Pr Maurice Kakou Guikahué (PDCI-RDA) crache ses vérités au régime (Acte 2 et fin): «Si ce n’est pas pour améliorer le Code électoral, on ne bouge pas…»
Pour sa première grande interview de l’année 2020, en dehors de celles qu’il accorde au sortir de ses audiences ou séances de travail, le secrétaire exécutif en chef du Pdci-Rda a bien voulu répondre favorablement à la sollicitation du Nouveau Réveil. Dans cette interview (deuxième et dernière partie), il fait le tour d’horizon de l’actualité au Pdci-Rda et en Côte d’Ivoire.
Pour aller aux élections, il faut avoir une Cei. On sait ce qui se passe. Le gouvernement a repris le dialogue avec l’opposition, cette fois, sur le code électoral. Pensez-vous que cette fois-ci, les choses se dérouleront comme vous le souhaitez et qu’il n’y aura pas de couac comme lors de la première phase des échanges avec le gouvernement ?
Ce n’est pas du tout la même chose. Nous sommes des responsables. La Cour africaine des droits de l’homme et des peuples a dit que la loi qui concerne l’organe qui organise les élections n’était pas conforme aux standards internationaux et qu’il fallait modifier cette loi. La loi comporte trois chapitres : la composition de la Cei, l’attribution et le fonctionnement de la Cei. Et le gouvernement veut se cantonner seulement sur la recomposition de la Cei et ne veut pas toucher les autres chapitres. Nous avons dit que nous ne sommes pas d’accord. Si on avait participé aux échanges, on ne pouvait plus discuter. On dit, il faut procéder à la modification de la loi, or la loi a trois chapitres. Donc, il y a beaucoup de choses à revoir au niveau de la Cei. Il n’y a pas que sa composition. On a vu sur le terrain comment les élections se sont passées, donc il y a des changements à faire. Et la façon dont le gouvernement voulait poursuivre les échanges ne nous satisfaisait pas. Donc on a décidé de ne pas y aller en toute responsabilité. Et on ne regrette rien. D’autant plus que ceux qui sont partis à ces discussions, notamment Affi N’guessan, sont très en colère actuellement. Puisqu’il dit que les procès-verbaux qui ont été signés, on n’en a pas tenu compte au moment de faire la loi. C’est comme si le gouvernement avait déjà ses textes de loi et a décidé de discuter avec les gens, on signe les documents des points d’accord et à la fin, on fait passer ses propres textes de loi. Affi N’guessan ne rate aucune occasion de dénoncer cela. Il l’a fait, le jeudi dernier, à la réunion. Donc, on ne regrette rien. Nous allons discuter du code électoral. Normalement, comme je le dis, je ne sais pas ce qui se passe, le président aurait dû faire la modification de la Constitution avant l’année électorale. Parce que le code électoral s’appuie sur la Constitution. Et on a changé la Constitution en 2016. Le code qu’on applique aujourd’hui, c’est l’ancien code, avant le changement de la Constitution. Donc, le gouvernement est en retard. Il y a 44 articles du code électoral qu’on devait changer pour les mettre en conformité avec la Constitution de 2016. Par exemple, il est dit dans la Constitution de 2016 que les élections se tiennent le samedi. Mais vous avez vu qu’il y a eu une élection qui s’est passée un dimanche et une autre un samedi. Les gens ont utilisé l’ancien code. Or dans l’ancien code, il n’y a pas de jour. Et puis entre nous, le code, il parle de la Cei aussi. Dans l’article de 2 du code électoral, ce sont les attributions de la Cei. Donc, si demain, on va en négociation, je crois que c’est le code que nous allons améliorer. Si ce n’est pas pour le toucher, on ne bouge pas parce qu’il y a dedans des choses à changer. On va toucher dans le code ce qui concerne la Cei, parce qu’on doit ouvrir la Cei. Le code électoral actuel dit que les membres de la Cei doivent être issus des partis qui ont un groupe parlementaire à l’Assemblée nationale. Or dans la Cei qu’on vient de mettre en place, vous ne voyez pas le Pdci. C’est qu’il y a problème. Je sais qu’ils lisent mais ils font de la communication politique mais la réalité est là. Discutons le code et quand on va se mettre d’accord, on va parler de la Cei. Mais dans tous les cas, quand je lis le code électoral par rapport à ce que nous allons avoir comme discussion, la Cei va revenir dans les échanges.
Le Premier ministre a dit que ces discussions ne concernent en rien la réforme de la Cei. Qu’est-ce que vous répondez ?
Je suis en train de vous dire qu’on va aller discuter le code électoral. Donc le Premier ministre veut-il dire qu’on ne va pas parler du code électoral ? Dans le code électoral, il y a des articles qui concernent la Cei. Il suffit qu’on change un article qui concerne la Cei, cela signifie qu’on va changer la Cei. Le code électoral influence la Cei. (…) L’article 2 du code électoral parle des attributions de la Cei. Si dans le nouveau code, on se met d’accord pour donner de nouvelles attributions à la Cei, est-ce qu’on ne va pas toucher la loi ? Ne considérez pas trop ce que les gens disent au cours des meetings.
Où est-ce que vous en êtes avec la saisine de la Cour africaine ?
Ils ont deux sessions par an. Donc à la session de novembre, on avait demandé la suspension de l’application de la loi, mais la Cour a dit que ce n’était pas son rôle. Ils avaient que la loi sur la Cei n’était pas conforme aux standards internationaux. On a repris, on leur a donné. Ils ont la loi, ils ont nos plaintes, ils ont interrogé aussi des Ong. Donc ils vont dire si c’est conforme ou pas. Ils vont se prononcer très bientôt.
D’aucuns interprètent tous ces blocages faits par le gouvernement comme une intention de ne pas organiser les élections. Quelle est votre opinion sur cette assertion ?
Un président, quand il est élu, c’est pour organiser les élections. L’organisation des élections fait partie de la gouvernance. Sauf s’il y a des problèmes comme des catastrophes qui les rendent impossibles, sinon doit pouvoir organiser les élections aux échéances prévues. Mais en temps normal, si un président n’organise pas des élections, c’est un échec de sa part. Je ne pense pas que le président Ouattara veuille assumer un échec. Il va organiser les élections.
Des voix aussi se font entendre pour dire que le temps de 10 mois qui reste pour aller aux élections est insuffisant au regard du travail qui reste à faire. Ils appellent même à une transition politique. Partagez-vous cet avis ?
Ce n’est pas la vision du Pdci. Pour nous, 10 mois, c’est largement suffisant. (…) C’est un processus normal. C’est parce qu’on n’a pas fait le travail, sinon si depuis on avait appliqué la loi qui dit que chaque année, en mars, on révise les listes électorales, tout le monde serait dessus. C’est parce qu’on ne fait pas les choses au moment opportun. Il reste encore beaucoup de temps. Même une semaine pour les discussions, c’est beaucoup. Ce que nous souhaitons, c’est que les Ivoiriens soient heureux. Si on est d’accord là-dessus, il faut faire des lois qui les rendent heureux. Ce n’est pas beaucoup. Pour rendre heureux quelqu’un, nous sommes d’accord qu’en une semaine, on écrit, on se met d’accord et on s’en va. S’il y a blocage, c’est que des gens ne veulent pas que les Ivoiriens soient heureux.
Avec les cartes d’identité qui ne soient pas rééditées, pensez-vous que le délai de 10 mois peut être respecté ?
Le gouvernement a lancé le processus pour faire les nouvelles cartes d’identité. Permettez-moi de ne pas dévoiler toutes nos idées avec les discussions que nous allons avoir avec le gouvernement. Mais pour être sur la liste, il y a des pièces qu’on doit fournir dont la carte nationale d’identité. Il y a des idées, donc ça ne doit pas être un blocage.
Les manifestations de l’opposition ont été interdites jusqu’au 05 janvier, dernier, délai qui est largement dépassé. A quand la reprise des activités de masse de l’opposition ?
Quand on va sentir la nécessité, on va reprendre. Nous, quand on veut, on fait.
Est-ce que les arrestations constatées ces derniers temps, dont des proches de Guillaume Soro, ne vous perturbent pas ?
Non, ça ne nous influence pas. Nous avons pris position, on a demandé leur libération. Ça ne nous influence pas.
Avez-vous les coudées franches pour tenir ?
Il n’y a pas de problème. C’est vrai que ce sont nos amis, donc leur situation nous préoccupe. Mais justement, c’est parce qu’il y a cette situation qu’on va continuer à être plus vifs qu’avant. Sinon les choses vont rester en l’état.
Nous avons appris que vous avez évité un piège qui vous avait été tendu lors des manifestations de Yopougon et de Port-Bouet. Des projets d’arrestation auraient été prévus contre vous. Vous le confirmez ?
C’est une interview publique. Donc permettez que je n’aille pas dans les détails, mais quand on prépare une manifestation, on ne reste pas couché dans sa maison. Premièrement, on savait que le piège était en cours. Et deuxièmement, Macron était en Côte d’Ivoire. On ne voulait pas qu’il y ait des problèmes pendant qu’on a un étranger de marque chez nous. Si on veut compter sur les menaces, en ce moment, on démissionne. Quand vous entrez en politique, c’est pour se battre. C’est un combat. Même quand vous êtes brillant, lorsque vous allez passer le Bac, vous pouvez échouer. Mais il faut être déterminé. Notre combat, c’est de prendre le pouvoir. On ne peut pas vouloir prendre le pouvoir en dormant. Donc nos manifestations vont connaître des amplitudes.
Concernant Yopougon et Port-Bouet, il y a des militants qui s’attendent encore à ces rendez-vous. Qu’est-ce que vous pouvez leur dire ?
On peut changer. On n’est pas lié à Port-Bouet et Yopougon. Il y a beaucoup de quartiers et de villes. Mais on va reprendre nos activités.
Récemment, le président Affi N’guessan et le président Laurent Gbagbo se sont rencontrés, à Bruxelles. Pensez-vous que cela pourrait amener le Pdci à revoir sa collaboration avec Affi, président du Fpi ?
Non, ce n’est pas une affaire de collaborer avec un individu. Quand vous dites que Gbagbo et Affi se sont rencontrés, je dis que nous sommes heureux, le président Bédié est heureux que Gbagbo ait accepté de recevoir Affi N’guessan. Parce qu’on est dans la phase de la réconciliation. Avant que je ne sois reçu au mois de mai par le président Laurent Gbagbo, Affi devait être reçu. Gbagbo avait envoyé un message disant qu’il voulait faire d’abord l’unité interne avant de venir vers le Pdci. Donc quand ça mettait du temps et qu’avec Affi, le rendez-vous a été raté, il m’a reçu et il a reçu le président Bédié. La rencontre avec le président Bédié, je n’y étais pas, j’étais à Abidjan, ils ont échangé. Maintenant qu’il reçoit le président Affi, nous sommes heureux. Donc ça ne gêne pas du tout le Pdci-Rda.
Monsieur le ministre, nous sommes au terme de notre entretien. Quel est le message que le Secrétaire Exécutif en Chef a pour ses militants du Pdci et pour l’ensemble des Ivoiriens et pour les partis de l’opposition ?
Je voudrais saluer les militants du Pdci en ce début d’année. Le président Bédié a présenté les vœux aux militants en notre nom à tous. Mais je voudrais également dire que les militants doivent se rendre compte que les épreuves font partie du militantisme. En 2018, ils ont été éprouvés. Il y a eu des tentatives de liquidation du Pdci-Rda, mais cela n’a pas marché et nous avons perdu des militants. Des ministres et des présidents d’institutions sont partis. Mais quand nous avons fait le point, nous avons constaté que le maximum de militants est resté. Nous nous sommes donc réorganisés. Donc 2019 a été l’année de la réorganisation. Après tout ce qui s’est passé, quand nous avons quitté le Rhdp, il fallait donc se réorganiser. Donc après le 6ème congrès extraordinaire qui s’est tenu en octobre, la mission nous a été donnée de restructurer le parti en profondeur. Et c’est ce que nous avons fait en 2019. Nous avons 350 délégations à l’intérieur du pays, 54 délégations à l’extérieur, cela fait 404 délégations. Nous avons tenu un bureau politique le 27 juin 2019 où le président a donné les grandes orientations, les diligences que nous avons rappelées plus haut. Ensuite, nous sommes partis présenter la nouvelle structure au Bureau politique que nous avons tenu le 14 novembre. Et à cette réunion, le Bureau politique a demandé qu’on puisse préparer la convention. Donc le Bureau politique a sollicité une deuxième réunion pour mieux préciser les termes de la convention. Cette réunion s’est donc tenue le 19 décembre. Mais entre-temps avant cette date, entre juin et novembre, nous avons organisé deux moments de mobilisation. Nous avons fait un meeting historique au parc des sports. C’est la première fois que le Fpi et le Pdci se mettaient ensemble. Donc au-delà du nombre de militants présents ce jour-là, la symbolique qui était de voir Guikahué et Assoa Adou dans la même tribune en train de faire des discours, était suffisant. Même si c’était 10 militants qui étaient présents, nous n’allions pas en tenir compte. Nous avons eu, à cette rencontre, des milliers de militants. C’était une masse d’hommes qui a répondu présente à cette invitation. Ensuite nous avions dit qu’il fallait rassurer les amis qui viennent avec nous, après les gens qui sont partis du Pdci, sur la réalité et le poids réel du Pdci sur le terrain. C’était l’objet du meeting du 19 octobre 2019 à Yamoussoukro. C’était un meeting de vérification. Moi, en tant qu’animateur du parti, je voulais montrer au président Bédié, ce qui restait du Pdci-Rda après le départ de quelques cadres. Et nous avons été comblés avec tout ce monde qui s’est déplacé. Même les anciens du Pdci témoignent pour dire que c’est une première au sein du Pdci. Cela nous rappelle le congrès territorial du Rda tenu en Côte d’Ivoire en 1949. En cette époque, l’on a prévu un congrès du Rda à Ouagadougou, mais cela a été interdit. Donc toutes les bases du Rda devraient rejoindre le Pdci qui tenait son congrès. Donc les deux congrès ont été combinés. Il y avait eu également du grand monde comme le 19 octobre à Yamoussoukro. Donc à travers ces manifestations, les militants nous ont montrés qu’ils sont présents. Donc l’année 2019 a été fructueuse pour le Pdci. Le Pdci a chancelé en 2018, et nous l’avons stabilisé en 2019 car le thème du 6ème congrès extraordinaire était « Clarification et stabilisation ». Donc aujourd’hui, nous avons clarifié les choses et nous sommes stables.
Comment aborder donc l’année 2020 ?
Comme cela est clair et que nous sommes stables, nous attaquons l’année 2020, qui est une année électorale par la préparation de la convention. Nous connaissons la date de la convention, et nous savons qui va participer à la convention. Aujourd’hui, nous préparons la convention. Cette convention se prépare de deux manières. Il y a la préparation théorique et la préparation pratique. Nous allons lancer une première équipe sur le terrain. Les jeunes et les femmes. Qui vont tourner du 6 février au 24 février. Après, nous allons lancer d’autres équipes. Donc nous allons avoir une occupation du terrain jusqu’à la convention et aller à l’élection présidentielle. Je demande aux militants qui sont restés, qui sont d’ailleurs nombreux, de se mobiliser. Le constat aujourd’hui, c’est que beaucoup de nos militants ne sont pas partis. Et je voudrais dire aujourd’hui que tous ceux qui sont partis au Rhdp, beaucoup d’entre eux tapent à la porte du Pdci. Ils veulent revenir. Nous leur avons dit de se reposer un peu et en temps opportun, ils feront leur retour. Il y aura donc beaucoup de surprises. Il y a certains d’entre eux qui négocient même leur réintégration au Bureau politique. Je voudrais donc demander à nos militants d’être rassurés car nous tenons le bon bout. Je leur demanderai d’établir leur extrait, leur certificat de nationalité en vue d’établir leur carte d’identité. Ensuite, il faut qu’ils sachent que nous nous sommes rapprochés du Fpi, donc s’il y avait quelques petites incompréhensions à la base entre eux et le Fpi, qu’ils aplanissent cela. Que les militants du Pdci vivent en bonne intelligence avec les militants du Fpi et des autres partis de la Cdrp sur le terrain. C’est ensemble que nous irons aux élections. Qu’ils se rendent compte qu’aujourd’hui, nous ne sommes pas dans une alliance comme avec le Rhdp mais dans une plateforme. C’est-à-dire que nous nous retrouvons sur les grands dossiers, chacun conservant son parti. Ce sont des rapprochements. Donc il faut qu’ils tiennent compte de cela, car nous sommes dans un monde moderne et nous avons des amis. Le président Bédié a dit que 2020 doit être l’année des sacrifices. Je voudrais donc lancer un appel aux cadres qui sont au Grand Conseil et au Bureau politique. Je voudrais leur dire que c’est le moment de se mobiliser autour du délégué. Ce n’est pas la personne du délégué, mais c’est le Pdci. Si chaque fin du mois, chacun apporte une contribution pour que le délégué vienne en aide aux militants démunis, ce sera pour faire avancer les choses et permettre à ces personnes d’établir leurs pièces. Je voudrais également demander aux députés de profiter de ces moments de congé pour investir leur zone pour actionner l’administration, l’application de la loi spéciale sur l’état civil qui dit que les Sous-préfets et les Préfets doivent aller vers les populations pour donner les jugements. Le décret a été pris, il nous appartient, nous députés, de bousculer les Sous-préfets pour qu’ils le fassent et pour que les uns et les autres aient leur jugement. Ce sont des audiences foraines qui ne disent par leur nom. Si nous sommes assis que nous ne faisons rien, les gens ne vont rien fait. Il faut que maintenant, nous soyons proactifs, dynamiques, que chacun joue son rôle, faire des sacrifices et c’est ce que le président nous a demandé. Comme je le dis toujours, on ne se ressemble pas dans un parti, il y a les bailleurs d’idées, des bailleurs d’énergie et des bailleurs de fonds. Nous avons fini de réfléchir et aujourd’hui, nous avons besoin des bailleurs d’énergie et de bailleurs de fonds. Si les deux sont ensemble, nous allons réussir.
Vos vœux à l’endroit des populations Ivoiriennes?
Je voudrais dire aux populations ivoiriennes que le Pdci est resté le même. C’est le Pdci d’Houphouët-Boigny. On ne peut faire d’houphouëtisme ailleurs qu’au Pdci-Rda. Si tu es houphouëtiste, tu dois être au Pdci-Rda. C’est le Pdci qui a ouvert la Côte d’Ivoire aux étrangers et nous l’assumons. Le président Houphouët-Boigny disait que le capitaine n’est rien hors du bateau et Grah Mel l’a bien démontré. Houphouët n’a jamais été en dehors du Pdci, il a toujours été dans le Pdci. Et la concrétisation de cela, c’est qu’Houphouët-Boigny, ‘’tout puissant’, avait voulu que la Côte d’Ivoire fasse la double nationalité avec la Haute Volta, mais le Pdci a dit non et Houphouët Boigny s’est aligné. Cela voudrait dire que tout ce que Houphouët a fait, c’est le Pdci qui l’a fait. Il n’a fait qu’appliquer les idées du Pdci-Rda. C’est nous qui avons ouvert le pays aux étrangers et on l’illustre à travers cette image. « Quelqu’un achète un costume à Paul et un bouton des manches du costume se coupe et Pierre te donne un bouton. Mais cela ne sera pas juste de dire que c’est Pierre qui t’a acheté le costume », Ceci pour dire qu’aujourd’hui, un parti politique ne peut pas prétendre aimer plus les étrangers que le Pdci parce c’est nous qui les avons fait venir à partir d’une immigration contrôlée et correcte, où les gens respectent les lois du pays et les us et coutumes des Ivoiriens. Le problème qui se pose, c’est que le Pdci n’est pas xénophobe contrairement à ce que des gens disent. J’ai aimé le discours de Mme Bédié face aux femmes musulmanes qui sont allées la rencontrer. Donc Bédié n’est pas xénophobe, le Pdci n’est pas xénophobe. Le Pdci n’a jamais exclu des gens du travail parce qu’ils, n’étaient pas Pdci. Si le Pdci agissait comme cela, depuis 1990, le Fpi n’allait plus exister. Quand j’étais ministre de la Santé, le Chef de la Banque Mondiale était Fpi, mais nous ne l’avons pas chassé. Ceux qui parlent d’exclusion, c’est maintenant et sous leur ère que nous vivons l’exclusion. Ils disent quand on n’est pas Rhdp, on ne peut pas être directeur dans l’Administration. Au moment où j’accorde cette interview, des gens sont harcelés. On leur demande de quitter leur poste s’ils ne veulent pas venir au Rhdp. Ce n’est pas une vie. Que les étrangers fassent attention et oublient les discours qui les montent contre le Pdci-Rda. Nous entendons çà et là que si le Pdci vient au pouvoir, nous allons chasser des étrangers. Nous ne chasserons personne encore moins les étrangers car c’est nous qui les avons fait venir. Nous serons ensemble avec tout le monde et nous vivrons comme on vivait avant. Les gens parlent de xénophobie, tout le monde constate aujourd’hui ce qui se passe. Le Pdci, c’est la réconciliation vraie. Quand le Pdci va gagner les élections, nous ferons un gouvernement d’union nationale. Nous allons appeler toutes les régions sans exclusion autour du candidat du Pdci qui sera élu pour réconcilier les Ivoiriens. Parce qu’on peut faire 90 ponts ou faire 40 mille kilomètres de goudron, mais ce sont les hommes qui doivent être au centre de la gouvernance.
Votre mot de fin.
Moi, je n’ai pas été ministre ou collaborateur d’Houphouët-Boigny, mais un élève d’Houphouët-Boigny. Donc Houphouët m’a formé. Une fois, j’étais avec Houphouët et nous regardions la télévision et nous avons vu l’armée entrer dans un temple cirque en Inde et c’était une dame qui était présidente. Et le président Houphouët a sursauté et il a dit qu’elle courait à sa mort. Et j’ai dit au président pourquoi vous dites cela. Et il m’a dit que l’armée, c’est les cirques. Un mois, jour pour jour, il y a eu un attentat à travers une gerbe de fleurs et elle est morte. Le président Houphouët-Boigny n’a pas appris la politique, il fait partie des acteurs de l’histoire contemporaine. Nous étions en France, tous les hommes politiques que l’on connaît défilaient chez Houphouët. Même pour le problème entre Mitterrand et Chirac. Donc moi, j’ai côtoyé Houphouët, j’ai été son élève et il m’a formé. Il a toujours dit qu’il n’y a de richesse que d’homme. C’est pourquoi il disait que nous ne sommes pas un parti socialiste mais nous pratiquons le social le plus hardi. Si tout ce que l’on fait n’est pas orienté vers l’homme, on a échoué. L’argent d’accord, mais l’homme d’abord. Mais pour l’instant, la gouvernance humaine du Rhdp n’est pas bonne parce qu’il n’y a pas de réconciliation et le Pdci veut utiliser son génie pour réconcilier les Ivoiriens. Les gens se rendent compte aujourd’hui qu’ils ont fait un coup d’Etat inutile contre Bédié. Ce coup d’Etat nous a apporté la rébellion et beaucoup de souffrances. Lorsque nous quittions le gouvernement, le taux de pauvreté était à 33% et il est à 43% aujourd’hui quand on veut arranger. L’espérance de vie était vers les 60 ans, aujourd’hui, elle est à 43 ans. Mais tout cela, le président Bédié a pardonné et le Pdci veut revenir au pouvoir pour réconcilier les Ivoiriens parce que tant qu’il n’y aura pas de réconciliation, on ne pourra pas bouger. Nous avons géré et nous savons qu’il y a quelques erreurs car personne ne gère sans erreur. L’erreur est humaine mais persévérer dans l’erreur est diabolique. Quand on fait le bilan de la gouvernance du Pdci, ce qui est bon pour le Ivoiriens est nettement supérieur à ce qui n’était pas bon pour les Ivoiriens. Que les Ivoiriens votent le Pdci pour qu’il revienne au pouvoir.
Entretien réalisé par PAUL KOFFI, DIARRASOUBA SORY, LANCE TOURE ET JEROME N’DRI