Côte d’Ivoire: Les vérités d’un cadre ivoirien sur la plateforme non-idéologique du président Bédié

Côte d’Ivoire: Les vérités d’un cadre ivoirien sur la plateforme non-idéologique du président Bédié

UNE PLATEFORME POLITIQUE NON IDEOLOGIQUE POUR LA RECONSTRUCTION DE NOTRE NATION

Le PDCI sous la houlette de son président Aimé Henri Konan BEDIE vient de proclamer son désapparentement d’avec le RHDP unifié. Il s’inscrit ainsi dans la posture de parti d’opposition. Les déclarations et les actions de terrain nous donnent de croire en sa volonté irréversible d’assumer cette ligne, en toute contrariété de la réprobation de nombre de ses cadres des plus caciques qui tentent coûte que coûte de bloquer la nouvelle trajectoire du parti pour justifier leurs hauts faits de trahison.
Il faut bien convenir que son nouveau statut le libère du devoir de réserve. Il lui confère au demeurant le droit, sinon le devoir de pointer à la face des tenants du pouvoir et de l’opinion nationale, les problèmes de gouvernance observés, sans que cela n’éveille la levée de bois vert impudique à laquelle nous assistons dès lors que des démentis formellement justifiés ne leurs sont pas opposés ; N’en déplaise au Professeur Augustin DIBY KOUADIO qui, vêtu de sa toge d’universitaire pour adopter le style émouvant du chantre de la morale et de la critique pourtant stériles avec des réflexions vides de science, déblatère sur la sortie de BEDIE à propos de problèmes réels de clandestinité dans l’orpaillage, susceptibles de mettre en mal notre sécurité nationale.
Que Monsieur le Professeur se souvienne que dans un autre contexte, le Président HOUPHOUET a écrit : « On nous a trop volé ». Le mot volé me semble bien plus écorchant que celui d’étranger. Il n’en demeure pas moins que notre pays, sous la gouvernance du Président HOUPHOUET a entretenu les relations des plus cordiales politiquement avec la France du ressort de nos geôliers de l’époque. Comme quoi, la dignité d’un peuple se nourrit de sa capacité à faire respecter ses droits primaires que sont l’intégrité territoriale et l’organisation juste et équitable dans l’exploitation de ses ressources.
En tout état de cause, pour conférer de l’attrait à sa posture d’opposant et lui donner la forme indispensable à sa bonne propagande, le PDCI par la voix de son président propose aux ivoiriens la mise en place d’une plateforme politique non idéologique à l’échelle nationale. Des réactions variées semblent accréditer et soutenir le projet.
Nous voulons voir au travers de cet engouement, la manifestation de la prise de conscience de nos turpitudes antérieures en terme de gestion chaotique de nos différences idéologiques et culturelles ; toutes choses qui ont coûté à notre nation sa cohésion sociale à travers une crise sans précédent qu’il convient en préalable, d’analyser avec beaucoup de lucidité.
En d’autres termes, la nouvelle plateforme ne doit pas viser que le seul et simple objectif, quoique légitime, de la conquête du pouvoir d’Etat. Elle doit se soucier prioritairement de la (re)construction de notre nation terriblement éprouvée par nos amalgames débiles, à courte vue. Cela requière qu’elle s’inscrive dans la logique de « Vérités-Pardon-Réconciliation durable » entre les différents membres de la nouvelle plateforme. Dans cette optique, il convient de revisiter avec courage et sérénité notre histoire commune et récente, au travers des faits majeurs qui ont émaillé notre cohabitation nationale.
-L’école ivoirienne a connu en 1990 sa première année blanche sous le dictat féroce de la FESCI (Fédération Estudiantine et Scolaire de Côte d’Ivoire), soutenue et contrôlée par des politiques aux seules fins de favoriser l’avènement du multipartisme. Il s’en est suivi la descente aux enfers de notre système scolaire et universitaire naguère véritable modèle d’éducation et de formation de la jeunesse dans toute l’Afrique subsaharienne. Il est affligeant de voir que la rentrée universitaire 2018-2019 pour certaines UFR se tient au mois de avril, mai, voire juin 2019. C’est le premier fait remarquable de notre faillite collective. Les pouvoirs successifs d’après Coup d’Etat de 1999 ne sont jamais parvenus à trouver le remède approprié au mal.
-La compréhension diversement exprimée du concept de l’ « ivoirité » a servi de terreau au boycott actif de 1995 dont l’aboutissement a été le Coup d’Etat de 1999. Ce « beau » cadeau de Noël fait aux ivoiriens a cependant mis un terme brutal à la conduite du projet futuriste des 12 chantiers de l’Eléphant d’Afrique qui avait tant fait rêver l’ivoirien en terme d’émergence de notre pays dans le concert des grandes nations du monde.
Il est patent qu’un coup d’Etat, nonobstant les bonnes raisons qui peuvent le sous-tendre engendre toujours du désordre et des rancœurs qui impactent durablement la stabilité du pays qui le subi ; d’autant que les acteurs sont toujours animés de mobiles divers et souvent contradictoires. Le souci de redressement au sens éthique du terme n’étant pas toujours la chose la mieux partagée, l’ouverture ainsi, de la boite de pandore crée des émules qui suscitent les putschs à répétition.
-La tentative de coup d’Etat de 2002 qui a fait suite aux élections de 2000 jugées à raison, de calamiteuses a ôté la vie à des acteurs politiques majeurs dont le Président GUEÏ et le Ministre BOGA DOUDOU. La rébellion qui s’en est suivi a plongé le pays dans une hibernation socio-économique tout azimut.
-Les résultats controversés des élections de 2010 avec l’implication de la communauté internationale jugée à tort ou à raison d’intempestive a cristallisé les rancœurs pour asseoir de fait, l’esprit de méfiance entre le sud et le nord de notre pays. En conséquence de quoi le peuple a perdu son sens élevé de l’humour qui a constitué naguère, la marque distinctive de notre nation.
-La gestion non maitrisée, au demeurant anarchique de notre patrimoine foncier, forestier ainsi que des richesses naturelles de notre sous-sol attire les peuples du voisinage et d’ailleurs. Ceux-ci, de façon cynique, jouent d’intérêts égoïstes et méchants pour exacerber nos clivages socio-politiques internes.
Syndrome de l’ethnisme oblige, le pouvoir actuel a volontairement échoué à conduire la réconciliation nationale du fait de la mise en œuvre sans discernement de son concept de « Rattrapage Ethnique » adoubé par la gestion clanique du pouvoir d’Etat, même si à un moment donné, la plateforme RHDP sous le directoire du Président BEDIE a étouffé quelque peu les velléités fatalement mal contenues de cette propension à visée sectaire.
Une plateforme politique, nationale et non idéologique peut être une chance à la reconstruction de notre nation, pourvu qu’elle soit d’abord inclusive avec une forte implication de la société civile non inféodée.
Les cadres de la société civile pouvant siéger à cette plateforme doivent en effet être choisis avec l’aide de la chefferie traditionnelle de nos régions en raison de leur probité intellectuelle et morale avérée ainsi que de leur manque d’intérêt reconnu pour l’activité politique tant au plan régional que national. Il ne serait pas superflu d’y intégrer des cadres de communautés étrangères vivant sur le sol de notre pays et justifiant des même vertus.
Les travaux de cette plateforme doivent s’attacher dans le cadre d’un plan d’action consensuel, à élucider les causes des maux ci-dessus énumérés et non exhaustifs. Ces causes devront être soigneusement identifiées et documentées. De façon subséquente, les responsabilités établies doivent être humblement acceptées par tous les acteurs politiques de la plateforme. Enfin, il doit s’en suivre la rédaction et la validation d’un code de conduite politique accepté de tous et régulièrement soumis à droit d’alerte publique d’un observatoire des discours et faits politiques dans notre pays.
Voici de notre point de vue et de façon concise, l’exigence fondamentale pour la bonne reconstruction de notre nation fortement éprouvée par l’action politique de la fin des années 80 à nos jours.
Jean de Klêm

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