Nouvel opérateur corrompu, conflit de compétence entre ministère et Oni: Vers la prorogation des anciennes Cni en Côte d’Ivoire ?
Malgré le choix d’un opérateur, « rien n’est réglé ». Mercredi 10 avril en conseil des ministres, le gouvernement a pris une décision allant du choix de l’opérateur technique qui va produire les nouvelles pièces d’identité à la période de démarrage de l’opération. La société belge Semlex a eu la caution de l’état ivoirien.
Sont concernées, un peu plus de six millions de CNI qui arrivent à échéance fin juin 2019. Elles avaient été établies en 2009 par audience foraine afin de répondre au mieux aux exigences de la présidentielle de 2010. Au moins 200 milliards de FCFA avaient été nécessaires à la production de ces cartes.
La convention signée entre l’Etat de Côte d’Ivoire et la société Semlex était attendue de longue date. Elle a été retardée par des difficultés et des incompréhensions entre le ministère de l’Intérieur et l’Office national d’identification (Oni), apprenons-nous d’une source introduite qui évoque des rapports tendus entre le ministre et le Dg de cette structure sous tutelle. Comme illustration de cette mésentente, les réseaux sociaux ont régulièrement relayé un communiqué émanant du ministère de l’intérieur et indiquant les pièces à fournir pour le renouvellement des cartes. Communiqué vite démenti par l’Oni, jalouse de ses prérogatives en matière d’identification. L’affaire est si préoccupante qu’à l’Oni, on s’étonne de la convention signée avec Semlex sans qu’on y associe véritablement l’Oni qui a pourtant été la cheville ouvrière du registre national des personnes physiques.
Quelle est la capacité du nouvel opérateur à respecter ses engagements en matière de production de pièces fiables ? A l’Oni, on n’en sait pas grand-chose. Et notre source d’ajouter que la structure s’apprêtait elle-même à se donner les moyens techniques pour faire la production quand elle a été l’objet d’une sorte de croc-en-jambe. Toutefois, on est simplement convaincu qu’en un mois, il est impossible, au regard des lenteurs administratives et du déploiement du nouvel opérateur qui prendra du temps, que le gouvernement n’aura d’autre choix que de proroger les délais de validité des cartes orange actuellement en vigueur.
Autre préoccupation, à peine son marché gagné que Semlex est déjà sous les feux de la rampe. La société belge selon l’agence anglaise Reuters citée par lalibre.be, un site belge, aurait une réputation assez sulfureuse. Elle est citée dans une affaire de corruption en République démocratique du Congo (Rdc) où elle produit des passeports biométriques dont le coût est renchéri par des pots de vin versés à des pontes du pouvoir de Joseph Kabila. 60 dollars par passeport reviendraient à la société d’un proche de Kabila et l’état congolais n’encaisserait que 65 dollars et 60 à Semlex. Les autorités ivoiriennes étaient-elles informées de ces agissements au moment du choix de ce nouvel opérateur ?
Une chose est sure, pour le porte-parole du gouvernement, ‘’le système que propose Semlex est dimensionné pour produire au moins 36 millions de cartes pendant la durée du contrat dont 12 millions pendant les deux premières années’’. C’est pourquoi elle a été préférée à trois autres sociétés à l’issue d’un appel d’offres restreint qui a mis en compétition outre Semlex, la franco-ivoirienne Zetes / Snedai, la française Idemia et l’hollandaise Gemalto.
Connectionivoirienne.net