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Côte d’Ivoire: La guerre des frères… Qui va tendre la main à qui ? Que l’enjeu ne soit pas un ‘’fils prodige’’ !

Côte d’Ivoire: La guerre des frères… Qui va tendre la main à qui ? Que l’enjeu ne soit pas un ‘’fils prodige’’ !

Joliment… posons-nous une petite question : Comment s’y prendre pour atténuer la jalousie inhérente à toute relation à la fois humaine et fraternelle ? Autrement, la jalousie que vous avez connue juste au moment où le père fondateur venait de partir est-elle devenue adulte? C’est à savoir si la guerre des deux frères aura lieu.
Comment éviter qu’un jour la jalousie ne s’installe chez nos enfants et chez les plus grands, les frères ; et ne perdure une fois qu’ils seront devenus adultes liés à la politique? Nous essaierons de vous fournir quelques clés pour que la saine émulation ne se transforme pas en implacable rivalité.
Comment…
Comment ne pas favoriser un enfant ? Comment éviter d’avoir un chouchou ? Comment faire pour que les enfants trouvent leur place sans que la relation fraternelle ne se transforme en guerre de la façon Abel et Caïn ou entre Pierre et Jean dans le roman de Maupassant…
Nos lecteurs -bien aimés- nous diront quelles sont les erreurs à éviter et nous vous donnerons quelques clés pour que les relations entre les frères d’hier soient les plus harmonieuses possibles.
A la mort du père, les frères furtifs n’ont cessé de se disputer son héritage qui ressemblait bien à un trône républicain. Un véritable conflit ouvert qui ébranle toute l’économie sociétale ivoirienne : « Il faut que cela cesse. Il s’agit d’une question d’intérêt national », se dira-t-on.
En un jour de décembre, le frère président de l’Assemblée nationale qui ne mâche pas ses mots livre un message funesque qui a fait couler les larmes à ma grand-mère.
Il faut dire que son parcours et sa réussite sont proprement spectaculaires. Son destin prend un tour nouveau le jour où il se rend compte que l’argent utilisé pour frapper les pièces locales a plus de valeur que les pièces elles-mêmes ! Il entreprend alors de fondre toutes les pièces sur lesquelles il peut mettre la main et de revendre l’argent à des changeurs. Ce trafic lui assure un profit de plusieurs millions voire milliards de franc Cfa dans le climat général de la dévaluation.
Deux caractères antagonistes
C’est en 1993 que la guerre a commencé à faire ses premiers pas. C’est aussi l’année où le monumental père fondateur, Félix Houphouët Boigny, s’en est allé à une date importante de l’histoire de notre patrie indépendante.
Cette année-là, c’est aussi au tour du deuxième fils du père, pondu d’on ne sait où, celui-là même qui est super diplômé de la gestion de la monnaie sonnante et trébuchante, de se sentir un destin de président de république. Dès lors, les deux frères qui n’ont guère de point commun engagent donc le duel à épée.
Une guérilla quotidienne
Lorsque le père Boigny meurt, en 1993, les actions du groupe d’opposition sont réparties, comme le veut la loi ivoirienne et les deux fils. Est-ce une mauvaise donne de dire qu’ils ne pouvaient pas, ni ne peuvent, travailler ensemble ?
D’emblée, l’un des fils refuse d’être soumis à l’autorité de son frère, réclamant la mise en place d’une coprésidence presque. Une solution que refuse évidemment son frère ; au point de lancer contre lui un mandat d’arrêt. Et ses partenaires savent bien l’aider…
Contrairement à ce qui a pu se passer dans d’autres groupes, le conflit entre les deux hommes ne porte pas que sur la stratégie. Il s’agit uniquement d’un conflit de pouvoir qui, au fil des années, dégénère au point de susciter l’agacement des plus hautes autorités de l’Etat. Cette bataille, qui durera jusqu’en 2010 – date à laquelle les deux frères se réconcilieront officiellement, allant jusqu’à se serrer la main en public – est faite d’une multitude d’escarmouches qui font la joie de certains éditorialistes bleus. Un jour, c’est le grand-frère qui retire au jeune la direction du groupe; un autre jour, c’est le petit frère qui annonce la création d’une nouvelle usine dans les activités d’énergie dont il a la charge, s’attirant une cinglante mise au point publique de son aîné; quelques années plus tard, c’est au tour des opposants de critiquer les méthodes de management du frère.
Cette guérilla quotidienne ou annuelle amuse le public et finit par consterner les éditorialistes. Mais elle a aussi des conséquences bien réelles sur la conduite du peuple.
Ne sachant plus très bien à quel saint se vouer, les grands cadres de la maison gèlent nombre de projets. A l’étranger, les péripéties de la querelle sont régulièrement suivies par les journaux « pkapkato ». Le cours de l’action lui-même cesse de progresser, pour la plus grande inquiétude des petits porteurs. Pendant un certain nombre d’années encore, industriels, financiers et hommes politiques cherchent à mettre les frères d’accord. En vain finalement faut-il se demander !

La guerre des frères ennemis : incompréhensions entre héritiers

Il y a un vieux proverbe qui sonne comme une métaphore de mon village qui dit qu’on ne peut jamais cacher le soleil de la main. La rivalité entre les frères est ancienne, comme en témoigne la version de la dramatique gouvernance par alternance à laquelle nous avons été tous témoins.
Aujourd’hui il y a des coïncidences bien programmées. Là où l’un est, l’autre ne s’y aventure pas. Ne demandez pas aux deux frères d’être à la fois et presqu’ensemble à la basilique de Yamoussoukro ; à des funérailles d’une autorité politique décédée ou à une ouverture de congrès. Suivez bien mon regard et il est récent ! N’écoutez pas les menaces envoyées à l’un et à l’autre et vice versa par personnes interposées. Ne répondons pas. Dites « Amen ! » pour confier le sort du pays à Dieu. Le constat est le suivant : ils savent s’aimer comme ils savent se haïr.
En attendant, la fin du mandat II de Ouattara, depuis son indépendance jusqu’à nos jours, de 1960 à aujourd’hui, d’Houphouët-Boigny que tous regrettent, à Ouattara, différents régimes se sont succédé au pouvoir ou au sommet de l’Etat ivoirien, mais se ressemblent tous. Comme ils finissent (toujours) presque tous par le même sort.
Souffrons que l’on vous rappelle que l’article 11 de la Constitution ivoirienne prévoyait clairement qu’en cas de vacance du pouvoir, le Président de l’Assemblée nationale assurait l’intérim du Président de la République jusqu’à la fin de son mandat. Quand Houphouët Boigny décédait le 7 décembre 1993, le président de l’Assemblée nationale s’appelait Henri Konan Bedié. Il était donc le dauphin constitutionnel à qui le père fondateur, Houphouët-Boigny, a légué un pouvoir suprême mais à la fois extrêmement « chaud », au regard des conditions sociopolitiques et économiques, et des personnes à qui ça intéressait ; d’où la guerre ! Mais le schéma était simple et se résumait ainsi :
Alassane Ouattara, joker et dauphin économique, était le Premier ministre du Président Houphouët. Le Général Robert Guéi était le chef des forces armées nationales et qui aurait manifesté une sorte d’hésitation et de ballottage entre Bédié et Ouattara. Bédié va résister puis réussir à consolider son pouvoir. Tout le monde n’a pas forcément applaudi puisque le Conseil national de salut public (Cnsp) va passer par là avec le général Robert Guéi.
Les membres du CNSP vont être salués et applaudis par une majorité d’Ivoiriens qui se plaignaient de la gestion de Bédié.
Celui qui n’hésitait pas à châtier ses détracteurs dans la presse pour garantir la liberté d’expression. C’était l’ère des grilleurs d’arachides avec de nombreux détournements de deniers publics. Visiblement, la déchéance de Bédié n’a pas ému les Ivoiriens.
Au finish, aujourd’hui le véritable enjeu est l’année 2020 et les présidentielles. Chacun pousse les pions en fonction de ses alliés et de l’adversaire en face. Les petits camps se forment et se déforment selon les objectifs.
« L’Eléphant » leur demandera une seule chose ; celle qui consiste à faire en sorte que l’on ne revive pas les péripéties de la fameuse crise postélectorale 2010-2011 et ses 3000 mots. Redites « Amen ! »

Antoine EDO

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