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CÔTE D’IVOIRE : La réconciliation à l’épreuve des intérêts politiques

S’il y a un dossier dont le traitement a été escamoté par l’administration Ouattara durant ces dix dernières années, c’est bien celui de la réconciliation nationale. Alors que l’opinion publique nationale s’attendait à voir un président résolu à recoller les morceaux du tissu social déchiré par la crise postélectorale 2010-2011 qui a fait officiellement 3000 morts, réconcilier les Ivoiriens n’a véritablement pas été inscrit au nombre des priorités d’Alassane Ouattara.

Avec la mise en place de la Commission dialogue, vérité et réconciliation (CDVR) dirigée par le premier ministre Charles Konan Banny, et la création de la Commission nationale de réconciliation et d’indemnisation des victimes (CONARIV), pilotée par Monseigneur Paul-Siméon Ahouanan Djro, on aura remarqué que la réconciliation est restée au niveau institutionnel. Les deux structures sus citées n’ont pas réussi à recréer la confiance entre les Ivoiriens et les amener à « apprendre à se pardonner pour avancer », selon le mot de l’archevêque métropolitain de Bouaké, prononcé à sa prise de fonction.

Depuis l’annonce d’Alassane Ouattara de briguer un 3e mandat d’affilée au grand dam de l’opposition pour qui il s’agissait d’un acte anticonstitutionnel, les conflits violents et meurtriers qui ont éclaté à Abidjan et à l’intérieur du pays ont montré à quel point la fracture sociale était profonde. Des affrontements intercommunautaires qui ont révélé qu’on n’a pas fait grand-chose du côté des gouvernants la réconciliation nationale.

La longue période de négociations qui se profile à l’horizon entre Alassane Ouattara et ses opposants sonnera le glas du processus de réconciliation en Côte d’Ivoire ou, espérons-le, lui garantira des jours meilleurs. Encore faut-il que ce dossier qui revient sur le devant de la scène politique, avec les horreurs qu’ont vécu les Ivoiriens ces dernières semaines, ne soit pas occulté par les intérêts des acteurs politiques, bien souvent enclins à suer eaux et sang pour leurs intérêts au détriment de ceux des populations.

 Serge YAVO

 

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