Maurice Kakou Guikahué catégorique: «Si le représentant du Président de la République est dans la Cei, c’est la violation flagrante de la Constitution»
Pr Maurice Kakou Guikahué, chef du Secrétariat exécutif du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (Pdci-Rda), après des séances de travail avec les délégués et coordonnateurs des Grand Conseil par zone politique, a fait le point et s’est exprimé sur l’actualité du pays. Guikahué explique pourquoi le Président de la République et le Ministre de l’Intérieur n’ont pas droit à des représentants à la CEI… Constitution encore violée. Entretien.
Monsieur le Secrétaire exécutif, vous avez reçu pendant toute la semaine des délégués et coordonnateurs de zones du Pdci-Rda. De quoi s’est-il agi pendant ces rencontres ?
A la dernière réunion du Bureau politique du 27 juin 2019, le président du parti avait instruit le secrétaire exécutif du Pdci-Rda à l’effet d’effectuer sans délai des missions à l’intérieur du pays pour rencontrer les différentes zones politiques. C’est en application de cette instruction que nous avons tenu ces réunions. Parce qu’il a dit sans délai. Nous avons donc rencontré les responsables politiques par zone, à savoir les délégués départementaux et communaux, les coordonnateurs du grand conseil régional, les coordonnateurs de zone, les vice-coordonnateurs de l’inspection de chaque zone. Nous avons fait 6 réunions, parce que nous avons 6 zones : l’Ouest montagneux, l’Ouest, le Sud, le Centre, l’Est et le Nord. Nous avons expliqué aux uns et aux autres que nous venons en mission chez eux et qu’il fallait qu’ils puissent être informés pour préparer la mission et puis sensibiliser le public cible qui se compose comme suit: les délégués départementaux et communaux, les permanents des délégations parce qu’ils jouent un rôle important, tous les membres du Bureau politique, les membres du comité des sages, les membres du grand conseil régional de chaque zone, tous les secrétaires généraux de sections, les présidentes des Ufpdci, les coordonnateurs des Jpdci. Tous ceux-là doivent se retrouver en un lieu précis. Pour la zone. A l’Ouest montagneux, nous avons choisi la ville de Duékoué, pour la zone de l’Ouest, c’est la ville de Daloa, au Centre, c’est Daoukro, au Nord, Katiola, le Sud, nous serons à Abidjan. Nous ferons la réunion à la maison du Pdci à Cocody. Et à l’Est, c’est Abengourou. Ces missions vont avoir lieu du 20 juillet au 31 Aout. Donc, tous les week-ends, nous serons à l’intérieur du pays. Mais, nous commençons par Abidjan le 20 juillet prochain et nous terminons à Katiola pour le Nord, le 31 Aout. Les autres réunions sont dans l’intervalle.
Vous démarrez un autre programme de rencontre avec des structures du Pdci-Rda, la semaine prochaine ?
Les rencontres de la semaine prochaine, c’est pour parler des diligences que le président nous a confiées. Si vous vous rappelez, dans le communiqué final, le président a donné un certain nombre de diligences au secrétaire exécutif qui tournent autour des questions judiciaires, des cotisations, de l’immatriculation, la budgétisation des activités du parti. J’ai été également mis en mission pour finaliser la plateforme avant la prochaine réunion du Bureau politique. Mais également d’actualiser toutes les commissions techniques nationales. Donc, je rencontre toutes les structures du parti : les jeunes, les femmes, le comité des sages, les élus, les parlementaires, les élus locaux, les inspecteurs et les membres du conseil de discipline pour échanger avec eux sur comment chaque structure peut prendre sa part dans l’exécution de ces diligences.
En retour qu’est ce que les délégués et coordonnateurs de zone vous ont dit, pendant les précédentes rencontres ?
Ils étaient heureux. Il y avait deux façons de faire ces réunions. J’aurais pu les convoquer tous à Abidjan, zone par zone. Mais, on a préféré se déplacer. Ils ont vu que c’était un grand moment de mobilisation. Parce que le secrétaire exécutif dans une zone, indépendamment de la réunion, il y a d’autres choses qu’on peut faire. Ils sont heureux, ils sont en train de préparer les réunions. Et en perspectives, je pense que nous aurons de très belles rencontres.
Est-ce qu’à ce jour, tous les problèmes de coordination au niveau de certains délégués sont résolus ? Et puis est-ce que dans les zones ou les délégués n’étaient encore choisis, sont désormais pourvues ?
Aujourd’hui, tous les délégués sont choisis. Lors des dernières nominations, le président a choisi tous les délégués, mais nous allons surtout avec pour objectif d’harmoniser les activités des responsables politiques du terrain. C’est-à-dire que nous allons parler pour que tous ceux qui gravitent dans une délégation, se mobilisent autour du délégué, pour travailler. Mon rôle, c’est d’aller leur parler en donnant le rôle statutaire de chacun. Parce que dans nos statut, chacun a son rôle. Le secrétaire de section, c’est défini, le délégué, c’est défini, le membre du Bureau politique, on sait ce qu’il fait, le grand conseil, c’est défini. C’est de leur rappeler leur mission et comment, ils peuvent se mobiliser autour du parti dans la délégation qui est le délégué, qu’on appelle communément, le préfet du président du parti. Donc, c’est autour du délégué que tout s’organise. On ne veut plus des activités parallèles, dispersées et on va même demander au délégué de faire l’effort de recenser tous les groupes de soutien qui opèrent sur leur territoire. Il faut vraiment que le délégué maitrise tout cela. Parce qu’après les groupes de réflexion qui ont une envergure nationale, un groupe de soutien à un parti politique a un encrage et comme le territoire est subdivisé en délégations, chaque groupe de soutien doit être rattaché à une délégation pour aider la délégation. Donc, c’est tous ces dossiers que nous allons aborder et également, nous allons faire l’inventaire des conflits. Si ce sont des conflits faciles, le passage du secrétaire exécutif peut les régler. Le principe étant qu’on dort dans la ville et après la réunion, on dort à nouveau. Les 48 heures qu’on passe dans la ville à l’occasion de cette réunion peuvent nous permettre de régler des problèmes. Mais, on va recenser tous les problèmes et on va les soumettre à l’appréciation du président et on pense après, organiser des missions ponctuelles avec des vice-présidents et certaines personnalités du parti pour aplanir tous les différents, parce que nous allons à la conquête du pouvoir et il faut que dans notre famille tout soit aplani, il ne faut pas avoir des rancœurs. Moi, je suis traditionnaliste. Quand vous allez à la chasse au filet, si vous n’êtes pas unis des accidents surviennent au cours de la chasse. C’est la raison pour laquelle, quand, nous étions jeunes, qu’on devait aller à la chasse au filet, il y avait une fourche sur le filet. On pose la fourche et on étant le filet. Et chacun vient enjamber le filet en disant ce qu’il a sur son cœur. Et quand vous allez à la chasse, n’ont seulement, elle est fructueuse, mais, il n’y a pas d’incident. Mais si vous allez à la chasse avec des rancœurs, non seulement la chasse n’est pas fructueuse, mais c’est là-bas que vous avez tous les accidents. Donc, on va vraiment mettre la paix dans le parti. Certains nous ont quitté, nous qui restons, on doit être soudé comme de vrais frères, solidaires pour aller à la conquête du pouvoir. Parce que nous n’allons pas participer aux élections pour participer, nous partons pour gagner les élections. Donc, on va se donner les conditions psychologiques et morales de gagner les élections pendant qu’on va chercher les conditions matérielles, parce que les finances et les matériels seulement ne suffisent pas. Je dis toujours : il y a des gens, vous leur donnez un milliard, ils transforment ça en poussière. Il y en a d’autres, vous leur donnez un million, ils transforment ça en or. Donc, au départ, c’est la conviction, la solidarité, le personnel politique au beau fixe avant d’aller injecter de l’argent dans la campagne.
Vous dites que vous allez en 2020 pour gagner, mais il y a au niveau de la Cei un problème. La composition a été adoptée en conseil des ministres, alors que votre parti n’est pas d’accord ?
Quand on prépare une élection, c’est tout qu’on prépare, même si vous avez la meilleure des Cei, que vous n’existez pas, vous ne pouvez pas gagner les élections. Donc, pendant que vous discutez des dossiers nationaux, il ne faut pas s’oublier. Parce que si les gens accèdent à vos demandes et que vous avez la Cei comme vous la voulez et que vous n’avez pas de militants, vous ne pouvez pas gagner l’élection. Donc, on est sur tous les fonts. Selon les commentaires qui ont été faits, nous nous souhaitons une Cei indépendante et nous allons nous battre pour que cela soit. C’est-à-dire que les responsables opérationnels de la Cei : le président, les vice-présidents, les secrétaires doivent être neutres, choisis par appel à candidature. Et puis, à côté, il y a un comité qui comprend les représentants des partis politiques qu’ils soient de l’opposition ou du pouvoir et leurs représentants dans un comité de contrôle et de vérification du processus. Avec voix non délibérative. Alors que le gouvernement nous donne une mouture mais qui va nous rejoindre dans tous les cas. Parce que la mouture telle qu’elle a été présentée, présente de la discrimination. Ils mettent dedans, le représentant du président de la République et du ministre de l’intérieur. Ceux-ci, ont voix délibérative, mais, ils n’ont pas le droit d’être candidats. Mais c’est la discrimination. Tous les ivoiriens sont égaux. Pourquoi, eux, ils ne peuvent pas être candidats ? Donc, s’ils n’ont pas le droit d’être candidat à la présidence de la Cei, ça veut dire qu’ils posent problème, donc, il faut les sortir. Le gouvernement lui-même vient donc de dire que c’est deux là, n’ont rien à voir dans l’opérationnel de la Cei. Si le gouvernement trouve qu’ils ne doivent pas se porter candidats, ça veut dire qu’ils posent problème, ils n’ont qu’à sortir.
Pourquoi ils posent problème ?
Les deux posent problème parce qu’historiquement, le représentant du ministre de l’Intérieur ne doit même pas être dans la commission. S’ils étaient là avant, c’est parce que la Côte d’Ivoire avait une commission de sortie de crise. Comme on ne se faisait pas confiance, on a mis tout le monde dedans. Maintenant qu’on est sorti de crise et qu’on fait une commission électorale indépendante qui doit être neutre, impartiale et indépendante, le représentant du ministre de l’Intérieur ne doit pas y figurer. C’est historique. C’est contre le ministre de l’Intérieur qu’on a crée la Cei, parce qu’on a dit que le ministre de l’Intérieur, n’était pas crédible, il ne devait pas organiser les élections. Donc, s’il ne peut pas organiser les élections, il doit être loin des élections. Donc, en temps normal, le ministre ne doit pas avoir de représentant dans la Cei, parce que c’est contre lui qu’on a fait la Cei. Soyons logiques. Si le ministre de l’Intérieur est dedans aujourd’hui, c’est que tous les arguments qu’on avait développés avant, c’était des mensonges, or c’est contre lui qu’on a fait la Cei. Et c’est le Pdci qui était au pouvoir. Donc, nous, on est droit de dire qu’hier, on a dit qu’on peut faire confiance au ministre de l’Intérieur. L’opposition d’alors a dit : non, on ne doit pas lui faire confiance. Donc, le Pdci dit : bon, à partir du moment où le ministre de l’Intérieur n’organise plus les élections, il n’a plus rien à voir dans l’organisation des élections, en temps normal. C’est historique pour être logique avec nous-mêmes, nous les politiques. Pat ailleurs, les gens du Rdr, ne peuvent pas se taper la poitrine pour dire que ce sont eux qui ont fait venir la Cei et s’arcbouter sur la participation du ministre de l’Intérieur, en ce moment, ils ne sont pas logiques. Ça veut dire qu’ils sont mus par d’autres motivations que la réalité. Donc, on ne voulait pas du ministre de l’IQNT2RIEUR ? LE MINISTRE DE L4Int2rieur, ne doit pas y être. Voilà la raison historique. Nous avons l’avantage d’être un parti ancien. Nous, on a traversé le temps, donc, on ne parle pas au hasard et on ne fait pas les choses au hasard. Voici ce qui emmène le Pdci a dire que le représentant du ministre ne doit pas être dans une Cei en temps normal. Maintenant, s’il doit être là forcement que le Rhdp nous dise qu’on est en temps de crise.
Qu’en est-il du représentant du Président de la République ?
Le représentant du président de la République ne peut plus y être. Il y était et il pouvait y être par la Constitution de 2000 qui avait écrit noir sur blanc que le chef de l’Etat, ne peut pas diriger un parti politique. Donc, même s’il a une opinion politique, que son parti politique est au pouvoir, mais lui, il est au dessus des partis et il appartient à tous les ivoiriens. En ce moment là, étant la clé de voute du système, il peut avoir un représentant. Mais le 8 novembre 2016, on a changé de Constitution et on a cassé cet article, on l’a biffé. Et un président de la République, aujourd’hui avec notre Constitution, peut être chef de parti politique, la preuve, Alassane Ouattara, président de la République est le président du parti Rhdp unifié. Donc, comme le parti unifié Rhdp, sera dans la commission, Alassane Ouattara y est. Donc, il ne peut pas être dedans en tant que président, une fois de plus. Ça fait une surreprésentation. Donc, c’est la constitution même qui sort le président de la République de la Cei. S’il est dedans, c’est anti constitutionnel parce qu’il est partisan. Or la Cei doit être indépendante, neutre, impartiale. Indépendant vis-à-vis de qui ? Visa à vis des partis politiques et du pouvoir. Donc, le représentant du président de la République se trouve déjà dans le Rhdp. Donc, lui, il ne peut pas avoir une double représentation, voilà pourquoi le Pdci veut que le Président sorte de la Cei. C’est la logique. Si le représentant du Président est dans la Cei, c’est la violation flagrante de la Constitution.
L’opposition va-t-elle saisir la Cour africaine des droits de l’homme ?
Mais c’est bien la Cour africaine des droits de l’homme qui a fait son arrêté. Et ils ont demandé en conclusion que le gouvernement doit leur rendre compte de l’application de cet arrêté. Donc, le gouvernement va leur rendre compte. Mais comme le porte-parole du gouvernement dit qu’ils ne sont pas tenus par cet arrêté, on ne sait pas ce qui va advenir. Mais, nous, vraiment, c’est Dieu qui nous a visités et à un moment donné, on a dit qu’on ne participait pas aux réunions, parce qu’on nous a convoqué autour d’un arrêté auquel nous croyons et sur la base duquel, on travaille et le gouvernement dit qu’il n’est pas tenu de respecter l’arrêté. Donc, pourquoi il nous convoquait ? C’était pour nous perdre le temps. Aujourd’hui, le Pdci est très content d’avoir arrêté sa participation aux réunions. Maintenant, il y a certains de l’opposition qui sont allés cautionner ce qui s’est passé et aujourd’hui, ils disent qu’ils ne sont pas contents. C’est bien fait pour eux.
Vous avez parlé tantôt de plateforme, à quand la mise en place ?
La plateforme est en constitution. Les journalistes, vous êtes toujours pressés de savoir. Vous serez invités quand on va mettre la plateforme en marche. Mais ça ne saurait tarder, parce que ça fait partie des diligences que le président Bédié m’a confiées d’urgence. Ensuite, il a dit de faire aboutir le dossier de la Cei, mais collaboration avec la plateforme Eds et le parti Lider. Donc, j’ai eu des diligences claires que je dois exécuter assez rapidement. Donc, nous sommes à la tache.
L’opposition tient un meeting ce samedi pour dénoncer la situation qui prévaut en ce qui concerne la Cei et… ?
Et pour la carte nationale d’identité (Cni). C’est tous ceux qui veulent que la Cni soit gratuite. C’est pour dénoncer toutes ces choses et dire pourquoi, la Cni doit être gratuite.
Le président Bédié séjourne en France, comment se présente son calendrier ?
Au fur et à mesure que le président va poser des actes, vous serez informés. C’est vous qui allez rendre compte. Donc, il est arrivé, il s’est reposé. La semaine prochaine, il va commencer à faire des activités. Il y a des activités qui sont médiatisées et il y a d’autres qui ne sont pas médiatisées.
A quand la rencontre entre le président Bédié et le président Gbagbo à Bruxelles ?
Je n’en sais rien encore.
Avez-vous un mot à l’endroit des militants du Pdci-Rda?
Je demande aux militants de rester sereins et à l’écoute des mots d’ordre du parti. Nos avocats vont interjeter appel, après ce qui vient d’arriver au président de la Jpdci urbaine. C’est un jugement. C’est nous qui avons fait ce pays, donc, nous ne sommes pas des gens qui bafouillent la Constitution. On dit que nous sommes dociles, nous respectons, mais c’est parce que c’est nous qui avons fait les choses, c’est nous qui avons mis l’Etat en place. Donc, on respecte les règles. Il a été condamné, on va faire appel. Donc, il faut qu’ils nous fassent confiance, mais que nos secrétaires de sections et responsables de comité, comment à recenser les membres de leurs bureaux pour qu’ils s’immatriculent. C’est très important. Il faut reconstruire le parti. Certains nous ont quittés, mais il faut occuper les places et reconstruire le parti. Avec des militants solidaires et de conviction qui en veulent.
Le ministre Assoa est passé au fauteuil blanc du Nouveau Réveil jeudi dernier, il a évoqué le rapprochement entre le Pdci et le Fpi, comment avez-vous apprécié les propos du ministre Assoa Adou, secrétaire général du Fpi?
Je n’ai pas à commenter les propos du ministre Assoa Adou, mais il a dit que par rapport à la Cei, la priorité, c’était la réconciliation. Et il a dit qu’ils sont prêts à aller aux élections, c’est une très bonne chose. Donc, moi, ce que je veux dire, quand il dit que la réconciliation est la priorité, la Cei est dedans, parce que la réconciliation, ce n’est pas des mots, c’est autour de quelque chose. Donc, si on fait une Cei consensuelle et tout le monde est content, c’est un début de réconciliation. Donc, une Cei consensuelle à laquelle tout le monde a confiance, donc gage d’élections crédibles, transparentes, pacifiques, voici la réconciliation. Donc tout rentre dans la réconciliation. Ce n’est pas parce que tu dis à quelqu’un : je suis réconcilié avec vous que vous êtes réconciliés. Quel acte tu poses pour montrer que vous êtes réconciliés. Donc, dans sa croisade pour la réconciliation, la Cei est dedans. Parce que si tu fais la réconciliation et qu’il y a tension à la Cei, c’est que ta réconciliation n’est pas achevée.
Entretien réalisé par Guy Tressia et Diarrassouba Sory