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BIÉLORUSSIE : Alexandre Loukachenko remporte la présidentielle, Svetlana Tikhanovskaïa conteste les résultats

L’agence d’État biélorusse a confirmé, ce lundi 10 août 2020, la victoire annoncée dimanche soir d’Alexandre Loukachenko à l’élection présidentielle. Avec plus de 80 % des voix dès le premier tour, Loukachenko remporte donc la présidentielle. L’opposante Svetlana Tikhanovskaïa, créditée elle de 9,9 % des voix, conteste les résultats et demande au président sortant de « céder le pouvoir ».  De nouvelles manifestations de l’opposition sont attendues en fin de journée. Ce sont des « moutons » téléguidés par l’étranger, déclare le président sortant.

Le président biélorusse, au pouvoir depuis 1994, est largement réélu, selon ces chiffres encore préliminaires, mais officiels, donnés par la Commission centrale électorale: 80,2 % pour Alexandre Loukachenko, 9,9 % pour son adversaire Svetlana Tikhanovskaïa, rapporte notre envoyé spécial à Minsk, Daniel Vallot.

Un résultat salué par Moscou. Vladimir Poutine a envoyé un « télégramme de félicitations » à son homologue selon le Kremlin, ajoutant  « je compte sur le fait que votre action à la tête de l’Etat va permettre le développement futur de relations russo-bélarusses mutuellement avantageuses ». Réaction rapide aussi du côté de Varsovie qui appelle en revanche à un sommet extraordinaire de l’Union européenne sur la situation en Biélorussie où « les autorités ont fait usage de la force contre leurs citoyens réclamant un changement dans le pays ». « Nous devons soutenir le peuple bélarusse dans sa quête de liberté », a déclaré dans un communiqué le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki. L’Allemagne, quant à elle, a exprimé de « sérieux doutes » sur le vote.

Svetlana Tikhanovskaïa demande à Alexandre Loukachenko de « céder le pouvoir »

Alexander Loukachenko le président réélu n’est pas apparu en public depuis hier matin. mais il a déclaré qu’il ne laisserait pas le pays « être mis en pièces », tout en qualifiant les manifestants de « moutons » téléguidés par l’étranger. 

De son côté, sa principale rivale a contesté ce lundi le résultat du scrutin. Svetlana Tikhanovskaïa demande à Alexandre Loukachenko de « céder le pouvoir ». Selon des observateurs sur place, le résultat des quelque bureaux de vote ayant donné les résultats de manière indépendante consacrerait une très large avance de l’opposition dans la capitale Minsk. En province, dans les campagnes bastions du chef de l’État les deux candidats seraient arrivés au coude à coude. Des chiffres parcellaires.

Mais l’annonce dès hier soir de la large victoire du président sortant a provoqué la colère de l’opposition qui est descendue manifester dimanche. Des manifestations qui ont fait, selon l’ONG de défense des droits de l’homme Viasna, plusieurs blessés et au moins un mort ; un manifestant percuté par un fourgon de police. Il y a également un très grand nombre d’arrestations (au moins une centaine de personnes détenues).

Des résultats qui ne reflètent absolument pas la réalité aux yeux de l’opposition biélorusse, qui s’attendait à des fraudes massives durant le décompte des voix. Il est vrai qu’il est difficile de croire à ces chiffres inférieurs à 10 % pour l’opposition, étant donné l’immense engouement suscité au cours des dernières semaines par la campagne de Svetlana Tikhanovskaïa dans le pays.

L’opposition, qui ne croit pas à ces résultats, avait mis en place d’ailleurs un système de comptage parallèle, demandant à ses électeurs de prendre en photo leurs bulletins au moment du vote, mais cette stratégie n’a pu fonctionner correctement, en raison de la coupure d’Internet et des réseaux mobiles, toute la journée d’hier.

Malgré tout, Svetlana Tikhanovskaïa se veut optimiste. Nous avons déjà gagné, a-t-elle déclaré ce dimanche, car nous avons vaincu notre peur.

La question à présent est de savoir si les partis de l’opposition vont maintenir la pression dans la rue. On peut s’attendre à de nouvelles manifestations dès le début de la soirée, ce lundi, dans un contexte sécuritaire toujours très tendu et avec un réseau Internet qui reste coupé encore ce matin, ce qui rend difficile toute coordination des actions au sein de l’opposition.

Flaure ABOLE avec RFI

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