Pdci-Maurice Kakou Guikahué révèle: «Des gens voulaient tordre le cou aux textes, le BP n’a pas accepté et le BP était dans ses droits»
Après la 111ème session du secrétariat exécutif du Pdci-Rda, mardi 26, juin au siège dudit parti à Cocody, Pr Maurice Kakou Guikahué, chef de file de cette structure, fait le point dans cette interview. Il fait aussi des éclairages sur le dernier Bureau politique du 17 juin 2018.
M le ministre, vous venez de présider la première réunion du secrétariat exécutif, après le Bureau politique du 17 juin 2018. Quels sont les sujets dont vous avez discuté?
Nous avons étudié 3 dossiers majeurs. D’abord, les candidatures pour les élections municipales et régionales. Nous avons rappelé les critères et les dossiers à fournir. Nous avons sensibilisé les groupes de travail. Vous savez que nous avons fait 6 groupes. Il y a une équipe dirigée au Sud, par le député Bodi Théodore, une équipe au Centre dirigée par le maire Noel Akossi Bendjo, l’équipe de l’Ouest montagneux a pour tête, Dr Lénissongui Coulibaly, l’équipe de la zone Nord est l’affaire de Dénis Kah Zion, l’Est est dirigé par Niamké Koffi et l’Ouest par Kouamé Kra. Chaque équipe comprend à peu près 4 à 5 membres du secrétariat exécutif. Nous avons vu le chronogramme et la méthode de travail à mettre en place. En ce qui concerne le 2ème dossier, nous avons parlé de la mise en place de la Jpdci scolaire et estudiantine. Nous allons commencer par les grandes écoles et universités. Nous avons rappelé le comité national pour ces élections et avant la fin de la semaine, nous allons faire une réunion technique pour lancer cette opération. Nous avons surtout parlé en profondeur de l’opération de supervision du recensement électoral. Nous avons passé en revue toutes les difficultés. Nous nous sommes rendu compte que ça a été une très bonne chose d’avoir supervisé et qu’il faut y mettre encore beaucoup d’ardeur. Nous avons aussi les chiffres de la Commission électorale indépendante. Globalement, il y a 46% de nouvelles personnes qui se sont inscrites sur le total global de près de 950 000. Il y a près de la moitié qui sont des personnes qui ont changé de lieu de vote, mais les nouveaux sont autour de 430 000. Donc, nous avons pensé qu’il faut faire un travail supplémentaire pour les années à vernir. Et nous nous sommes saisis du dossier de recensement électoral pour en faire une activité phare. Pour ne pas attendre le dernier jour pour se précipiter et donc d’en faire une activité pérenne. Nous avons aussi parlé du Bureau politique et le communiqué final est connu de tout le monde et nous avons réorienté nos objectifs après ce Bureau politique qui est la préparation de la victoire d’un militant du Pdci Rda à l’élection présidentielle de 2020, qui est la feuille de route. Le président étant le mandataire exclusif pour continuer de mener les discussions dans le cadre du Rhdp auquel le Pdci a adhéré et auquel le Pdci appartient. Nous sommes actuellement dans un groupement politique Rhdp et le Pdci réaffirme son adhésion à ce groupement politique. C’est l’évolution vers le parti unifié qui a été reporté après les élections de 2020, sinon, le groupement politique demeure et le Pdci y est.
En ce qui concerne le premier point de l’ordre du jour, pouvez-vous rappeler la date du dépôt des candidatures…?
Le dépôt des candidatures a commencé aujourd’hui (Ndlr: mardi 26 juin 2018) et se termine le mardi 3 juillet. On a donné une semaine pour que les uns et les autres déposent leurs dossiers. Du 4 au 9 juillet, ce sont les délégués qui vont recevoir les candidatures. Ils vont faire le conditionnement mais les missions auront lieu du 13 juillet au 22 juillet. Donc tous les 6 groupes que j’ai cités vont essaimer tout le territoire national pour faire des réunions. Je vous rappelle le principe. On va à des réunions de consensus. Dans une délégation, cette réunion est présidée par un membre du secrétariat exécutif et non un membre local de telle sorte que ce soit transparent et impartial, parce que parfois, les gens font des réunions et quand le délégué fait le procès verbal, des gens protestent. Donc, on veut une personne neutre qui va aller présider cette réunion et nous ramener le procès verbal. Et s’il y a des consensus, tant mieux, c’est ce qu’on souhaite. Mais, s’il n’y a pas de consensus, nous allons organiser des élections primaires qui auront lieu le samedi 4 août.
M le secrétaire exécutif, dans les résolutions du Bureau politique, le président Bédié doit continuer de discuter avec les alliés pour 2020. Que devient alors le Comité de haut niveau?
Mais, c’est fini. Vous savez que dans nos textes, le président peut créer autant de commissions ad-hoc pour étudier des dossiers, de la même façon, il a donné une délégation du Pdci au Comité de haut niveau, qui a fait son rapport au Bureau politique. Donc, le Comité a cessé d’exister et le président prend les choses en main.
Quelle est la réalité pour aller à ces élections locales. Est-ce toujours en Rhdp quand on connait les problèmes évoqués par certains cadres?
Le président Bédié l’a dit: on va aux élections municipales et régionales en Rhdp. C’est le principe de base, mais au lieu d’imposer des circonscriptions, on demande que les bases aillent au consensus. Donc, partout où les uns et les autres s’entendent pour aller en Rhdp, on va en Rhdp. Mais là où il y a des difficultés pour s’entendre, on va individuellement. C’est ce qui a été décidé. Comme ça, les gens ne vont plus nous accuser de les avoir lésés. Il leur appartient de prendre leur destin en main, de discuter sur le terrain. Maintenant, si le Rhdp ne marche pas et qu’ils pensent qu’ils ne peuvent pas y aller, ils s’arrêtent. Mais si le Rhdp n’a pas marché et qu’il veulent aller aux élections, ils sont libres d’ y aller. Donc, ce n’est pas d’autorité qu’on affecte quelqu’un.
Monsieur le ministre, beaucoup pensent qu’il faut proroger le recensement électoral…?
Honnêtement, nous avons souhaité une prorogation de 48h. Parce que tout le monde sait que le premier jour, il y a eu des drames à Abidjan. Mais, il y a quelqu’un qui est mort à Ouragahio et à Guibéroua. Il y a quelqu’un qui est mort dans la région d’Agboville. Donc, les morts, ce n’était pas qu’ à Abidjan. Il y a eu des intempéries partout. Les voies des campements étaient coupées. Donc, les lundi et mardi, ça a été très difficile. Certains agents apprenaient à manipuler la tablette. C’était donc les réglages. Je peux dire que le recensement a bien commencé à partir de mercredi. Donc, il serait bon qu’on ajoute ces deux jours perdus. On a fait la demande. Si la Cei et le Gouvernement n’ y accèdent pas, bon… Mais, nous pensons qu’il fallait ajouter ces deux jours.
Au niveau de la commune du Plateau, des cas de fraudes sont dénoncés. Est-ce que le Pdci a pris des mesures pour cela?
Le dossier a été transmis à la Cei. Le secrétaire exécutif du Pdci chargé des Elections a été entendu. On attend incessamment la décision de la Cei.
Après le Bureau politique, conformément à la feuille de route du séminaire de Bingerville, quels sont les grands chantiers auxquels le Pdci va s’attaquer?
C’est la préparation des élections en commençant par les élections municipales. La mobilisation des militants qu’il faut mettre en position d’un parti qui veut gagner les élections. Il faut aider les gens sur le terrain pour le recensement électoral, pour faire les pièces, il y a beaucoup de choses à faire. Donc, maintenant, c’est un grand chantier qui est ouvert. Nous allons exécuter un certain nombre de tâches, vous les saurez au fur et à mesure.
Monsieur le secrétaire exécutif, au sortir du Bureau politique, un certain nombre de cadres du Pdci ont été déboutés par rapport à leur vision de l’avenir du parti. Est-ce qu’il y a un message que le parti a à leur endroit?
Le Bureau politique est un organe du parti. A des moments précis de la vie de notre formation politique, on va en réunion du Bureau politique. Il n’y a jamais eu autant de réunions que par le passé. Depuis le 12ème congrès en octobre, nous étions au 7ème Bureau politique. Ça veut dire qu’en 5 ans, il y a 1 à 3 Bureau politique qu’on a fait par an. Donc, c’est une routine. Chaque fois qu’il y a une situation politique et qu’on veut interroger les militants, le Bureau politique, c’est l’organe de décision du parti entre deux congrès. Et il est chargé d’exécuter les décisions du congrès, de veiller à la ligne que le congrès a décidée. Donc le Bureau politique se réunit régulièrement. Et là, un problème était posé. En 2005, le président a fait adhérer le Pdci au Rhdp à Paris. Au retour à Abidjan, on a fait un Bureau politique qui a entériné. En 2014, le président a lancé l’Appel de Daoukro, on est venu faire un Bureau politique qui a entériné. De la même façon, il a signé un accord de création d’un parti unifié, le Bureau politique devait se réunir pour entériner. C’est ça le jeu démocratique. Donc, le Bureau politique a joué le rôle qui était le sien parce que le Bureau politique n’a pas compétence sur tout. Le Bureau politique a joué son rôle de suivre le président du parti qui est un organe, il inspire la politique. Le Bureau politique a endossé l’accord politique, il ne l’a pas refusé. Et il a pris acte de tous les documents. Les compétences du Bureau politique s’arrêtaient là. Il n’y a que le congrès qui peut adopter des statuts. Donc, ceux qui pensaient que le Bureau politique devait adopter les statuts, c’était une mauvaise connaissance de nos pratiques et des textes du parti. Regardez, quand le président a lancé l’Appel de Daoukro, on est venu au Bureau politique. On a entériné, on a accepté. Mais pour que le président Ouattara soit notre candidat, on est parti à un congrès. Parce que le 12ème congrès nous avait donné mandat de présenter un militant actif du Pdci à la présidentielle. Comme on voulait changer, on est parti au congrès. Pourquoi le Bureau politique n’a pas tranché pour dire que Ouattara est notre candidat? Le congrès extraordinaire a eu lieu le 28 février et a changé la résolution pour dire qu’on change la résolution de militant actif à la candidature du président Ouattara et après, on est allé à la convention. C’est exactement la même chose. On a accepté l’accord mais l’étape d’adoption des textes ne peut se faire qu’au cours d’un congrès. Or les autres voulaient tordre le cou aux textes, c’est ce que le Bureau politique n’a pas accepté et le Bureau politique était dans ses droits. Le Bureau politique ne s’est pas donné des compétences particulières. Je connais par cœur mais je vais vous lire les articles. Je vous lis l’article 34. « Le congrès entend le rapport moral du président du parti, le congrès définit la politique général du parti, le congrès vérifie les comptes du parti, le congrès élit le président du parti, le congrès adopte les statuts ». ça veut dire que si tu adoptes les statuts au Bureau politique, mais un jour, tu vas élire le président au Bureau politique. Chaque organe a sa fonction particulière. Et le Bureau politique qui vient après le président dit que « le Bureau politique, c’est l’organe de décision entre deux congrès. Il se réunit sur convocation du président du parti. Il est chargé, sous l’autorité du président du parti, d’exécuter les résolutions et décisions du congrès et de suivre leur application. De veiller à ce que l’orientation politique générale du parti soit conforme à celle définie par le congrès ». Est-ce que le congrès nous avait dit qu’on allait faire le parti unifié. Donc, si on doit le faire, on doit aller interroger le congrès. Ensuite, on dit établir le règlement intérieur. Donc, il ne faut pas prendre les prérogatives du congrès pour les emmener au Bureau politique. Donc, le Bureau politique a été vigilant. Sinon le Bureau politique pouvait dire d’accord, ça résolvait tous les droits, mais cela allait être une jurisprudence très dangereuse pour le parti. C’est à dire que le parti était ouvert. Je vous donne un autre exemple. On devait aller aux élections. Je le dis pour que les uns et les autres comprennent un peu. Parce qu’on ne vient ex-nihilo, on a un cheminement. On devait aller au 12ème congrès. Dans nos textes, après 75 ans, on ne pouvait pas être candidat. Donc le président du parti était forclos. Mais pourquoi le Bureau politique n’a pas dit qu’il est candidat. Le Bureau politique aurait pu le dire. Nous tous, on voulait que Bédié soit candidat. Moi-même, j’aurais pu proposer cela. Mais qu’est ce qu’on a fait? On est parti au congrès. Et c’est quand on a changé les textes au congrès que Bédié est devenu éligible et Bédié a été élu. Donc, voilà! Ce n’est pas la première fois que des situations se présentent. En tout cas, moi je suis assis ici au siège, je ne fais rien d’autre que le Pdci, je suis le gardien du temple. Donc, s’il y a des réunion du genre, que les gens viennent me demander, je leur dirai comment on fait ou ce qu’il ne faut pas faire. Le Bureau politique, n’avait pas autorité à adopter les statuts du parti unifié. C’est du ressort du congrès. Vous avez vu que tous les autres partis politiques ont fait leur congrès. Le Rdr a fait un congrès, l’Udpci, le Pit ont fait leur congrès. Le Pdci devait faire son congrès, mais le bureau politique du Pdci a décidé autrement. Je vous le dis, ça aussi, c’est une prérogative. « Le congrès est convoqué en session extraordinaire sur initiative du président du parti ou du Bureau politique ». Don, si on peut réduire la durée de l’intervalle du congrès, automatiquement, on peut allonger la durée de la tenue du congrès. ça c’est le rôle du Bureau politique et c’est ce que le Bureau politique a fait. Quand il y a eu des problèmes graves et qu’on devait faire le congrès en 2007, on a prorogé les mandats et on a dit qu’on fait le congrès après les élections de 2010. Donc, c’est exactement la même chose. Il y a une jurisprudence. Donc, que les uns et les autres se calment. Ils ont voulu nous faire faire des erreurs en faisant adopter des statuts à un Bureau politique. Le Bureau politique a été vigilant, parce que les gens maîtrisent les statuts et ils ont dit on reporte tout cela au prochain congrès. Donc, il n’y a plus de palabres, faisons le Pdci, si effectivement, nous sommes tous Pdci.
Propos recueillis par Guy Tressia et D. Sory