Un proche de Guillaume Soro crache ses vérités au Rdr-Rhdp: «Imaginez le choc d’un enfant de voir parmi ses agresseurs, parmi ceux qui veulent l’assassiner, son propre père»
J’entends certains militants du RDR dire en vouloir à Guillaume Soro parce qu’il a coupé les ponts avec Alassane Ouattara, celui qu’il considérait hier comme un père. Pour eux, quels que soient les frustrations et les coups qu’il recevait de ce père, il n’avait pas le droit de le quitter, de partir de ce qu’ils appellent la cour familiale pour rejoindre son autre père qu’est Bédié.
Dois-je rappeler à ces derniers qu’il arrive à des enfants, par frustration, de faire des fugues ou de partir définitivement de la maison du père où ils ne se sentent plus aimés et protégés ? C’est ce sentiment de frustration, ce sentiment de ne plus être les bienvenus dans la maison du père, ce sentiment de ne plus être protégés par ce père, qui a amené Guillaume Soro et ses hommes à rompre les amarres avec ce dernier et la famille qu’il dirige.
On me demandera d’où vient par exemple ce sentiment de frustration. Il vient de ce que, pendant que Guillaume Soro se croyait en famille, il était régulièrement l’objet de dénigrement par les membres de celle-ci. Pendant qu’il se croyait en famille, des cabales étaient montées contre lui par les membres de celle-ci, avec la bénédiction du père.
Pendant qu’il se croyait en famille, il était régulièrement humilié par ce père qui, sous son nez, limogeait et emprisonnait ses lieutenants. Pendant qu’il se croyait en famille, ce père a fait adopter une constitution tout juste pour le rétrograder de son statut de dauphin constitutionnel et pour l’affaiblir politiquement.
Lui qui pensait que le rôle de ce père, c’était de le protéger comme il a fait pour ce dernier pendant qu’il dirigeait la rébellion, le voici face à l’implacable réalité. Celle de constater que celui qui lui a planté le couteau dans le dos, c’est bel et bien celui qu’il considérait comme un père. Comme un protecteur.
Imaginez le choc d’un enfant de voir parmi ses agresseurs, parmi ceux qui veulent l’assassiner, son propre père. C’est ce drame qu’a vécu Guillaume Soro au sein du RDR. D’où sa décision de prendre son indépendance vis à vis de ce père et de la famille qu’il dirige.
Guillaume Soro n’est pas un masochiste pour prendre plaisir à recevoir des coups. Surtout des coups provenant de celui qu’il a toujours considéré comme un père. Ce père dont il a contribué largement à l’élévation.
Ce père qu’il a protégé en prenant des coups pour lui sans broncher, ce père dont il a contribué largement à l’accession au pouvoir. Ce pouvoir que ce père utilise aujourd’hui pour tenter de l’écraser. Au vu de toute cette situation, pensez-vous que Guillaume Soro n’a pas de raisons de rompre les amarres avec ce père ? N’a-t-il pas le droit d’être frustré ?
Le regret de Soro
Je dois rappeler aux uns et aux autres que ce sont ces mêmes raisons de frustration qui ont poussé Guillaume Soro à rompre les amarres avec Laurent Gbagbo, celui qui fut son tout premier père. En quelque sorte son formateur. Ce père qu’il a combattu avec la bénédiction et les encouragements de son père qui le combat aujourd’hui. Ce premier père qu’il a combattu avec les encouragements de ses frères du RDR.
Aujourd’hui, Guillaume Soro regrette cette action qui a marqué une tache indélébile sur son CV. Voici pourquoi il ne cesse de demander pardon aux Ivoiriens qui ont souffert de son action. Si c’était à recommencer, il ne le referait plus puisque c’est cette action qui est utilisée par les membres de son ex famille pour le dénigrer.Action dont ils sont aujourd’hui les plus grands bénéficiaires.
Dois-je rappeler aux uns et aux autres que c’est la frustration qui a poussé ce père (ADO) à s’engager dans l’opposition contre son aîné Bédié ? A rompre les amarres avec sa première famille qu’était le PDCI-RDA dont il était quasiment le vice-président ? La frustration est à la base de la création du RDR. Ne n’oublions pas. C’est la frustration qui est à la base du coup d’État de Décembre 99.
C’est également la frustration qui est à la base de la rébellion de Septembre 2002. C’est la frustration qui va donner la force à Guillaume Soro et ses hommes que nous sommes pour faire tomber ce régime ingrat et cruel en Octobre 2020 afin de réconcilier les Ivoiriens entre eux. Car il faut l’avouer, c’est ce régime qui est à la base de tous les conflits que nous avons connus dans ce pays. »
El Hadj Mamadou Traoré