Justice internationale-Un Plan Commun à la CPI? Gbagbo et Blé Goudé piégés !
Sauf erreur de ma part, un mois jour pour jour après leur décision orale d’acquittement de Blé Goudé et de Laurent Gbagbo, les juges de la première chambre n’ont pas encore rendu leur décision écrite portant les motivations juridiques de cet acquittement.
Chacun sait que la procureure dit attendre de voir ces motivations juridiques écrites, pour décider si elle fera appel ou pas, de la décision.
Or, sauf miracle, chacun sait que quelles que soient ces motivations, la procureure fera appel et que la cour d’appel qui a trouvé le moyen de transformer une liberté totale en liberté conditionnelle, risque – les chances sont fortes – de déclarer cet appel recevable en la forme et au fond, et par conséquent, on court vers un autre procès qui durera au minimum, 18 mois. Et, plus les juges mettront du temps à rédiger et rendre leur décision, plus ces 18 mois nous rapprocheront de 2020 voire 2021.
Entre temps, les acquittés libérés conditionnement, consignés quasiment à résidence, ne mettront pas les pieds en Côte d’Ivoire où leurs partisans rêvent de les voir rejouer un rôle politique de premier plan et notamment prendre part aux échéances électorales de 2020.
Car, le Fpi, du moins la tendance majoritaire qui se reconnaît en Laurent Gbagbo mais qui a été cependant décimée par les décès de certains porte-voix charismatiques, ne semble pas avoir un plan B. On ne voit personne en son sein, ayant un certain charisme et une certaine légitimité, capable de faire le « job » en 2020, en l’absence de Laurent Gbagbo. Et Simone Gbagbo qui avait quelques velléités de leadership, a manifestement été neutralisée et n’est plus, pour le moment, que l’ombre d’elle-même.
Au final – mais je peux me tromper – la CPI aurait voulu neutraliser tout le monde qu’elle ne s’y serait pas prise autrement.
La présence des ex-accusés dans sa prison, mettait une forte pression, via les manifestations de leurs partisans, sur l’institution. Avec l’acquittement, puis la libération étrangement conditionnelle, ils ne sont plus, d’une certaine manière, entre ses mains. Leurs partisans, obligés de faire d’une mauvaise fortune, bon cœur, acceptent la situation. Du coup, la CPI n’a plus de pression contre elle ou du moins, cette pression et le procès contre elle, ont fortement baissé.
Gbagbo est en Belgique où ses partisans ne peuvent aller manifester et lui-même ne peut parler publiquement, sous peine d’embêter les autorités belges et d’offrir une occasion aux juges de la cour d’appel de le placer officiellement en résidence surveillée.
En Hollande, Blé Goudé, sans pays d’accueil jusqu’à ce jour, tourne sur lui-même, et ne peut, lui aussi, s’exprimer publiquement, sous peine de mesures de rétorsion. Du coup, plus personne ne parle d’eux, en dehors des échanges sur les réseaux sociaux, entre leurs partisans quelque peu désarmés.
Conclusion, tout ça ressemble à s’y méprendre, à un plan commun. Non plus de la part des ex-accusés. Plutôt de la part de la CPI. Avec le même objectif, peut-être politique, de départ.
Mais, comme le dirait mon éminent confrère André Sylver Konan, « Je peux me tromper ».
De bonne foi, bien entendu.
Assalé Tiémoko, L’Eléphant déchainé n°631