Les manifestations en faveur de la libération d’Alexeï Navalny, en Russie ce samedi, se sont soldées par l’arrestation d’au moins 2 500 personnes dont l’épouse de l’opposant Ioulia Navalnaïa, selon plusieurs organisations des droits de l’homme présentes sur les lieux. Les partisans de Navalny, arrêté récemment dès sa descente d’avion à l’aéroport de Moscou alors qu’il rentrait d’Allemagne où il a été soigné d’un empoisonnement présumé cet été et où il suivait une partie de sa convalescence, sont descendus, ce samedi, dans les rues pour mettre la pression sur les autorités et exiger sa libération.
C’est Ioulia Navalnaïa elle-même qui a annoncé son arrestation à travers un selfie pris dans le véhicule de police dans lequel elle avait été embarquée de force et posté sur sa page Instagram. « Excusez la mauvaise qualité (de la photo), la lumière est mauvaise dans le fourgon cellulaire », s’est-elle exprimée.
Des proches de l’opposant ont également fait les frais de la répression violente des policiers dont les descentes visaient visiblement à dissuader les manifestants de poursuivre leurs actions. Parmi eux figure une proche collaboratrice de Navalny, arrêtée alors qu’elle accordait une interview aux nombreux journalistes présents.
Selon l’AFP, les appels à manifester ont été diffusés dans une soixantaine de villes mais les plus gros rassemblements ont eu lieu à Moscou, la capitale russe et dans la deuxième ville du pays, Saint-Pétersbourg, avec dans chaque cas quelque 20 000 participants. A Moscou, les manifestations qui avaient pris d’assaut la place Pouchkine au centre-ville, ont été dispersés, plusieurs dizaines d’entre eux ayant été arrêtés.
Les autorités russes sont restées inflexibles à la demande de libération d’Alexeï Navalny exigée par les manifestants et la plupart des dirigeants occidentaux qui ont mis en avant la violation des droits de l’activiste anti-corruption. Les manifestations du samedi dernier ont été aussi l’occasion, pour les activistes, de dénoncer la corruption qui gangrène la Russie. En effet, les Russes ont été choqués par les images d’une villa cossue construite sur les bords de la mer noire, qui serait la propriété de Vladimir Poutine acquise à plus d’un milliard d’euros.
En marge des manifestations, le front diplomatique était aussi en ébullition. En effet, le ministère des affaires étrangères russe a fait savoir que l’ambassade des Etats-Unis à Moscou devrait fournir des explications sur la publication sur son site internet des « itinéraires » des manifestants qui sont descendus dans les rues ce samedi. « Les collègues américains vont devoir venir s’expliquer place Smolenskaïa (l’adresse du ministère russe) », écrit sur Facebook Maria Zakharova, la porte-parole de la diplomatie russe, dont la réaction faisait allusion au texte de la chancellerie américaine qui précise les villes les et rues où étaient prévus les rassemblements, histoire, selon elle, d’éviter à ses ressortissants d’être pris dans les manifestations au moment de faire leurs courses.
De son côté, l’ambassade américaine a condamné sur Twitter « la répression des droits » des Russes, lors des manifestations de ce samedi, sa porte-parole ayant dénoncé les centaines d’arrestations de manifestants enregistrées suites à la descente policière.
Placé en détention jusqu’au 15 février pour avoir violé, selon les autorités russes, des clauses de sa liberté conditionnelle, Alexeï Navalny, 44 ans, risque jusqu’à 3 ans d’emprisonnement ferme.
Serge YAVO avec AFP