Côte d’Ivoire-Sylvain Takoué, à Ouattara: «Les problèmes cruciaux du pays sont posés, où est votre magie du « Ado solutions »?»
La crise de l’école ivoirienne est un problème crucial du pays, qui est posé au gouvernement. Qu’en dit-il ? Depuis bientôt deux longs mois, ce problème névralgique est posé. Que fait-on pour soulager le pays de ce mal de société qui se répand ? La question reste posée au gouvernement, mais elle ne trouve vraiment pas de réponse satisfaisante de sa part.
On préfère, du côté du pouvoir, regarder ailleurs, comme, par exemple, recevoir avec attention, et en audience présidentielle, des députés débauchés de leurs groupes parlementaires pour les convaincre à huis-clos de voter un homme impopulaire du bord présidentiel, qui vient de remplacer sur son tabouret l’ex-président de l’Assemblée nationale. Et, au lieu de se saisir pleinement du problème de notre école ivoirienne pour le résoudre, tant convenablement que durablement, on préfère jouer la carte de la répression injuste, des arrestations en cascade, de l’intimidation infondée, des ponctions salariales dictatoriales, du gel des comptes bancaires des enseignants, des radiations arbitraires, etc.
Mais, le fait est que le pays est continuellement en ébullition sociopolitique, car le mal de société gangrène tout. On le sait, on le voit, on n’a pas besoin d’en faire un dessin. Et que continue-t-on de faire, toujours du côté du pouvoir, pour régler pacifiquement les choses ? Vraiment rien de clair, ni de sérieux, et encore moins de convainquant. Et quand cette crise socio-éducative touche à des préoccupations nationales, tout ce que le pouvoir trouve à dire, est que c’est une crise « à relent fortement politique », sans chercher à ne comprendre rien d’autre, ni plus ni moins. Est-ce que c’est de cette façon qu’un pays est gouverné de façon irréprochable ?
Où est donc passé la magie du « Ado solutions », pour laquelle le pouvoir d’Etat a été conquis, de gré ou de force, par le régime en place ? Est-ce la sourde oreille ? Est-ce la fuite en avant ? Est-ce la répression ? Est-ce l’intimidation ? Sont-ce les ponctions salariales ? Sont-ce les arrestations ? Gouverne-ton sur de simples émotions un pays en crise ? Non, quand on ne peut plus rien résoudre de concret, si on est parvenu à ses limites, si on admet son impuissance et son incapacité politique notoire, il vaut mieux tout avouer au peuple et rendre le tablier du pouvoir d’Etat.
Or, là est bien le problème : s’avouer vaincu, en tant que régime politique devenu impopulaire et manquant vraiment de solutions idoines aux problèmes vitaux du pays, et rêver, dans le même temps, de rester encore boulonné au pouvoir. Démissionner n’est-il pas préférable à la honte ?
La question est grave et se pose avec beaucoup de réalisme : quand on gouverne un pays que l’on veut émergent, préfère-t-on sacrifier l’Education nationale, gisement où sont formées, aux humanités, les intelligences du futur, sur l’autel ou le bûcher des ambitions d’un régime politique qui veut s’éterniser par le moyen de la déshumanisation scolaire et de l’endoctrinement politique ?
Autrement dit, quel avenir réel, radieux, revivifiant réserve-t-on au pays de l’ »émergence », quand les cadres et hauts cadres de demain, aujourd’hui des écoliers, élèves et étudiants sans repères ni humanités, sont livrés à un système éducatif médiocre qui forme au rabais sous un régime politique qui, lui, fanfaronne et ne met pas les pendules de l’éducation nationale normale à l’heure ?
Les cachots et prisons sont-ils préférables aux classes et amphithéâtres ? Le bâton qui frappe est-il préférable au livre qui instruit ? La répression qui terrorise l’esprit est-elle préférable au savoir qui construit la conscience ?
Que le régime politique en place, pour ne pas dire le ministère Kandia lui-même, dicte à écrire le simple mot même de « banc » ou d’ »amphithéâtre » à un élève d’aujourd’hui, et il verra si cet élève saura les écrire correctement, de mémoire. Les exemples de ce type sont légions, où la médiocrité scolaire des écoliers et élèves de notre pays, déjà émergent ( ?) à l’horizon 2020 (c’est dans un peu moins de 20 mois, on attend de voir), l’emporte sur les valeurs de l’instruction et fait loi dans l’école ivoirienne. Mais quand on a entendu dire, dans le pays, qu’un haut cadre du régime aurait publiquement parlé d’ »arrestation des notes », au lieu d’ »arrêt des notes », on comprend vraiment que le danger de la médiocrité soit une denrée bien consommée, au sommet comme à la base de notre pauvre société. Car, on s’en interroge, partout : où va-t-on, au juste, quand on nous dit d’y aller seulement ?
Ne nous voilons donc pas la face, et disons-le, tout net : le pays regarde ses valeurs humaines, morales et éducatives s’effondrer et tomber en lambeaux. C’est de cela qu’il s’agit, et c’est décevant, tant que rien n’est corrigé. La solution, à ce phénomène corrosif de déconstruction des consciences, est attendue du pouvoir actuel, puisqu’il s’était tant vanté d’être un véritable réservoir à solutions aux problèmes multiformes de la Côte d’Ivoire et du peuple ivoirien. C’est tout.
Mais alors, où est donc passé cette magie des « solutions ADO » ? Où est passée cette puissance politique du « Brave Tchè » qui, de son bâton de prestidigitateur, n’avait qu’à frapper dans le vide pour créer du miracle tout construit, en beau et nouveau, aux yeux des masses d’abrutis ébahis que l’on voudrait que nous soyons, tous, dans ce pays ?
Quand ce sont des soldats et mutins mécontents qui, par saute d’humeur et pour réclamer leurs dus financiers au pouvoir, font crépiter en l’air des rafales de kalachnikovs, ils sont mieux écoutés que les enseignants qui n’ont que la craie en main pour instruire, et faire grandir par le savoir, la pépinière de la nation.
Nous voulons que les classes et amphis soient rouverts, que les enfants aillent de nouveau à l’école normalement, et que les enseignants, satisfaits de la résolution de leurs problèmes existentiels, continuent à instruire nos enfants, la tête tranquille. Il revient au gouvernement de mettre les moyens de l’Etat à la disposition du bon fonctionnement du système éducatif, et non pas d’en faire un patrimoine à soi, pour que les choses aillent dans le sens de la normalisation nationale. Il appartient au gouvernement pléthorique et budgétivore, que nous voyons, de dépérir financièrement au profit d’une éducation nationale qui mérite qu’on lui garantisse toutes les grâces et chances de réforme, de survie et de suivi. A moins qu’on ne veuille que l’actuel mauvais système éducatif ne produise que des sous-citoyens que les supers-enfants de nos gouvernants, excellemment formés, eux, à l’étranger dans les meilleures écoles et universités, reviendront gouverner, demain, comme leurs géniteurs le font lapidairement aujourd’hui avec nous. Est-ce acceptable ? Nous répondons Non, avec ces millions de voix d’Ivoiriens, parents d’écoliers, d’élèves et d’étudiants concernés par ce scandale de trop.
Sylvain Takoué,
Président du
Rassemblement des Fiers Ivoiriens (R.F.I.),
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Rassemblement des Fiers Ivoiriens,
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