06 FEVRIER 1952 – 06 FEVRIER 2022
Il y a 70 ans, le jour où la reine Elizabeth II est montée sur le trône d’Angleterre

Le 6 février 1952, à la mort du roi Georges VI, Elizabeth, sa fille aînée, devient reine à l’âge de 25 ans. Elle ne sera couronnée que quinze mois plus tard, le 2 juin 1953.

Lorsque son père meurt au château de Sandringham, dans son sommeil, le 6 février 1952, des suites d’un cancer du poumon, à 56 ans,Elizabeth, jeune mère de famille, est en voyage officiel au Kenya avec son mari, le prince Philip (1921-2021) qu’elle a épousé le 20 novembre 1947. Deux naissances se sont enchaînées : Charles, le 14 novembre 1948 et Ann en 1950. Andrew naîtra plus tard, en 1960, et Edward en 1964.

Au Kenya, Elizabeth se couche princesse et se réveille reine

Le jeune couple passe la nuit à l’hôtel Treetops, afin d’observer à loisir les éléphants et assister au matin du 6 au lever du soleil sur la savane. Il est 14 h 45 – trois de plus qu’à Londres -, lorsque le prince Philip, à qui on a fait part de la nouvelle, annonce à Elizabeth la mort de son père. Elle devient instantanément la nouvelle reine du Royaume-Uni et du Commonwealth, à l’âge de 25 ans.

Surmontant son chagrin, la jeune souveraine qui aimait profondément son père, intronisée selon la tradition, déclare à son peuple : « J’ai le cœur trop gros pour vous dire autre chose que ceci : je travaillerai sans relâche, comme mon père avant moi ». Le 15 février suivant ont lieu les funérailles du défunt roi.

Pourtant, à sa naissance, le 21 avril 1926, Lilibeth – son surnom – n’était pas censée régner. Elle n’est que troisième dans l’ordre de succession au trône, derrière son oncle Edouard et son père, le prince Albert. Le destin va en décider autrement. À peine monté sur le trône, Edouard VIII demande en mariage Wallis Simpsons, une roturière américaine deux fois divorcée. Il refuse de renoncer à son idylle, comme l’exige le gouvernement, et abdique, propulsant ainsi en 1937 le père de Lilibeth sur le trône d’Angleterre, sous le nom de Georges VI.

Préparée par la suite à régner, durant la Seconde Guerre mondiale, la princesse avait conquis le cœur de ses compatriotes, en s’engageant, en 1945, dans l’armée de terre. Sous le matricule 230873, à 19 ans, elle était devenue mécanicienne et conductrice d’ambulance. Sept ans après, à la mort de son père, Elizabeth II devient la sixième femme à monter sur le trône de l’Empire britannique, et la première depuis la Reine Victoriaen 1901.

Le jour du couronnement, sous les yeux du monde entier

Son couronnement n’aura lieu que quinze mois plus tard, le 2 juin 1953, à l’abbaye de Westminster à Londres. À 10 h 15, Elizabeth II quitte Buckingham Palace, direction l’abbaye de Westminster dans un carrosse doré digne d’un conte de fées, le fameux Gold State Coach, tiré par 8 chevaux blancs, long de 7 mètres pour 3,60 mètres de haut, avec son décor ruisselant d’or où émergent une profusion d’anges, de couronnes et de têtes de lion. Réalisé au XVIIIe siècle, il n’est utilisé qu’en de rares occasions. À ses côtés, le Prince consort, son époux Philip, duc d’Edimbourg.

Plus de trois millions de Britanniques ont envahi les rues de Londres. Dix mille d’entre eux ont même passé la nuit sur place, bravant la pluie glaciale, afin de se garantir une place au plus proche du convoi royal. Plus de 2 000 journalistes et 500 photographes de 92 pays, parmi lesquels Jacky Bouvier, la future Mme Kennedy, chargée par le “Times Herald”  de Washington de couvrir les fastes du couronnement et aussi deux envoyés spéciaux de « Sud Ouest », Pierre Chevalier et George Berniard, sont postés sur son trajet… Sans oublier avec les multiples caméras de télévision, le nouveau média.

À son arrivée devant l’abbaye à 11 h, une foule compacte l’attend. À l’intérieur, ils sont plus de 8 000 invités au sacre, membres de la famille royale évidemment, membres du gotha international et membres du gouvernement britannique, Churchill en tête, mais aussi chefs d’État et diplomates. Même l’Union soviétique a dépêché son ambassadeur. Et surtout, pas loin de trente cameramen, qui vont filmer de l’intérieur l’intégralité de la cérémonie religieuse, qui a exigé au préalable quinze jours de répétition, ainsi que le restitue la série « The Crown ».

Devant l’autel, la reine, 27 ans, vêtue de satin blanc, prononce le serment du couronnement, promettant de rendre ses jugements selon la loi et la justice, de défendre la religion protestante et de protéger l’Église d’Angleterre, jurant aussi de gouverner chacun des pays dont elle a la responsabilité selon leurs lois et coutumes respectives. Puis, assise sur la Chaise du couronnement, la Chaise du roi Edouard, elle reçoit l’onction de l’archevêque de Canterbury, seul instant caché aux caméra. La jeune reine a trouvé ce passage si intime qu’elle a refusé qu’il soit filmé. Le prélat lui remet ensuite les deux sceptres royaux, l’orbe et la cape. Il pose la couronne de Saint Edouard, ornée de 444 pierres précieuses et qui pèse 2 kilos sur sa tête, avant que l’assemblée entonne le fameux : « God save the Queen. »

À la suite de la cérémonie religieuse, la reine Elizabeth II, officiellement couronnée, quitte l’abbaye dans son carrosse pour rejoindre le palais de Buckingham, acclamée sur son parcours par des millions de Britanniques. Accompagnée des membres de la famille royale, la jeune souveraine fait sa première apparition au balcon de Buckingham en début d’après-midi, face à la foule venue l’acclamer.

Elle rentre ensuite pour assister au premier des deux banquets de couronnement auquel participent la famille, les dignitaires des pays étrangers et du Commonwealth. Au second banquet sera servi le fameux « Poulet du couronnement «, une recette de poulet froid avec une sauce au curry concoctée spécialement pour l’occasion. La reine apparaîtra une dernière fois au balcon du palais à minuit.

« Elizabeth II couronnée reine »

Le couronnement de la reine Elizabeth II est le premier de l’histoire à avoir été diffusé intégralement et en direct à la télévision, dans le monde entier. Cette retransmission, c’est l’idée de la jeune reine dont le mariage a également déjà été retransmis à la télévision. Pour parvenir à ses fins, elle a dû affronter l’avis défavorable de son mentor, le premier ministre d’alors, Winston Churchill. À l’époque, moins d’un tiers de la population britannique possède un poste de télévision. Mais à l’annonce de la diffusion en direct du couronnement, nombre d’entre eux se sont empressés d’acheter ou de louer un poste pour l’événement.

Le jour J, les sujets de Sa Majesté se sont réunis en masse dans les salons, les cinémas et les salles de concert pour suivre la retransmission en direct qui durera six heures. La nouvelle souveraine a gagné son pari : près de 20 millions de Britanniques (soit 40 % de la population à l’époque) ont suivi la cérémonie sur le petit écran, en noir et blanc, sur la « BBC ». L’événement était également retransmis dans quatre autres pays, la Belgique, les Pays-Bas, l’Allemagne et la France.

Elizabeth II va exercer son ministère avec diligence et discrétion, en digne héritière de Victoria, sa glorieuse ancêtre. Âgée aujourd’hui de 95 ans, elle devient le premier monarque britannique à atteindre 70 ans de règne à la tête du Royaume-Uni, de quatorze pays du Commonwealth et de quatorze territoires d’outre-mer. Pour célébrer son jubilé de platine des festivités se dérouleront du 2 au 5 juin 2022.

Source : Sudouest.fr

 

 

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