Un Inspecteur du PDCI-RDA écrit au président français Emmanuel Macron : «La Cote d’ivoire ne va pas bien… Plus de 10000 âmes se retrouvent errantes dans la rue»
Lettre Ouverte à Son Excellence Monsieur Emmanuel Macron, Président de la République Française.
Abidjan, le 30 janvier 2020.
10h45
Excellence Monsieur le Président,
Permettez-moi de vous adresser cette Lettre Ouverte car je suis persuadé qu’elle vous parviendra et que vous saurez la lire avec beaucoup d’intérêt.
Vous êtes un ami de la Côte d’Ivoire et vous ne voulez pas voir ce pays sombrer dans la violence…même si parfois l’utilisation de la violence peut être salvatrice pour la démocratie.
La Cote d’ivoire ne va pas bien…
Les ivoiriens ne se sont pas réconciliés, bien au contraire, et nous n’avons pas besoin des prévisions d’un Nostradamus pour savoir que nous nous dirigeons tout droit vers un chaos si l’on n’y prend garde dès maintenant…
Cette missive vous est destinée car vous êtes directement concerné par la situation politique, sécuritaire et sociale de ce pays dans lequel la France que vous dirigez a des intérêts colossaux.
Nous sommes depuis un certain moment confrontés a un pouvoir autoritaire et autocratique qui n’utilise que la violence, les menaces et les intimidations pour communiquer.
L’ensemble des partis d’opposition veut organiser son giga meeting pendant les fêtes de fins d’année, on les menace, on leur interdit les accès au site, on sort les blindés…
Des élèves se mettent en grève pour l’obtention d’une date de départ en vacance de Noël anticipée, on fait venir les forces de l’ordre qui balancent les gaz lacrymogènes et tirent sur nos enfants à balles réelles !
Certains députés de l’opposition pro-SORO soutiennent leur mentor vaille que vaille dans sa croisade contre le parti au pouvoir, on les fait emprisonner au grand dam de leur immunité parlementaire…
Un enfant de 14 ans sort d’on ne sait où et se retrouve mort dans le train d’atterrissage d’un avion de la compagnie Air France…Plutôt que de faire de vraies enquêtes pour faire la lumière sur cette affaire, situer les responsabilités et prendre les sanctions idoines, le gouvernement fait casser tous les baraquements alentours en moins de 48h et sans préavis. Plus de 10000 âmes se retrouvent errantes dans la rue sans solution de relogement. C’est la meilleure façon de fabriquer de futurs gangsters et microbes qui agresseront la population pour subvenir à leurs besoins primaires…
Les enseignants se mettent en grève pour le respect de leur statut, la régularisation de leurs arriérés de salaire, l’augmentation de leurs indemnités de logement, la suppression des cours de mercredi dans le primaire, et d’autres revendications élémentaires…on les menace, on envoie des individus les intimider verbalement et on les prive de leurs droits les plus élémentaires !
Excellence Monsieur le Président,
L’église, afin d’apaiser les âmes et les cœurs de ses fidèles, demande à toute la communauté chrétienne de Cote d’Ivoire de s’unir dans une procession pour la paix…
On laisse des plaisantins menacer ouvertement et publiquement les chrétiens de faire couler leur sang, on les insulte, on les vilipende, on les met en garde.
On produit miraculeusement des reportages vidéo fabriqués sur mesure mettant en cause l’église catholique dans l’assassinat crapuleux de l’ancien président Robert GUEI en encensant un camp (celui des rebelles) au détriment de l’autre au travers de témoignages tous aussi bidonnés les uns que les autres…
Et lorsque ces attaques contre l’église catholique viennent de certains membres du gouvernement ou de conseillers de la présidence, il y a de quoi s’en inquiéter…
Tout cela en l’espace de quelques semaines…
Excellence Monsieur le Président,
La grande majorité de la population ivoirienne salue la sortie courageuse des évêques de Cote d’Ivoire. Je pense à mon humble avis quelle aurait du être soutenue par toutes les autres confessions religieuses tant le message des hommes de Dieu est limpide et clair.
Les évêques n’ont rien dit de mal sinon
que de demander à nos gouvernants de mettre tout en oeuvre pour nous organiser des élections présidentielles transparentes et ouvertes afin d’éviter d’entraîner le pays dans une autre crise post électorale dont on connait déjà, par expérience, les dégâts qu’elle causerait à nos populations.
Qu’y a t’il de mal à constater que cette CEI, l’arbitre de la rencontre donc, est complètement aux ordres d’un seul et même camp car complètement déséquilibrée ?
Est-il acceptable qu’il y ait dans cette CEI composée de 15 membres, 8 personnes issues du RHDP, 5 personnes issues de la société civile et seulement 2 personnes issues de l’opposition ?
Est-il acceptable que dans cette CEI qui devra arbitrer les futures batailles électorales, il y ait 529 présidents de CEI locales issus du parti au pouvoir RHDP pour seulement 20 présidents issus de l’opposition?
Est-il acceptable que dans un pays qui se veut démocratique, à la veille d’élections présidentielles historiques pour la Côte d’Ivoire, le président actuel ait sous son total et exclusif contrôle à la fois, la CEI, le Conseil Constitutionnel, le Sénat et… l’Assemblée Nationale dont le président, monsieur Soumahoro, ne s’est pas caché de déclarer récemment, lors d’une piètre sortie médiatique dont il a seul le secret, que tant qu’il sera aux commandes de cette institution il sera un pur et simple exécutant des volontés du Chef de l’État ?
Est-il acceptable que celui la même qui délivrera les cartes nationales d’identité (CNI) à la population ivoirienne n’est autre que Sitioni Gnenin KAFANA, fils de Gilbert KAFANA KONE, ministre auprès du président de la République chargé des relations avec les institutions de la république, récemment nommé DG de l’ONECI en catimini et à l’abri des regards indiscrets ?
N’y a t’il pas d’autres ivoiriens, hors RHDP, capables d’assumer ce genre de responsabilités ?
Je porte ces informations à la connaissance de tous car la civilisation démocratique est entièrement fondée sur la recherche précise, l’analyse, la synthèse, la distillation et l’exactitude de l’information. Si le citoyen n’est pas correctement informé, le vote ne sert strictement à rien.
Excellence Monsieur le Président,
La Cote d’Ivoire n’est ni chrétienne ni musulmane ni animiste…Elle est multiconfessionnelle.
Dieu nous parle au plus intime de notre conscience. Si nous écoutons sa parole et nous l’habitons pleinement, alors ces ténèbres susciteront en nous de la clarté.
Les ténèbres voulaient étouffer la parole de vérité mais leurs gesticulations effrénées pour cacher le soleil le repand davantage…
Une des forces de la parole de Dieu c’est qu’elle crée et recrée, elle éclaire, oriente et redresse, elle purifie et guérit, elle pacifie et unit. Dès lors elle est bien le chemin, la vérité et la vie…pour l’homme.
On voudrait nous conduire dans un conflit interreligieux que l’on ne sy prendrait pas autrement.
Excellence Monsieur le Président,
Ce petit billet matinal que je vous délivre est inhabituellement long.. mais plein de sens. Mon coeur saigne de voir mon pays courir à la catastrophe sans que personne n’y prenne garde.
Plus personne ne pourra se cacher derrière le « si j’avais su »…
Nous sommes là pour vous informer.
Les réseaux sociaux sont là pour véhiculer l’information jusqu’à ce qu’elle vous parvienne directement. Vous avez des équipes hyper compétentes pour la vérification des informations. S’il ne fallait retenir qu’une vertu des reseaux sociaux et d’internet ce serait cette possibilité qu’ils ont d’offrir à chacun une tribune, un espace de liberté, d’expression.
Plus personne ne pourra plus dire qu’il ne savait pas…
Excellence monsieur le Président,
Je vais m’arrêter là car trop d’informations tue l’information. Je voudrais que vous ne reteniez que cela : la CEI telle qu’elle nous a été proposée par nos gouvernants entrainera ineluctablement le pays dans un chaos post electoral pire que celui de 2010 quelquesoit le résultat annoncé.
Vous ne pourrez pas dire que vous ne le saviez pas…
Que nous le voulions ou non, force est de constater que vous avez, à vous seul, le pouvoir de faire appliquer une vraie démocratie dans cette élection présidentielle à haut risque dont toute la légitimité repose essentiellement sur une donne :
la mise en place d’une Commission Électorale Indépendante Equilibrée et Impartiale. Nous en sommes à des années lumières…
Vous sachant très pragmatique, je demeure persuadé que vous regarderez de beaucoup plus près la composition de cette CEI qui apparait comme un bras d’honneur lancé à l’idéal démocratique auquel aspire le peuple ivoirien dans son entièreté.
Dans l’immense espoir que ce cri de coeur vous parviendra dans les meilleurs délais et que vous saurez en faire bon usage,
Je vous prie d’agréer, Monsieur le Président de la République, l’expression de mes salutations distinguées.
Jean-Yves ESSO ESSIS
Citoyen Ivoirien et père de famille
Inspecteur du PDCI-RDA
Membre du Bureau Politique du PDCI-RDA
Président des Cadres Dynamiques du PDCI