La diaspora ivoirienne en colère/L’Udci à Alassane Ouattara : «Dans aucun Etat de droit, on ne change pas les règles du jeu à onze mois de la date d’un scrutin»
Déclaration de l’Union de la Diaspora pour la Côte d’Ivoire (UDCI) relative aux menaces de modification ou d’interprétation de la Constitution de la République de Côte d’Ivoire.
Dans sa parution du 24 novembre 2019, le journal panafricain ‘’Jeune Afrique’’ mettait en lumière les tractations qui ont lieu au palais d’Abidjan autour d’une réforme de la Constitution de la République de Côte d’Ivoire et les velléités du pouvoir RHDP de tripatouiller cette dernière à la veille des élections présidentielles de 2020.
Dans une déclaration à Katiola, le président Ouattara déclare désormais qu’il sera candidat si les présidents Bédié et Gbagbo le sont. Et d’affirmer que la constitution lui en donne le droit.
Fidèle à sa mission d’éveilleur de conscience face aux dérives du Pouvoir en Côte d’Ivoire, et pour ne pas jouer « le médecin après la mort », l’UDCI condamne avec la plus extrême vigueur les grandes manœuvres en cours à Abidjan en vue d’un tripatouillage de la Constitution. A coup de fausses rumeurs, de vraies fuites, de ballons d’essai distillés dans la presse, le régime ivoirien a, dans un premier temps, instrumentalisé la presse afin de préparer méthodiquement l’opinion à une révision constitutionnelle dont l’unique objectif est d’éliminer des adversaires de la course présidentielle.
Sous prétexte d’âge, il s’agit alors d’empêcher par tous les moyens des concurrents légitimes de se présenter à l’élection présidentielle. Cela s’appelle le fait du prince. De tels agissements sont indignes et discréditent leurs instigateurs. L’UDCI réaffirme son opposition solennelle à la réintroduction d’un verrou de l’âge, destiné à assurer un braquage électoral en faveur du dauphin désigné par un régime aux abois.
L’UDCI rejette avec la même force et pour les mêmes raisons, l’idée d’une élection présidentielle à un tour seulement. Là encore, il s’agirait d’une disposition sur mesure, d’une réponse de circonstance, destinée à pallier l’isolement d’un pouvoir qui s’est aliéné tous ses alliés.
Un tour, cela signifie un président minoritaire, un président mal élu et l’impossibilité pour les oppositions de se regrouper autour d’un projet commun de gouvernement. Un tour, cela signifie une opposition muselée et un pays mal gouverné.
Aujourd’hui, la menace prend une autre forme, celle de se présenter pour un troisième mandat en violation de la lettre de la Constitution. Tripatouillage des institutions ou bien interprétation fallacieuse de celles-ci, dans les deux cas, l’objectif est identique. Il s’agit de réaliser un braquage électoral au profit du régime RHDP, un régime prêt à toutes les manigances pour se maintenir au pouvoir.
Dans aucun Etat de droit, on ne change pas les règles du jeu à onze mois de la date d’un scrutin. Dans aucun Etat de droit, on ne bidouille à la hâte une réforme sur mesure. Dans aucun Etat de droit, on ne s’autorise à interpréter la Constitution pour se maintenir au pouvoir. Dans aucun Etat de droit, on ne prétend peser sur le choix des candidats de l’opposition. Dans aucun Etat de droit, on ne prive le peuple de cette grande confrontation démocratique qu’est l’élection présidentielle en prenant sciemment le risque de provoquer une nouvelle déflagration. Mais, il est vrai que la Côte d’Ivoire n’est plus un Etat de droit.
Face à un pouvoir irresponsable, l’UDCI réclame une nouvelle fois la mise en place d’une Commission électorale réellement indépendante. Elle doit garantir la sincérité du scrutin et ne peut être aux ordres d’un pouvoir chancelant prêt à tout pour rester aux affaires, même s’il s’agit d’embraser le pays et passer sur les corps des Ivoiriens.
L’UDCI appelle à la mise en place d’une passerelle démocratique, une pause au service du dialogue afin de se donner tous ensemble, en toute bonne foi, le temps de bâtir un consensus sur l’essentiel, le temps de sceller une vraie réconciliation, le temps de remplir les conditions d’une élection apaisée, pluraliste, inclusive et démocratique.
L’Union de la Diaspora pour la Côte d’Ivoire (UDCI), par cette déclaration tire sur la sonnette d’alarme et invite la classe politique et l’ensemble des Ivoiriens épris de réconciliation et de paix durable à se mobiliser pour faire barrage à toute forfaiture du régime RHDP.
Fait à Paris (France), le 05 décembre 2019
Pour l’UDCI
Le Porte parole
ROGER TAGNON