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Après mort de l'influenceur Alino Faso
Les relations ivoiro-burkinabè au plus bas

Au Burkina Faso, plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées mercredi 30 juillet au mémorial Thomas Sankara, à Ouagadougou. Objectif : réclamer, entre autres, une autopsie indépendante après le décès en détention de l’influenceur Alino Faso, six mois après son arrestation à Abidjan.

Selon le procureur ivoirien, il s’agirait d’un suicide, mais les autorités burkinabè contestent cette version, évoquant un « assassinat crapuleux ». Cette affaire pourrait avoir des répercussions sur les relations diplomatiques entre la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso. Alain Traoré, de son vrai nom, était détenu depuis janvier et poursuivi par la justice ivoirienne pour « intelligence avec des agents d’un État étranger » et « complot ». Sa mort a été annoncée dans un communiqué du procureur de la République ivoirien, précisant qu’Alino Faso se serait suicidé. Une thèse que mettent en doute les autorités burkinabè. « Mépris pour la famille de l’influenceur et pour le peuple burkinabè » : c’est en ces termes que les autorités du Burkina Faso ont réagi, lundi 28 juillet, au décès de l’influenceur burkinabè survenu en détention à Abidjan. L’affaire risque-t-elle d’aggraver des relations diplomatiques entre la Côte d’Ivoire et le Burkina ? Pour Amadou Coulibaly, porte-parole du gouvernement ivoirien, « ça ne peut être pire que ce que c’est déjà », a-t-il déclaré au correspondant de RFI à Abidjan.  Pour le porte-parole du gouvernement ivoirien Amadou Coulibaly, les relations avec le Burkina «ne peuvent être pire que ce que c’est déjà» « Maintenant, pour ce qui est des accusations du Burkina, nous ne sommes pas à la première accusation. Jusqu’à présent, nous attendons encore les preuves des attaques ou plutôt des tentatives de déstabilisation qui ont été annoncées par ce pays, ami et frère, contre les autorités qui sont à sa tête actuellement. Donc, je ne voudrais pas engager de polémiques, je ne voudrais pas faire plus de commentaires que cela sur ce décès malheureux. Il est simplement regrettable que l’on veuille exploiter à des fins politiques le décès d’un être humain. C’est un homme qui est mort, c’est une famille qui est impactée. Et cela en rajoute, je dirai, à la tristesse de cet événement, c’est malsain de vouloir l’exploiter à d’autres fins », a poursuivi le Ministre ivoirien.

 La société civile ivoirienne réclame une enquête indépendante

Du côté de la société civile ivoirienne, des réponses sont également attendues. Le Mouvement ivoirien des droits de l’homme (MIDH) appelle les autorités à diligenter une enquête indépendante, afin de déterminer les causes exactes de la mort d’Alain Traoré ainsi que les raisons de sa détention à l’école de gendarmerie plutôt qu’à la prison centrale. « Nous profitons du malheur survenu à l’école de gendarmerie qui a emporté M. Traoré Alino Faso pour interpeller le gouvernement sur les conditions de détention dans les prisons et autres lieux de garde à vue en Côte d’Ivoire », déclare Drissa Bamba, président du conseil d’administration du MIDH, à notre journaliste du service Afrique, Guillaume Thibault. L’organisation s’interroge notamment sur son lieu de détention. « Dans notre communiqué, nous faisons un point sur les motifs de l’incarcération ou de la garde de Monsieur Alino Faso à l’école de gendarmerie. Nous nous interrogeons ! Pour ce que nous savons, il était prévenu et, n’ayant pas été condamné, nous ne comprenons pas comment il peut se retrouver à l’école de gendarmerie, avec les implications que cela pourrait avoir entre les deux États ». « Nous demandons justement au gouvernement une enquête plus élargie, transparente e.t impartiale. Il faut qu’en Côte d’Ivoire, la justice s’épanouisse du pouvoir exécutif », conclue-t-il

Par A. SELFOUR avec RFI