le même processus, des sous-récipiendaires en vue de la mise en œuvre des activités.
Est-ce qu’il y a un mécanisme de suivi des activités que vous menez à travers les partenaires ?
O.D. : Oui, il existe un mécanisme de suivi des activités qui est « le Suivi Stratégique’ avec des outils tels que le tableau de bord, les lettres de gestion, les rapports de progrès pour vérifier que les activités programmatiques seront mises en œuvre dans les temps et que les cibles de résultats seront atteintes, les modalités d’achat et de livraison des produits et équipements pharmaceutiques sont en place en vue de leur réception dans les temps et d’éviter tout risque de rupture de stock, les conditions fixées par le FM seront satisfaites dans les temps de manière à éviter tout retard administratif du financement et tout risque de suspension d’un programme. Lors des visites de sites et de supervision du Comité Suivi stratégique du CCM, cinq questions clés sont posées pour un meilleur suivi. Nous leur demandons,où est l’argent ?, Les sous-récipiendaires reçoivent-ils les ressources et l’AT prévus ? Où sont les médicaments, les moustiquaires et les autres consommables ? Les subventions sont-elles mises en œuvre telles que planifiées ?Les résultats atteignent-ils les objectifs fixés ?
Pensez-vous que vos actions produisent les effets escomptés ?
O.D. : Oui, nos actions produisent des effets escomptés. A preuve, pour les personnes atteintes duVIH / SIDA, 170 000 Personnes actuellement sont sous traitement antirétroviral, laTuberculose, 98 500 cas de Tuberculose pulmonaire confirmé en laboratoire détecté et traité (cumulative) et le Paludisme: 26 800 000 moustiquaires imprégnées d’insecticide distribuées.
Quelles sont les populations les plus touchées par ces trois pathologies ?
O.D. : Pour le VIH, les hommes ayant des rapports sexuels avec les hommes, les professionnelles du sexe, les usagers de drogue, les transporteurs, les hommes en uniforme, les transgenres, les migrants. Pour la Tuberculose, les travailleurs des mines, les diabétiques, les personnes incarcérées, Pour le paludisme, les femmes enceintes et les enfants de moins de 5 ans.
Quelles sont les dispositions que vous prenez pour éviter les éventuels détournements du fonds alloués à la lutte?
O.D. : Les équipes spécialisées travaillent à diminuer le risque de fraude ou de détournement des fonds de subvention, réduire les plaintes et augmenter l’efficacité de la gestion des fonds en conformité avec les standards du Fonds mondial à travers les actions de vérification et de supervision financière, les services d’audit interne et la mise en place de systèmes de contrôle interne, de procédures d’évaluation de gestion et de renforcement des capacités.
En cas de mauvaise gestion des partenaires bénéficiaires, que fait le Fonds mondial ?
O.D. : A travers des lettres de gestion, l’équipe pays du FM informe les acteurs et en fonction de la sévérité de la faute, soit c’est un avertissement, soit un remboursement, soit un remplacement fait par le CCM Côte d’Ivoire.
Entretien réalisé par Parfait ZIO