Mévente des noix de cajou: Le groupe parlementaire indigné, «invite le Gouvernement à trouver des moyens appropriés pour l’achat de toute la production des noix de cajou»
Ce mercredi 17 avril, le groupe parlementaire a produit une déclaration relative à la mévente des noix de cajou, malgré les mesures du gouvernement. C’était au siège du Pdci-Rda à Cocody.
DECLARATION DU GROUPE PARLEMENTAIRE PDCI-RDA RELATIVE A LA MEVENTE DES NOIX DE CAJOU
Le Conseil des Ministres, lors de sa session du mercredi 06 février 2019, a annoncé l’ouverture de la campagne 2019 de commercialisation de noix cajou avec un prix plancher bord champ fixé à 375 Fcfa/Kg. La campagne 2019 a démarré ainsi le 15 février 2019, avec un prix en baisse de 125 FCFA soit 20% par rapport à 2018.
Pour cette campagne 2019, des mesures ont été annoncées afin de développer la transformation, de maintenir l’équilibre de la filière et d’optimiser les revenus des producteurs. Ces mesures tiennent, notamment, à l’amélioration de la qualité marchande, au financement durable des acteurs de la commercialisation et au renforcement des mesures incitatives pour l’augmentation du taux de transformation locale.
Malheureusement, force est de constater une mévente bord champ des noix de cajou. Cette mévente se caractérise par le non-respect des prix fixés mais surtout par la rareté des acheteurs. En effet, pour cette campagne 2019, le prix fixé aux planteurs qui est de 375 FCFA par Kilogramme n’est pas respecté par les rares acheteurs qui se présentent dans nos campagnes. Les prix proposés aux bravent producteurs varient entre 100 et 250 FCFA selon les localités. Ainsi, malgré la forte paupérisation de nos concitoyens qui vivent de cette culture, aucune mesure sérieuse n’est prise par le Gouvernement pour trouver des solutions durables à cette situation qui perdure depuis la campagne 2018. Les producteurs se trouvent donc livrés à eux-mêmes dans une misère qui va crescendo.
C’est pourquoi le Groupe parlementaire PDCI-RDA tient à rappeler que dès l’accession de notre pays à l’indépendance, le Président Felix Houphouët BOIGNY, père fondateur de la Côte d’Ivoire moderne a fait le choix de baser l’économie nationale sur le secteur agricole. Ce secteur a été très rapidement le moteur de la croissance économique de la Côte d’Ivoire. Les principales cultures de rente sont le café, le cacao, l’hévéa et le palmier à huile dans les zones forestières, le coton et récemment l’anacarde dans les zones de savane. Aujourd’hui encore, ce secteur demeure la principale source de richesse du pays, lui conférant un poids économique et une puissance agricole en Afrique et dans le Monde.
L’anacarde qui a été introduit comme plante de reboisement dans les zones de savanes du centre et du Nord de la Côte Ivoire s’est avéré être une source de diversification agricole dans notre pays. En effet, la noix de cajou, produit de l’anacardier est commercialisée avec beaucoup de succès dans les pays asiatiques, américains et européens.
Le rôle stratégique joué par cette filière dans notre économie n’est plus à démontrer. En effet, la production nationale de noix de cajou est passé de 180 000 tonnes en 2005 à 715 000 tonnes en 2015 et à 761 000 tonnes en 2018, faisant de la Côte d’Ivoire, le premier pays producteur mondial de noix de cajou. Cette filière touche directement 450 000 producteurs et fait vivre indirectement environ 4 500 000 ivoiriens.
Afin de rendre cette filière plus performante, l’Etat de Côte d’Ivoire a procédé à la réforme des filières coton et anacarde en 2013 en introduisant un nouveau cadre institutionnel avec la loi n°2013-656 du 13 septembre 2013 qui crée le Conseil du Coton et de l’Anacarde en remplacement de l’ARECA. Cette réforme vise l’amélioration des performances de la filière par :
• La recherche dans la filière ;
• L’encadrement des planteurs ;
• L’organisation du circuit de commercialisation ;
• L’accroissement de la transformation locale ;
• L’organisation des acteurs et la gouvernance de la filière.
Cette réforme en termes de résultats attendus devrait permettre d’assurer un prix rémunérateur aux producteurs (60% du prix CAF) et faciliter l’écoulement de leur récolte.
Cependant, nonobstant quelques avancées observées notamment l’accroissement de la production, l’objectif principal de garantir un prix rémunérateur aux producteurs n’est pas atteint et les planteurs peinent à écouler leurs récoltes. Plus grave, le prix officiel bord champ de la noix de cajou n’est pas respecté et ce, dans l’indifférence du Gouvernement.
Le Groupe parlementaire PDCI-RDA constate, en effet, avec regret que face aux difficultés actuelles des producteurs, aucune solution ni aucun secours ne sont proposés par le Gouvernement qui garde un silence incompréhensible sur cette grave conjoncture dans la filière.
Au regard de cette situation dramatique le Groupe parlementaire PDCI-RDA :
- interpelle le Gouvernement sur la misère que vivent les producteurs d’anacarde dans nos campagnes ;
- invite le Gouvernement à trouver des moyens appropriés pour l’achat de toute la production des noix de cajou ;
- exhorte le Gouvernement à garantir le prix d’achat qu’il a lui-même fixé à 375 FCFA/KG et à mettre en place une politique plus efficace pour assurer la première transformation d’au moins 50% de la production au niveau local.
Le Groupe parlementaire PDCI-RDA, dans ces moments de difficultés, apporte son soutien aux producteurs abandonnés à leur propre sort et les assure que le PDCI-RDA, Parti fondé sur les bases du Syndicat Agricole Africain, se tient à leurs côtés et sera leur porte-voix partout où besoin sera.
Dans cette perspective, comme pour l’affaire du riz avarié, le Groupe parlementaire PDCI-RDA adressera une question orale avec débat au Ministre de l’agriculture et du développement rural et à son collègue de l’Industrie sur la commercialisation et l’industrialisation dans la filière anacarde afin que tous les Ivoiriens soient informés sur la gouvernance de cette importante filière.
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Fait à Abidjan le 17 Avril 2019
Pour le Groupe Parlementaire PDCI-RDA
L’Honorable ADI Kouamé Isac