Opinion/Sylvain Takoué (pdt du R.F.I.), monte au créneau: «L’alliance Bédié-Gbagbo rendra son âme à la Côte d’Ivoire…»
Que vaut vraiment une République moderne, au moment où la Côte d’Ivoire, qui en est à sa troisième, se dirige dangereusement encore vers une ère apocalyptique annoncée par la présidentielle de 2020, et que, à couteaux tirés, les « faiseurs de pluie et de bon temps » du pouvoir RDR-RHDP unifié s’éreintent, vaille que vaille, à faire triompher, par la terreur et l’autoritarisme, la loi du « j’y suis, j’y reste » ?
Ce que nous voulons dire, c’est que les violences électorales, telles que nous les voyons encore, cette année, depuis les élections municipales et régionales du 13 octobre, jusqu’à qu’aux élections partielles du 16 décembre dernier, annoncent, avant même la présidentielle de 2020, une faillite morale et institutionnelle de la 3ème République ivoirienne.
Pendant que les Ivoiriens en attendent autre chose, c’est-à-dire, comme le dirait l’autre, le progrès pour tous et le bonheur pour chacun, que de se voir ainsi menés et malmenés à coups de violences physiques meurtrières pour de simples questions électorales et d’appartenance politique différente, de quel côté viendra vraiment le salut du pays qui redoute le pire ?
Rappelons que dans un reportage publié, sur lui, par Le Nouveau Réveil du 2 novembre 2018, le président du Sénat ivoirien, Jeannot Ahoussou-Kouadio, a fait une intervention très réaliste de la situation politique alarmante en Côte d’Ivoire, et répond à cette inquiétude partagée par tous.
Voici ce qu’il a dit :
« … Tous les partis politiques doivent pouvoir faire leur introspection pour qu’à travers ce bilan, nous puissions trouver un accord à minima pour faire la politique en Côte d’Ivoire. Et que les élections ne soient pas des occasions d’assassinats, des occasions de destruction de biens…
« Aujourd’hui, faire de la politique en Côte d’Ivoire, c’est tout un risque que tu prends sur ta famille et sur tous tes biens que tu as acquis tout le long de ta carrière professionnelle. Parce que tu forges une opinion, tu donnes une opinion, on va incendier tes biens et tu perds tout.
« Cette manière de faire la politique, il va falloir que tous les partis politiques se retrouvent pour prendre des engagements de paix vis-à-vis de la population ivoirienne…
« C’est pour cela que j’en appelle, en ma qualité de président du Sénat, qui est la chambre des sages, vraiment à la sagesse. Que tous ceux qui ont gagné aient le triomphe modeste et que tous ceux qui ont perdu acceptent leur défaite dans la dignité en disant que la prochaine fois sera la bonne.
« Pour des élections locales, plus de 5 morts, il y a des villes qui sont encore en ébullition. En ce qui me concerne personnellement, je n’apporterai pas mon fagot de bois pour allumer le feu en Côte d’Ivoire.
« Au contraire, je serai auprès du puits pour chercher de l’eau pour éteindre le feu. La situation politique est là, il faut la regarder avec sérénité et qu’on revoie certaines conditions de faire la politique.
« Il y a trop de partis politiques. Nous avons près de 200 partis politiques et quand il y a des élections, ils apparaissent. Quant à la situation des indépendants, il faut légiférer, tout cadrer, aller au parrainage. C’est la liberté, mais cette liberté doit être encadrée. Qu’au niveau des partis politiques, on arrête de se cannibaliser, de se dévorer ».
A la lecture de ces propos, des questions brûlantes enfument les esprits : Sommes-nous, en Côte d’Ivoire, dans une République ou dans un royaume ? Sommes-nous dans un Etat de droit ou sur des terres sauvages, non policées ? N’a-t-on pas, en politique, le droit de penser différemment les uns des autres, sans que le ciel ne nous tombe sur la tête, ou sommes-nous sous l’empire de la pensée unique ? Que dit, sur l’exercice de la démocratie, la Constitution référendaire de 2016, qui a institué la 3ème République ivoirienne ? Aurait-elle dit, dans son esprit et dans sa lettre, cette Constitution, que seul le pouvoir doit exister sans admettre la libre expression de contre-pouvoir, tel que l’opposition ? Ordonnerait-elle que la liberté de penser soit interdite et que, par conséquent, chacun, au sein du peuple, serait contraint de laisser les plus forts, politiquement, faire la pluie et le beau temps en Côte d’Ivoire, au gré de leurs humeurs et intérêts personnels, et en imposer indéfiniment aux faibles ? La souveraineté constitutionnelle du peuple lui est-elle vraiment reconnue dans notre pays ?
Voilà autant d’interrogations et de préoccupations que les Ivoiriens se font aujourd’hui. C’est pour y répondre que notre Mouvement politique, le Rassemblement des Fiers Ivoiriens (R.F.I.), propose un nouveau départ politique en Côte d’Ivoire, à commencer par la réforme en profondeur de la Loi électorale et, aussi, de la Loi constitutionnelle de notre pays toujours en crise de confiance.
Nous avons tous appris, dernièrement, dans l’interview qu’il a accordée à la chaîne publique française France 24, que le Président Henri Konan Bédié a déclaré, à propos de sa prise de contact avec le Président Laurent Gbagbo au sujet de la mise sur pied d’une nouvelle Plate-forme politique actuellement en cours : « Je l’ai informé de ce que nous étions en train de mettre en place une nouvelle Plate-forme. Et il m’a donné son accord pour contacter le FPI ».
Ainsi, nous constatons, tous, que les choses sont claires et avancent dans le sens de la fin d’un cycle d’alliances politiques : En 1995, le FPI a conclu une alliance politique avec le RDR, dénommée le Front Républicain (FR), pour faire face au pouvoir PDCI-RDA. Puis en 2005, le PDCI-RDA a conclu une alliance politique avec le RDR, dénommée le Rassemblement des Houphouétistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP), pour faire face au pouvoir FPI. Aujourd’hui, le PDCI-RDA sera en alliance politique avec le FPI pour contrer le pouvoir RDR version RHDP parti unifié. La boucle sera ainsi bouclée.
Pour nous, Rassemblement des Fiers Ivoiriens (R.F.I.), Mouvement politique qui prône un nouveau départ politique en Côte d’Ivoire par la promotion de l’Hymne national du pays, le cycle politique longtemps incarné par ces trois grands partis (PDCI-RDA, FPI et RDR), prend bientôt fin avec la dernière alliance politique annoncée entre le PDCI-RDA du Président Henri Konan Bédié et le FPI du Président Laurent Gbagbo, à travers la nouvelle Plate-forme initiée par le PDCI-RDA du Président Bédié.
En l’état actuel des choses, nous pensons que l’alliance politique qui pourrait permettre de mettre fin à ce cycle et d’ouvrir un nouveau cycle, pour entamer le nouveau départ politique que nous appelons de tous nos vœux en Côte d’Ivoire, est l’alliance Bédié-Gbagbo, alliance politique qui se trouvera au sein de la nouvelle Plate-forme non idéologique qui se forme en ce moment face aux tenants du pouvoir RDR-RHDP uniformisé en place.
Nous le disons donc sans sourciller, l’avenir de la Côte d’Ivoire est, à coup sûr, du côté de l’opposition clairvoyante, c’est-à-dire du côté de cette Alliance Bédié-Gbagbo qui rendra son âme, presque perdue, à cette Côte d’Ivoire où l’on faisait la politique pure, idées contre idées, projets contre projets, et non la violence armée et la guerre.
On ne peut s’empêcher, dans ces conditions où le terrain politique est devenu un champ de batailles armées en Côte d’Ivoire, de rêver aux propos que tenaient, il y a quelques années, l’opposant malien, Soumaïla Cissé, pour son pays, à travers son livre de réflexion intitulé De Belles années au service de l’intégration.
Voici notamment ce qu’il a écrit:
« Notre pays peut s’enorgueillir d’avoir réussi à maintenir une stabilité politique depuis le début de la Troisième République. Evidemment, comme partout ailleurs, il existe des points de désaccords entre les différents courants politiques. Mais, il n’y aurait rien de pire qu’une vie démocratique « plate », sans critiques ni contestations des pouvoirs en place. Nous avons néanmoins évolué dans nos modes de contestation, et, cela me semble témoigner d’une plus grande maturité politique.
« Nos partis d’opposition peuvent critiquer ouvertement le gouvernement en place, sans que leur leader ne soit emprisonné (…) Nos journaux peuvent suivre, commenter et critiquer l’action gouvernementale. Il est important que nous puissions maintenir ces importants acquis. Les règles de désignation des membres de la commission électorale doivent être transparentes, les différents partis doivent pouvoir débattre projet contre projet dans le respect de leurs identités respectives, les critiques doivent être constructives, et, bien sûr, les journaux doivent relayer l’information qu’ils souhaitent auprès de l’opinion publique (…)
« Le renforcement de la démocratie passe également par une participation plus active de l’opposition et de l’opinion publique aux débats d’idées. (…)Les citoyens auraient ainsi plusieurs éclairages sur les politiques que nous menons : celui du gouvernement en place, mais également celui des membres de l’opposition.
« Sur les grandes questions stratégiques, celles qui engagent l’avenir du pays sur le moyen terme, il est nécessaire que les politiques prennent l’avis de nos opinions publiques. Comme j’ai eu l’occasion de l’évoquer, nos compatriotes doivent pouvoir exprimer leurs vues sur des sujets fondamentaux tels que (…) l’organisation de la solidarité nationale dans le cadre des politiques sociales adaptées, de lourds programmes d’investissements, etc.
«La démocratie s’appuie également sur la qualité et les compétences des hommes qui consacrent leur temps à la vie publique. Nous avons de nombreux hommes et femmes talentueux au Mali. Certains de nos compatriotes expatriés sont reconnus au niveau international. Faisons en sorte qu’ils soient attirés pour servir le pays, accueillons ceux qui ont de l’ambition pour le pays, faisons en sorte que les divergences soient utiles pour améliorer la gouvernance publique. Il n’y a rien de plus désagréable pour des responsables politiques que la « docilité » excessive dont peuvent faire preuve les personnes de leur entourage. Je fais davantage confiance à ceux de mes collaborateurs qui sont discrets, francs et qui expriment leurs points de vue sur les dossiers sans s’interroger sur mes états d’âme. Cela n’empêche pas le respect et la courtoisie.
« Les hommes politiques ont surtout besoin de personnes compétentes qui les aident à prendre les décisions utiles au pays. Pourquoi ne pas envisager que les nominations de certains hauts fonctionnaires, ainsi que celle des ministres, soient soumises à l’approbation des commissions de notre assemblée nationale ? Cela incitera le pouvoir en place à proposer ceux qu’on juge les meilleurs pour les postes à occuper. Les candidats seraient interrogés par les députés sur leur projet, leur programme, leur vision et leur approche de la gouvernance de la sphère dont ils auraient la responsabilité. La transparence encourage la paix politique.
« Enfin, la démocratie s’appuie sur le respect des règles que nous nous sommes fixées. Ces dernières années, des pays de l’UEMOA ont pu être tentés par la nécessité de modifier les règles constitutionnelles relatives au nombre de mandats du président de la République. Un président, celui du Niger, y a perdu son poste. Le cas ivoirien est plus complexe, mais là aussi, une partie de la population a pu éprouver le sentiment qu’elle n’était pas légitimement représentée (…) Deux mandats constituent une durée raisonnable pour mettre en œuvre un programme, un projet. Il est important que les hommes et les femmes ayant en charge la destinée d’un pays se renouvellent ».
Ainsi, pour la Côte d’Ivoire du nouveau départ et de tous les espoirs, il ne s’agit plus de rêver seulement, chacun agrippé à son ambition politique personnelle, mais d’agir ensemble, au sein de la nouvelle Plate-forme version Bédié, pour préserver, en 2020, la Côte d’Ivoire de la réapparition du spectre redoutable de la terreur. Car, Houphouët-Boigny l’a dit, « la paix, ce n’est pas un vain mot, mais un comportement ; sachons la préserver ».
Si Houphouët-Boigny, qui a accepté la réinstauration, en avril 1990, du multipartisme, est redevenu la référence politique et idéologique de nos faiseurs actuels de pluie et de beau temps du RDR-RHDP unifié, que font-ils, eux, de ses enseignements de sagesse, qui exhortent à préserver la vie humaine, justement au moment même où l’on assiste encore, comme en 90, à une montée raisonnable d’opinions politiques pluralistes différentes dans le pays, pour lui redonner son âme de République constitutionnalisée et ancrée sur les valeurs humaines édictées dans l’Hymne national du pays, et sur les libertés démocratiques ?
Sylvain Takoué,
Président du
Rassemblement des Fiers Ivoiriens (R.F.I.)