« N’ayez peur de rien, descendez dans la rue. Pas pour moi, mais pour vous-mêmes et pour votre avenir », a lancé Alexeï Navalny dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux. Un acte de défiance au maître du Kremlin, Vladimir Poutine, qui la fait arrêter, dimanche dernier, à son arrivée à l’aéroport de Moscou, en provenance d’Allemagne où il était en convalescence après avoir été soigné d’un empoisonnement qui a failli lui coûter la vie. Le service pénitentiaire (FSIN) reproche au militant anti-corruption d’avoir violé des mesures de contrôle judiciaire en allant se faire soigner à l’étranger.
C’est donc depuis son lieu de détention que l’opposant N°1 de Poutine a appelé, ce lundi, ses compatriotes à manifester dans les rues contre le pouvoir alors qu’un juge a ordonné son incarcération pour au moins 4 semaines, c’est-à-dire jusqu’au 15 février. L’emprisonnement de l’opposant a été prononcé lors d’une audience improvisée au commissariat de Khimki, banlieue moscovite, où il avait passé la nuit. Plusieurs de ses partisans attendaient dehors malgré la température qui affichait –20°C.
A l’issue du verdict, M. Navalny a dénoncé une « parodie de justice » organisée dans « l’illégalité la plus totale ». « Pépé, dans son bunker, a tellement peur, qu’on déchire et qu’on jette le code de procédure pénale à la poubelle », a-t-il ajouté, en référence à Vladimir Poutine et au fait qu’un tribunal siège dans un commissariat.
A l’annonce de son arrestation puis de son incarcération, les réactions ont fusé surtout du monde occidental. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a appelé à sa libération « immédiate », tout comme la chancellerie allemande qui a dénoncé une arrestation « arbitraire ». La France ou encore la Pologne et le Royaume-Uni avaient fait de même, tout comme la future administration du président élu américain Joe Biden et le chef de la diplomatie de Donald Trump.
Sergueï Labrov, ministre des affaires étrangères russe, a répliqué en estimant que les Occidentaux s’en prenaient à la Russie pour « détourner l’attention de la profonde crise qui mine le modèle de développement libéral ». Dans l’affaire Navalny, il s’agit seulement « de faire respecter la loi russe », a ajouté M. Labrov.
Serge YAVO avec AFP