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Côte d’Ivoire-Devoir de mémoire: Voici les vraies traces de Félix Houphouët-Boigny, en 20 dates…

Côte d’Ivoire-Devoir de mémoire: Voici les vraies traces de Félix Houphouët-Boigny, en 20 dates…

De sa naissance en 1905 à son décès en 1993, le père de la nation ivoirienne a profondément marqué l’histoire de son pays et de son continent, et laissé une forte empreinte dans les relations internationales. Retour, sans prétentions, sur quelques dates-clés d’un parcours politique exceptionnel d’un demi-siècle.

18 octobre 1905, naissance à Yamoussoukro
Félix Houphouët naît, officiellement, le 18 octobre 1905 à Yamoussoukro.
Il reçoit comme prénom baoulé, Djaha (souvent contracté en Dia ) en hommage de reconnaissance à la divinité qui permet sa naissance et dont il serait une hypostase. Après sa conversion au christianisme en 1916, il prend le prénom chrétien de Félix. En 1946, il ajoute à son nom celui de son trisaïeul Boigny. Il s’en est expliqué dans le journal Clarté de Dakar (n°75 du 4 janvier 1946).
Selon sa biographie faite par le professeur Jean-Noël Loucou (www.fondation-fhb.com), « l’enfant révèle très vite quelques traits du futur homme. Il est plutôt entêté, n’hésitant pas à enfreindre le protocole pour jouer avec les enfants du village, ou les interdits alimentaires censés protéger la puissance mystique qu’il aurait reçue à sa naissance. Impérieux et fier comme son père, il est aussi sensible et généreux que sa mère ».

21 novembre 1925, « médecin auxiliaire »
Revenu de l’école de médecine de Dakar le 21 novembre 1925 avec le diplôme de « médecin auxiliaire », titre officiel des médecins africains en AOF (Afrique occidentale française), Félix Houphouët, exercera pendant trois lustres sa profession.
Privilège de major de promotion sans doute, il est affecté dans son propre pays – la pratique étant de faire servir les fonctionnaires à n’importe quel endroit de l’Afrique noire française. Il débute sa carrière de médecin à Abidjan, puis à Guiglo où il est muté. Après Abengourou et Dimbokro, sa carrière s’achèvera à Toumodi, en 1939, sur sa propre initiative.

22 décembre 1932. « On nous a trop volés »
Houphouët publie, sous un pseudonyme dans le journal Le Trait d’union du 22 décembre 1932, un article au titre vengeur : « on nous a trop volés ». On peut y lire ces lignes:
« Nous nous sommes créés d’importantes plantations dont les produits doivent assurer notre bien-être. Pour justifier leurs spéculations, certaines personnes affirment cyniquement que nous avons peu de besoins à satisfaire. Si les conditions dans lesquelles nous vivions il y a vingt ans sont jugées satisfaisantes, la France n’aura pas de raison d’être dans cette colonie. Or si nous avons la paix, nous n’avons pas encore le bien-être.
Nous avons des maisons à construire pour remplacer les taudis, nos femmes et nos enfants à habiller, à nourrir d’un aliment de plus en plus riche, nos enfants à élever.
Nous n’avons d’autres ressources que le produit de nos plantations(…) Diminuer nos pouvoirs d’achat c’est porter également un grave préjudice au commerce. Or depuis dix ans, une bonne partie de nos revenus est détournée par les agents malhonnêtes qui fraternisent avec les traitants dont la plupart, vieux employés licenciés n’ont pour tout capital que l’amitié, la complaisance de leurs anciens camarades».

8 juin 1939. Chef de canton des Akouês
La disparition du frère cadet, Augustin Houphouët, laisse vacante la chefferie de canton des Akoués. Par décision du gouverneur de l’Aof, Mondon, Houphouët, qui l’avait sollicité devient le chef du canton des Akouês

10 juin 1944. Fondation du syndicat agricole africain
Planteur depuis 1925, date de création de sa plantation de caféiers dénommée Guiglo, Houphouët est très sensible, notamment depuis son passage à Abengourou, aux préoccupations des planteurs. Il est élu sans encombre président du syndicat agricole africain par les planteurs en vue de l’époque. Dans la biographie faite par J.N. Loucou, Joseph Anoma livre le témoignage suivant :
« Nous avions tous les mêmes problèmes face aux planteurs blancs. Aussi, quand le Président Houphouët nous envoya à tous des messages, en particulier, par Georges Kassi pour une réunion à Abidjan, nous répondîmes tous à son appel. Et le 10 juillet 1944, nous nous retrouvâmes à Abidjan, à « l’Etoile du Sud » chez Georges Kassi. Comme je l’ai déjà dit, nous étions une poignée d’amis et nous nous connaissions tous. Et, c’est debout que nous écouterons l’exposé succinct du Président Houphouët et de Georges Kassi et que nous prendrons en quelques heures, les dispositions les plus urgentes de la création du Syndicat agricole africain.

4 novembre 1945 : Député à l’Assemblée constituante française
Elu député à la première Assemblée constituante française au deuxième tour du scrutin, malgré la violente opposition de l’administration coloniale, il sera constamment le représentant de la Côte d’Ivoire au parlement français jusqu’en 1959.

1er mars 1946. Proposition de loi pour l’abolition du travail forcé
Sa première action parlementaire en arrivant au palais Bourbon, où il ne trouve des appuis qu’auprès du groupe communiste de l’Assemblée est d’obtenir l’abolition du travail forcé. Elle est devenue historique sous le nom de «loi Houphouët- Boigny».

9 avril 1946 : création du PDCI (Parti démocratique de Côte d’Ivoire) par 34 personnes, pour la plupart syndicalistes paysans, dans un bar de Treichville à Abidjan, l’Etoile du Sud.
La même année, au congrès constitutif du Rassemblement démocratique africain (RDA) à Bamako, Houphouët, est élu président de ce mouvement panafricain.
Après octobre 1946, le PDCI devient la section ivoirienne du Rda et prend l’appellation PDCI-RDA.

1er février 1956. 1er élu africain dans un gouvernement français à un poste important
Félix Houphouët-Boigny est nommé ministre délégué à la Présidence du Conseil dans le gouvernement de Guy Mollet. Pour la première fois, un élu africain occupe dans un gouvernement un poste de tout premier plan. . le 12 juin 1957, il est nommé ministre d’Etat. Il est fait ensuite ministre de la santé publique et de la population, puis ministre d’Etat du 14 mai 1958 au 8 janvier 1959.

1959 : Premier ministre du gouvernement ivoirien
Après le oui de la Côte d’Ivoire au référendum de 1958 conférant le statut de « républiques » aux territoires de l’Aof, Houphouët-Boigny quitte son poste de ministre du gouvernement français et est nommé Premier ministre ivoirien.

7 août 1960. Proclamation de l’indépendance de la Côte d’Ivoire
Félix Houphouët-Boigny, 54 ans, alors Premier ministre, proclame l’indépendance de la Côte d’Ivoire, jusqu’ici membre de la Communauté franco-africaine créée par le général de Gaulle en 1958.
3 novembre 1960 : Promulgation de la constitution ivoirienne
La constitution promulguée, établit un régime de type présidentiel.

27 novembre 1960. Houphouët est élu Président de la République
Houphouët-Boigny est élu à la quasi-unanimité, premier Président de la République ivoirienne. Il sera par la suite constamment réélu.
Janvier et août 1963. Complots et châtiments
Des mesures d’emprisonnement sont prises contre des « comploteurs », à la suite de deux présumés complots contre le pouvoir. La prison spéciale d’Assabou, créée à Yamoussoukro, accueille les fautifs. Elle sera détruite en 1969.
Début janvier 1963, l’Assemblée vote une loi portant création d’une cour de sûreté de l’Etat.
Trois ministres sont relevés de leurs fonctions, et iront rejoindre, quelques jours plus tard, la prison d’Assabou.
9 avril 1963 : 89 inculpés sont jugés par la cour de sûreté de l’Etat qui prononce cinq condamnations à mort (peines qui ne seront pas exécutées). On parle alors des « faux complots » d’Houphouët-Boigny.

1970 : les événements du Guébié
Kragbé Gnagbé, originaire du canton de Guébié, lance des tracts annonçant la création d’un nouvel Etat, l’Etat d’Eburnie, dont il serait le chancelier.
Pour l’Etat ivoirien, il s’agit d’une tentative de sécession. Celle-ci sera réprimée, et Kragbé Gnagbé, neutralisé.
La restauration de l’autorité de l’Etat dans le canton Guébié reste un épisode controversé de l’histoire de la Côte d’Ivoire.
4 novembre 1970 : Houphouët-Boigny préconise le dialogue avec l’Afrique du sud raciste
Il est, en effet, le premier chef d’Etat africain à prôner le dialogue avec l’Afrique du Sud alors en plein régime d’apartheid.
Cette politique de rapprochement, mal vue ailleurs sur le continent, aboutira à une rencontre historique, le 21 septembre 1974 à Yamoussoukro, entre le Premier ministre sud-africain d’alors, John Vorster, et le président ivoirien.
1er octobre 1980 : suppression du poste de secrétaire général du PDCI
Ce poste était détenu depuis 15 ans par Philippe Yacé, longtemps considéré comme «dauphin» d’Houphouët-Boigny qui assume désormais la présidence du parti.
21 mars 1983 : Yamoussoukro, capitale de la Côte d’Ivoire
Par une loi votée par le parlement ivoirien, le village natal d’Houphouët-Boigny, devient la capitale du pays.

Juillet 1987 : Houphouët décide un embargo sur les exportations de cacao
Après avoir annoncé, en mai, à ses créanciers la cessation du paiement de sa dette, la Côte d’ivoire, sous la conduite du Président Houphouët, prend des mesures énergiques pour protester contre l’effondrement des cours du cacao sur les marchés internationaux. En juillet, le premier producteur mondial, décide un embargo sur les exportations qui durera 18 mois.

Le 3 juillet 1989, pressé par le FMI, le gouvernement se résigne à baisser le prix du cacao à la production. En octobre, il met en place un programme de réformes, en contrepartie duquel il obtient 4 milliards de dollars.

De février à mai 1990 : la Côte d’Ivoire est le théâtre de manifestations estudiantines et de troubles sociaux.
3 mai 1990. Restauration du multipartisme
Après trente années de monopartisme, Houphouët-Boigny accepte l’instauration du multipartisme. Neuf partis d’opposition sont légalisés le 31.
28 octobre 1990. 1ère élection présidentielle pluraliste, Houphouët largement réélu face à Laurent Gbagbo.
Le 28 octobre, le Président Houphouët-Boigny, qui est pour la première fois confronté à un adversaire lors d’une élection présidentielle, obtient son septième mandat avec 81,68 % des suffrages. Le candidat de l’opposition, Laurent Gbagbo, chef du Front populaire ivoirien (Fpi) recueille 18,32 p. 100 des voix. Le taux d’abstention est de 30,84 p. 100.
Le 25 novembre, les premières élections législatives depuis l’instauration du multipartisme donnent la majorité au Parti démocratique de Côte d’Ivoire (P.D.C.I., ancien parti unique), avec 163 sièges sur 175. Le F.P.I. obtient 9 sièges et le Parti ivoirien des travailleurs (P.I.T.), 1. Les 2 autres sièges reviennent à des candidats indépendants.
10 septembre 1990 : consécration de la Basilique de Yamoussoukro le pape Jean Paul II, lors de sa troisième visite dans le pays, consacre la Basilique de Yamoussoukro
6 novembre 1990 : modification constitutionnelle. Le président de l’Assemblée nationale (à ce moment, Henri Konan Bédié) terminera le mandat du chef de l’état en cas de décès, démission ou empêchement absolu.
7 novembre 1990 : Alassane Ouattara est nommé Premier ministre, poste nouvellement créé.

7 décembre 1993 : décès d’Houphouët-Boigny, après 33 ans de règne.
19 novembre 1993 : malade, après avoir été hospitalisé à Paris et séjourné à Genève, Houphouët-Boigny regagne la Côte d’Ivoire après 189 jours d’absence du pays.
7 février 1994. Obsèques nationales à Yamoussoukro, avec la présence de nombreux dirigeants internationaux.
Une synthèse de Valentin Mbougueng
Source : Fraternité Matin, n°spécial Félix Houphouët-Boigny, le bâtisseur, décembre 2013

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