En Côte d’Ivoire, tout laisse croire que les opposants au président Alassane Ouattara sont épuisés. Bédié, Gbagbo, Soro, Affi et autres, parlent et bougent à la cadence politique que leur impose le Chef de l’Etat en fonction, Alassane Ouattara.    

 « L’opposition en Côte d’Ivoire n’existe que de nom ». C’est le triste constat fait par la présidente de l’URD dans une déclaration en date du 4 novembre 2021. Danièle Boni-Claverie ne croyait pas si bien dire. En tous cas, la vie politique ivoirienne évolue au rythme du président Alassane Ouattara. C’est lui qui en est le maestro.

Le silence troublant de Bédié

A quand remonte la dernière pique politique du président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI)  au régime RHDP ? Il faudra consulter les archives pour répondre  à cette question. L’opposant aurait-il décidé de ne plus s’opposer ? Ou alors Henri Konan Bédié a-t-il opté pour le passage du témoin au sein de son parti. Le Président Bédié ne semble plus croire en ses chances de revenir au pouvoir. Il est certain que le Chef de l’Etat en exercice, son ex-allié Alassane Ouattara, ne lui donnera pas une telle opportunité. Pour Bédié, l’actuel chef de l’Etat fera voter une loi en faveur de la limitation d’âge à la présidentielle de 2025. Mais bien avant, le président Ouattara a pris soin de vider le PDCI de son contenu. En effet, au motif de la création du RHDP, plusieurs collaborateurs du président du PDCI ont migré vers le parti d’Alassane Ouattara. Des fidèles à Bédié ont perdu leurs postes dans l’administration,  étant obligé de rendre le tabouret. Certains, comme Akossi Benjo, sont affaiblis par plusieurs mois d’exil. D’autres, à l’image du secrétaire exécutif du parti, Maurice Kacou Guikahué, parlent désormais peu, au risque de retourner en prison. Au cours de l’élection présidentielle de 2020, le siège du PDCI avait été  pris en otage pendant des jours par les forces de l’ordre. La résidence du président Bédié avait connu le même sort. Autant de pressions et de violences qui ont tué l’ardeur des militants. Le PDCI et son président semblent avoir décidé de mettre balle à terre et d’observer Ouattara tout seul sur la scène politique.

  Gbagbo, la grosse déception

Apres avoir longtemps réclamé son passeport,  le président Laurent Gbagbo a fini par l’obtenir et a regagné son pays le 17 septembre 2021. Un retour qui avait suscité un grand espoir chez ses partisans. Trois mois plus tard, l’espoir a fait place à la désillusion. Ils sont nombreux ceux qui ne reconnaissent plus leur ‘’Woody’’. On reproche à Gbagbo, entre autres, d’avoir ‘’fait allégeance’’ à Ouattara. Certains évoquent la visite de Gbagbo au Palais présidentiel d’Abidjan en octobre 2021, un lieu où Bédié a toujours refusé de se rendre en contestation à la réélection d’Alassane Ouattara en 2020. Pour maintenir la pression sur Gbagbo, Ouattara continue de faire planer sur lui la menace judiciaire relative à sa condamnation en Côte d’Ivoire. En effet, l’ex-président de la République a été condamné à 20 ans par la justice ivoirienne pour le casse de la Bceao. Jusque-là, le Président de la République n’a pas pris une loi d’amnistie pour rassurer Gbagbo. A ce jeu, Ouattara maintient captif Gbagbo et ne manque pas de lui rappeler qu’il reste sous le coup d’une décision de justice. Dès cet instant, le fondateur du PPA-CI voit sa marge de manœuvre réduite. A part quelques interviews sur des chaines étrangères, pas de critiques sur la gestion du régime Ouattara. Même  le Parti des peuples africains-Côte d’Ivoire (PPA-CI) reste muet sur l’actualité en Côte d’Ivoire. En somme, tout le monde reste sage au grand bonheur du pouvoir en place.

Soro mis à l’écart

Condamné à la prison à perpétuité, Soro Guillaume est en exil où un mandat d’arrêt lui a été adressé. Plusieurs de ses proches croupissent dans les geôles en Côte d’Ivoire. Son parti politique Gps a même été dissout. Pour tout dire, Alassane Ouattara tente d’effacer les traces de son ex président de l’Assemblée nationale. Il semble l’avoir réussi puisque Soro Guillaume s’exprime de moins en moins sur l’actualité ivoirienne. Ses partisans rasent désormais les murs et ceux qui sortent de prison n’hésitent pas à rejoindre le RHDP en guise de remerciement à Ouattara. En tous cas, le GPS s’est vidé de ses cadres. Meité Sindou, Soro Kanigui, Alphonse Soro, Alain Lobognon pour ne citer que ceux- là ne jurent que par Alassane Ouattara.

On peut le dire sans se tromper, Alassane Ouattara semble avoir neutralisé ses opposants, lui qui a demandé à son Premier ministre, Patrick Achi, de rouvrir le dialogue avec les partis politiques, des pourparlers qui sont à l’avantage du parti au pouvoir le RHDP, face à une opposition plus jamais émiettée.

 P.O.Yves