Un politologue révèle: «L’acquittement de Gbagbo a déboussolé plus d’un. Pis, la rencontre de Bruxelles était perçue comme impossible»… Des bruits de couloir annoncent…

L’une des plus grandes prouesses du RHDP, qui semble passer inaperçue, est d’avoir réussi à ‘’réconcilier’’ ses opposants. On me dira que le président Gbagbo y était parvenu. Non, je n’y crois pas.
Le contexte n’est plus le même et il suffit d’un peu de bonne foi pour reconnaître que la guerre économique engagée par Abidjan a amené Chirac et Sarkozy à faire de la chute de Gbagbo une affaire personnelle, presqu’un défi inscrit dans le cahier de charges de l’Elysée : faire payer au fils de Koudou son ‘’insolence’’…
Le président Bédié chapeautant une Convergence de vues où siègent les présidents Gbagbo, Soro Guillaume, le ministre Blé Goudé, le premier ministre Affi N’guessan… Des personnes que presque tout oppose. Des personnes qui se sont tellement détestées il y’a moins de 10 ans. Il fallait le réussir…
La pression du RHDP ne leur laissait pas trop de choix : arrestation tout azimut, gel des avoirs, chantage du fisc. Tout semble être parti de la proclamation des résultats de l’élection municipale d’octobre 2018. Abobo, Port Bouet, Bassam, Plateau ont fini par convaincre les opposants que 2020 ne sera pas du jeu…
Des bruits de couloir annoncent une possibilité de Fusion au premier tour pour garder intactes les chances de l’opposition ! Le président Bédié serait en pleine négociation avec le président Gbagbo pour avoir son soutien et celui du FPI lors de la présidentielle à venir. En face, les stratégies s’élaborent presque dans la précipitation. L’acquittement de Gbagbo a déboussolé plus d’un. Pis, la rencontre de Bruxelles était perçue comme impossible. En conclusion, il faudrait faire de la constitution un allié du RHDP pour espérer remporter la bataille 2020 en maintenant la CEI presqu’en l’état avec monsieur Youssouf Bakayoko comme son président !
Que ferait l’opposition si les conditions d’éligibilité étaient revues ? Il faudra éviter d’en faire une raison suffisante pour boycotter l’élection présidentielle à venir. Pour le meilleur fonctionnement des institutions lors du mandat à venir, la Côte d’Ivoire a besoin d’un président qui s’est frotté à d’autres candidats. Si Soro et Bédié étaient éliminés par le critère d’âge, il faudra continuer la lutte pour l’alternance en 2020. Si le RHDP l’emporte en 2020, elle reconnaitra la présence d’une opposition en face dont elle tiendra compte dans ses engagements vis-à-vis de la Côte d’Ivoire.
Il y a tout même quelques inconnues qui demeurent dans l’équation ivoirienne. Le président Gbagbo acceptera-t-il de s’effacer au profit de l’un de ses poulains ? S’il réussit à revenir à Abidjan d’ici la fin de l’année, accepterait-il d’être le Vice-président de monsieur Bédié ? Quelle place pour monsieur Guillaume Soro ? Au RHDP, le premier ministre Gon parviendra-t-il à aligner son électorat derrière lui, dans la discipline ? Qui serait son Vice-président ? Quels cadres du RHDP seraient éliminés de la course au cas de modification de la constitution ?
A quelques 14 mois de l’élection présidentielle ivoirienne, presque rien ne souffle pour ce qui est des projets de société des différents candidats. Les stratégies de positionnement des différents acteurs se font et se défont quotidiennement…
Sylvain N’GUESSAN, Cercle de Réflexion Stratégique d’Abidjan