Presse ivoirienne et information apaisée: Le FORDPCI lance un appel depuis Grand Bassam
Séminaire du Fordpci
Grand Bassam – 30 et 31 mars 2019 / Hôtel International
Rapport de synthèse des travaux
Le Forum des directeurs de publication de Côte d’Ivoire (Fordpci) a tenu les 30 et 31 mars 2019 à l’Hôtel International de Grand-Bassam un séminaire de formation autour du thème : « Les Directeurs de publication face au défi de l’information apaisée». L’objectif général de ce séminaire était « l’éveil de la conscience professionnelle des Directeurs de publication pour le traitement apaisé de l’information». Ont participé à ce séminaire plus de 30 directeurs de publication représentant différents médias de la place. Les travaux se sont déroulés en deux séquences essentielles. La cérémonie d’ouverture et la conférence sur le thème ci-dessus évoqué.
La cérémonie d’ouverture a enregistré la participation d’un parterre de personnalités parmi lesquelles le représentant du président du séminaire, le ministre de la Communication et des Médias Sidi Tiémoko Touré, le parrain Sangaré Sidiki Boubacar représentant résident du Réseau des chambres des experts européens département Afrique de l’Ouest (Rceedao), le représentant du maire de Grand-Bassam, Koné Moussa.
Après le mot de bienvenue du président du comité d’organisation, M. Stéphane Bahi, secrétaire général du Fordpci, le président du Fordpci Charles Lambert Tra-Bi a souligné que ce sujet se présente comme un immense chantier pour les directeurs de publication, en ce sens qu’il questionne les valeurs universelles telles que la paix, la démocratie, l’éducation et les droits de l’homme dont la consolidation doit être l’affaire de toutes les forces vives de la Nation ivoirienne au nombre desquelles figurent les directeurs de publication. Il a exhorté ces derniers à se mettre dans les dispositions et conditions idoines pour tirer pleinement profit des enseignements qui seront dispensés.
Le représentant du maire s’est réjoui de la tenue de ce séminaire dans sa cité et a souhaité que les travaux se déroulent dans un esprit constructif.
Pour sa part, le parrain Sangaré Sidiki Boubacar a invité tous les Ivoiriens à prendre des initiatives par anticipation rapport aux élections de 2020, eu égard à la crise postélectorale de 2011. Raison pour laquelle, il a salué l’organisation de ce séminaire. Dans la même veine, il a exhorté les directeurs de publication au traitement de l’information dans un esprit apaisé. Par ailleurs, il a fait un plaidoyer pour la subvention des journaux par l’Etat et annoncé l’ouverture par le Rceedao d’un centre médical à M’pouto, dans la commune de Cocody, dans lequel les acteurs de la presse auront accès à des soins médicaux gratuits. Quant au représentant du ministre de la Communication et des Médias, Koné Seydou, il a attiré l’attention des acteurs des médias sur la passion qu’attisent déjà les élections générales de 2020. Par conséquent, il leur demande de contribuer à l’apaisement du climat social.
Après la cérémonie d’ouverture, le séminaire s’est poursuivi avec la communication dite par le président de l’Autorité nationale de la presse, M. Raphaël Lakpé sur le thème : « Les Directeurs de publication face au défi de l’information apaisée».
Abordant le thème du séminaire, le conférencier a défini les concepts clés du sujet. A savoir : le directeur de publication et l’information apaisée.
Concernant le directeur de publication, il a soutenu que ce dernier est le responsable du contenu d’un journal. Il en répond en premier devant la justice ou l’autorité de régulation. Ensuite, le conférencier a retracé l’évolution de la perception du directeur de publication de 1960 à nos jours, à la lumière des différentes lois qui ont régi le secteur. Ainsi, le directeur de publication est passé d’un rôle passif à un rôle actif.
S’agissant de l’information apaisée, le président de l’ANP a défini cette expression comme une nouvelle dont la rédaction ne contient aucun terme agressif et dont le ton est loin d’être guerrier, insultant, injurieux et inutilement provocateur. L’information apaisée est aussi, selon lui, une information vraie, vérifiée et équilibrée.
Pour le conférencier, la diffusion d’une information non apaisée entraîne des conséquences graves : augmentation des risques de conflit, aggravation des situations et des tensions, exacerbation des antagonismes.
Après cette approche définitionnelle, le conférencier a mis en exergue la responsabilité du directeur de publication pour la diffusion d’une information apaisée.
Être conscient de son rôle principal, avoir le contrôle sur son équipe rédactionnelle, s’assurer de la qualité d’un article avant sa diffusion, s’assurer qu’il obéit aux règles d’éthique et de déontologie, interpeller les rédacteurs sur la nécessité d’utiliser le bon ton, les mots justes et apaisants. Telles sont quelques recommandations du président de l’Anp, à cet effet.
Les débats qui ont suivi ont permis aux directeurs de publication de relever quelques préoccupations qui font obstacle à la diffusion de l’information apaisée. Entre autres, le défi de vente, l’exigence du lectorat habitué au sensationnel, la pression des patrons de presse, l’arrimage des journaux aux partis politiques, une atmosphère sociopolitique surchauffée, l’accès difficile aux sources d’informations, la résistance des acteurs à donner facilement leurs versions des faits.
Face à ces obstacles, le conférencier suggère que le journaliste soit lui-même apaisé, et débarrassé de toute émotion. Face au défi de vente, il doit chercher l’information de pointe, publier ce que les autres n’ont pas. Pour lui, ce n’est pas le sensationnel qui fait vendre, mais plutôt le choix du sujet, le bon traitement de l’information et la régularité dans la diffusion d’informations crédibles. Il a également insisté sur l’amélioration des relations avec les sources potentielles et le fait que les journalistes doivent cesser de jouer le rôle des politiques.
A l’issue de leurs travaux, les participants ont lancé un appel à tous les journalistes pour un traitement apaisé de l’information. Ceci pour éviter d’être la cible des critiques acerbes et pour garantir la paix dans notre pays.
Fait à Grand-Bassam, le 31 mars 2019
Le séminaire
L’Appel de Grand-Bassam
Vu les crises successives que la Côte d’Ivoire a connues
En prélude aux élections générales de 2020 qui attisent déjà des passions
Réunis à Grand-Bassam les 30 et 31 mars 2019 à un séminaire organisé par le Fordpci, les Directeurs de publication de Côte d’Ivoire lancent un appel à tous les acteurs de la presse ivoirienne au traitement professionnel de l’information, c’est-à-dire à donner une information vraie, juste, vérifiée et équilibrée, en utilisant un ton apaisé.
Fait à Grand-Bassam, le 31 mars 2019