L’opposition annonce des activités d’envergure: «Alassane Ouattara veut proclamer l’empire, la Côte d’Ivoire a besoin d’une révolution démocratique pour dire stop à ce gouvernement» (Bamba Moriféré)
Bamba Moriféré (pour les 24 partis de l’opposition significative) et Yasmina Ouégnin (pour les 3 groupes parlementaires de l’opposition), les principaux animateurs de la conférence de presse, ont répondu aux questions. Mais avant, Bamba Moriféré a déclaré ceci : « Comme vous le savez, cette conférence de presse se tient à un moment très grave de l’histoire de notre jeune démocratie. Depuis l’avènement de monsieur Alassane Ouattara à la magistrature suprême, il y a un recul démocratique dans tous les domaines, des arrestations arbitraires, vous avez ici des députés qui ont été embastillés en dépit de leur immunité parlementaire. Encore, il y a quelques jours, le responsable de la jeunesse du Pdci-Rda a été arrêté et nous apprenons aujourd’hui qu’il lui est interdit de s’exprimer publiquement. Ces arrestations arbitraires se font en dépit de tout Etat de droit, j’observe d’ailleurs que certaines de ces arrestations sont opérées par des forces parallèles encagoulées. Pire, malgré la crise que notre pays a connue avec plus de 3000 morts, voilà que malgré l’insistance de l’opposition pour que la Cei, soit discutée de manière tripartite entre les partis de l’opposition d’une part, les partis soutenant le gouvernement d’autre part et la société civile, malgré cela, le régime vient d’opérer un passage en force. C’est devant cette situation que les groupes parlementaires de l’opposition et les partis politiques, se retrouvent pour unir nos forces et engager la résistance face à ce qui ni plus ni moins est la tentative d’instauration d’une dictature en Côte d’Ivoire».
La question de la Cei
Pour Bamba Moriféré, ce qui intéresse l’opposition, c’est « la reforme et non de la recomposition de la Cei» comme indiqué par la Cour africaine des droits de l’homme. Et d’ajouter : « Ce que le gouvernement nous sert, ne nous convient pas du tout et nous n’avons pas participé à ces rencontres qui ont eu lieu. Et vous observerez que non seulement les organisations politiques significatives n’ont pas participé à ces débats, mais mêmes les partis politiques qu’Alassane Ouattara a choisi, qui ont participé à ces débats, (si vous regardez le compte rendu, vous verrez que ces partis), n’étaient pas d’accord avec le projet du gouvernement. Donc pour nous, ça a été une mascarade que nous avons vu venir parce que nous n’étions pas d’accord avec l’objet et le contenu. Et chaque fois, le gouvernement a dit qu’il fallait faire la recomposition, pour nous, il s’agit d’une réforme. Ça veut tout simplement dire que le gouvernement dès le départ était de mauvaise foi, il avait déjà préétabli son programme, il voulait passer en force. Il ne restait plus à monsieur Alassane Ouattara de proclamer l’empire, puisque son intention, c’est de s’autoproclamer en 2020. Il veut avoir une commission électorale à ses ordres. On vient de vous parler du parlement qui est transformé en chambre d’enregistrement, il en est de même pour le conseil constitutionnel. Il lui restait demain à nommer à sa guise, un président de la Cei et puis de s’autoproclamer en 2020. C’est pourquoi, nous allons organiser la riposte. C’est ça qui nous reste. La bataille politique, nous la ferons. L’histoire de la Côte d’Ivoire, ne commence pas aujourd’hui, nous avons une longue histoire de lutte et nous lutterons. Ce sont les conclusions que vient de lire Yasmina Ouégnin, en disant que nous devons maintenant nous retrouver entre les partis politiques, l’opposition parlementaire, la société civile pour dire stop à ce gouvernement. C’est ce que nous allons faire et moi, je peux vous dire que le peuple ivoirien vaincra. Ça, je peux vous le dire ».
Bamba Moriféré s’est voulu clair : «Oui, c’est une révolution. La Côte d’Ivoire a besoin d’une révolution démocratique… Nous sommes aujourd’hui en recul et vous constatez vous-mêmes que le peu d’acquis démocratique qui a été obtenu de haute lutte, monsieur Alassane Ouattara est en train de les arracher…». Bamba Moriféré, dénonçant certaines pratiques au niveau de l’école, le niveau de la dette qui selon lui est « abyssale, exponentielle », s’est interroger « qui va payer ça ». Pire, il dira que « l’avenir des générations futur est compromis, mais pour régler ça, c’est une révolution. Une révolution démocratique, c’est bien de ça qu’il s’agit ».
La députée de Cocody, Yasmina Ouégnin, porte-parole du collectif de l’opposition parlementaire, a poursuivi en ces termes : « samedi, c’est la première activité (Ndlr : le meeting d’Anono). Elle se tiendra, que nous soyons dix ou dix milles. Parce qu’il faut bien commencer par la première marche de l’escalier si on veut le gravir. Samedi à 9 heures, au stade d’Anono, tous les ivoiriens, tous les amis de ce pays, tous les habitants de ce pays, tous les citoyens qui se sentent concernés par cette question de la carte nationale d’identité, qui a entrainé des luttes, des crises dans la décennie précédente. N’ayons pas la mémoire courte, il y a eu des drames dans ce pays, parce qu’il y avait des problèmes liés à la carte nationale d’identité, à la preuve de son appartenance, à la preuve de sa citoyenneté. C’est un sujet qui concerne toutes les populations … Mobilisons nous tous… car trop, c’est trop. Nous n’arrivons plus à nous faire entendre au sein de l’hémicycle, nous les 95 députés des groupes parlementaires de l’opposition…». Enfin, a indiqué Yasmina Ouégnin, il y aura « une activité chaque week-end jusqu’ à ce que nous ayons gain de cause. Il ne s’agit pas d’une action sporadique…».
Propos recueillis par G.R OMAEL et D. Sory