9 DÉCEMBRE 1955 - 9 DÉCEMBRE 2021
Il y a 66 ans, l’Europe adoptait son drapeau commun

Le 9 décembre 1955, le comité des ministres du Conseil de l’Europe adopte officiellement un drapeau destiné à représenter les instances européennes et la fédération en devenir. 

 

Depuis l’adoption du traité de Lisbonne en 2009, toutefois, l’Union européenne a renoncé à toute forme de représentation symbolique et le drapeau n’a plus d’existence officielle. Ce n’est plus que le logo des instances européennes.

L’emblème adopté en 1955 est ainsi décrit : « Sur le fond bleu du ciel, les étoiles forment un cercle en signe d’union. Elles sont au nombre invariable de douze, symbole de la perfection et de la plénitude, qui évoque aussi bien les apôtres que les fils de Jacob, les travaux d’Hercule, les mois de l’année ». Ce que ne dit pas le communiqué, c’est que cette couronne de 12 étoiles se réfère en première instance à la Vierge et à l’Apocalypse de saint Jean !

Des symboles rassembleurs

Le Conseil de l’Europe, qui siège à Strasbourg, au Palais de l’Europe, est une assemblée née en 1949 en vue de promouvoir sur le continent les droits de l’homme. En son sein sont représentés la plupart des pays européens (47 membres en 2015) mais il n’a qu’une autorité morale et aucun pouvoir politique.

Dès sa création, il a souhaité donner à l’Europe des symboles auquels les peuples puissent s’identifier. Après cinq ans de recherches et de tentatives avortées, le 25 octobre 1955, l’assemblée parlementaire choisit à l’unanimité un emblème d’azur portant une couronne de douze étoiles d’or.

Son choix du drapeau européen, qui renvoie inconsciemment à une tradition spirituelle très forte, va obtenir très vite les faveurs des citoyens comme des institutions.

L’emblème a été conçu par l’Autrichien Arsène Heitz, modeste fonctionnaire, artiste à ses heures et fervent catholique.

Selon ses dires, il s’est inspiré de la médaille miraculeuse de la rue du Bac (Paris). Celle-ci représente la Vierge avec la corona stellarum duodecim ou couronne de 12 étoiles qu’évoque l’Apocalypse de Saint Jean : « Un signe grandiose est apparu dans le ciel, une femme revêtue du soleil, la lune sous ses pieds, et sur sa tête une couronne de 12 étoiles » (Apocalypse 12,1). L’artiste lui a ajouté un fond bleu qui rappelle la couleur traditionnelle du manteau de la Vierge.

Pour les dirigeants chrétiens-démocrates à l’origine de la construction européenne (Conrad Adenauer, Robert Schuman, Alcide De Gasperi…), cette inspiration mariale est bienvenue. Sans l’avouer officiellement, ne place-t-elle pas d’une certaine manière l’Europe sous la protection de la mère du Christ ?

  • Par un singulier hasard, le texte portant adoption du drapeau européen est signé le 8 décembre 1955, fête de l’Immaculée Conception. L’emblème est inauguré solennellement le 13 décembre de la même année à Paris. En 1983, le Parlement européen adopte à son tour le drapeau créé par le Conseil de l’Europe et préconise qu’il devienne également l’emblème de la Communauté Européenne.
  • En 1971, le Conseil de l’Europe complète son travail en proposant le Prélude à l’Ode à la Joie, de la 9ème Symphonie de Beethoven comme hymne européen. Le chef d’orchestre Herbert von Karajan en prépare l’arrangement musical. En 1986, l’hymne est adopté à son tour par la Communauté Européenne. Il devient l’autre emblème commun à l’ensemble des Européens et préside depuis lors à toutes les manifestations européennes, sous les couleurs bleu et or du drapeau marial.
  • En 2005 enfin, le projet de traité constitutionnel européen, destiné à mettre à jour et clarifier tous les textes antérieurs, a proposé, outre le drapeau et l’hymne, une devise qui ne manque pas d’allure:  « Unie dans la diversité ».

Fin de partie : symboles aux oubliettes

Le traité constitutionnel européen de 2005 a été approuvé par les parlementaires des différents États mais rejeté massivement par les peuples français et néerlandais après un débat démocratique intense, en raison de différentes dispositions qui portaient atteinte à la démocratie et à la souveraineté des peuples.

À la suite de cette déconvenue, les instances dirigeantes des États membres ont réécrit à Lisbonne le traité constitutionnel en reprenant toutes les dispositions rejetées par les citoyens et l’ont fait approuver par les Parlements nationaux et eux seuls en 2009. Mais pour donner le change aux citoyens et laisser croire à un traité au rabais, ils ont simplement évacué les références à un drapeau, une devise et un hymne européens. Ceux-ci n’ont donc plus d’existence officielle ! La couronne d’étoiles d’or sur fond bleu est réduite à la valeur d’un logo et c’est en tant que telle qu’elle illustre les documents des instances européennes. Sa présence au fronton des mairies, à côté et parfois au-dessus du drapeau tricolore, n’aurait plus lieu d’être.

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