Monsieur le secrétaire exécutif, que répondez-vous à ceux qui disent que les meetings ne sont pas efficaces pour faire fléchir le pouvoir en place ?
Maurice K. Guikahué : Quand on partait pour le Parc des sports, on a dit qu’on allait faire d’autres meetings. Après le meeting de la place Ficgayo, on va annoncer le lieu d’un prochain meeting. Donc ça veut dire qu’on a un programme de manifestaions.Maintenant on peut dire qu’il y a plusieurs moyens de lutte. Mais en dehors des meetings, on a une panoplie des actions démocratiques et comme on est indépendant, on choisit la nature de nos actions à mener. Ce ne sont pas les gens qui nous diront ce qu’on doit faire. Peut-être que le jour des marches va arriver mais pour le moment, ce sont les meetings parce que nous avons un message à faire passer.
Quelle est votre position par rapport à la question de la CEI ?
Concernant la CEI, nous voulons une CEI consensuelle. Nous n’y sommes pas car elle n’est pas consensuelle. Or dans la Commission centrale, en dehors du rhdp et quelques partis de l’opposition et de la société civile, le PDCI-RDA et ses alliés de la CDRP, le FPI et ses alliés d’EDS n’y sont pas. Nous avons refusé de faire partie de cette commission. Ily a également la question des Commissions locales. Si tu retires le PDCI de Bédié et le FPI de Gbagbo, qui fait le tour de la Côte d’Ivoire ? Donc s’ils font des Commissions locales, c’est du faux. Ça veut dire qu’ils vont prendre les gens du rhdp pour les faire passer pour l’opposition. Le jour où vous verrez une situation, vérifiez car vous ne verrez jamais la signature du PDCI et du FPI.Autre anomalie dans cette CEI, c’est que la société civile est au niveau central et on demande aux structures qui ont proposé des gens au niveau central de proposer leurs représentants au niveau local. Mais la société civile n’est pas au niveau local. Donc la société civile n’est pas représentée au niveau local. Nous voulons donc une CEI consensuelle, équilibrée, neutre, impartiale et indépendante.
Quel commentaire faites-vous après que vous avez été déboutés par la Cour africaine des droits de l’homme à propos de la composition actuelle de la CEI ?
Vous dites qu’on a été débouté par la Cour africaine des droits de l’homme concernant la CEI. On a opposé une requête au Conseil constitutionnel et l’exploit est signé par l’actuel président de la CEI qui était en ce moment le secrétaire général du Conseil constitutionnel. Donc il est juge et partie .Il nous déboute, il signe et derrière la maison, il devient président de la CEI. Donc face à cette situation, on a posé plainte à Arusha. Quand nos avocats sont partis à Arusha, ils ont posé la requête qui a été jugée recevable. Ensuite, on a posé la requête au mois d’août. Or la Cour africaine fait son calendrier au mois de janvier en ce qui concerne les affaires à juger. Ils auraient pu dire on attend 2020 pour vous programmer. Mais, ils ont fait de la place et à leur session suivante en novembre, ils ont inscrit nos dossiers. Cela veut dire que le problème qui est posé est reconnu. Mais la question qui se pose est est-ce qu’on a raison ou pas. Comme nous allons vers une année électorale, pour aller vite, on a demandé à la cour de suspendre l’application de cette loi. Donc il y a deux requêtes. Celle relative à la mauvaise qualité de la loi et la suspension de cette loi à polémique. Ils nous répondent que le fond sera examiné lors d’une prochaine réunion.
Monsieur le Secrétaire exécutif, quelles sont les raisons du report de la date du meeting annoncé pour le 14 décembre 2019 ?
Le report du meeting, ce n’est pas lié à l’arrivée de Macron. Pour ce qui est du retour de Guillaume Soro, c’est aujourd’hui (hier) qu’on l’a appris, ce n’est pas du tout lié et puis, il n’est pas encore arrivé. Pour le report du meeting, nous avions écrit à la mairie de Yopougon avec le choix de la date du 14 décembre 2019. Et j’ai reçu une lettre du maire qui me dit que la place Ficgayo étant occupée pour le 14 décembre, il m’informe que ce lieu est déjà réservé à une autre manifestation. Par conséquent, il ne peut répondre favorablement à notre requête. Donc, on ne peut pas aller faire le meeting par la force. Nous nous sommes alors concertés rapidement, nous et les services du secrétaire général Assoa Adou qui était à l’extérieur et on a choisi la semaine suivante, c’est-à-dire le samedi 21. Pendant ce temps, on nous avait dit que Macron arrivait ici du 9 au 10 décembre. Ça veut dire donc que ce report n’a rien à voir avec l’arrivée de Macron. Quand j’ai reçu la lettre du maire et après concertation avec les services d’Assoa Adou, j’ai demandé le même jour la place Ficgayo, pour la date du 21 décembre. Maintenant, le 21 arrive, on nous fatigue. On a Ficgayo, c’est pour nous, on en fait ce qu’on veut, donc le 21 décembre, le meeting aura bel et bien lieu à la place Ficgayo à Yopougon.
Monsieur le secrétaire exécutif en chef du Pdci, où en êtes-vous avec l’affaire du logo du Pdci-Rda ?
La question du logo du Pdci-Rda est une affaire de justice, c’est bien engagé. En Côte d’Ivoire ici, c’est une question &Frar&. Donc ils ne peuvent pas juger, ils sont incompétents. Voici quelqu’un qui est parti à l’école jusqu’ à maitriser le droit et face à un petit problème, il dit qu’il est incompétent. C’est comme si on m’emmenait un enfant à l’Institut de cardiologie et moi en tant que cardiologue agrégé, professeur titulaire, je dis que je suis incompétent. Ça veut dire que je n’ai pas eu une bonne agrégation. Ils disent qu’ils ne sont pas compétents, on cherchait donc comment faire et Dieu aidant les gens, un matin, on apprend qu’il y a une réunion du Rhdp à Paris avec notre logo. Donc, nous avons saisi les avocats pour dire qu’il y a quelqu’un qui va usurper notre logo. Allez-y faire un constat d’huissier. Ce qui a été fait. Après, on est allé voir le juge qui a trouvé que c’était vrai et il a enrôlé l’affaire. Donc, aujourd’hui, le tribunal de Paris a accepté de juger l’affaire. Je ne vous dis pas le jour pour ne pas que les sorciers entrent dedans. Ce qui est sûr, entre le Rhdp et nous, il y a jugement à Paris sur notre logo. Comme c’est le cas des gens qu’on évacue quand il y a des maladies graves, on a évacué notre dossier à Paris. Donc le dossier est en cours. Quand tu es dans un parti avec des gens, quand tu quittes le parti, tu as quitté. Le logo appartient au parti. Donc, celui qui dit qu’il était Pdci et comme il est parti, il doit s’en aller avec le logo, il fait preuve d’une inculture politique.
Mercredi dernier, le Gouvernement a lancé l’opération de délivrance des cartes d’identité à 5000 fcfa, mais vous continuez de réclamer la gratuité ?
Nous, on demande la gratuité. Aujourd’hui, je vais vous donner le coût de la carte d’identité. Je prends quelqu’un qui n’a jamais eu de jugement (extrait de naissance). Pour avoir ce document, il faut débourser 17 000fcfa. Je suis député, je sais de quoi je parle. Il faut le certificat de nationalité : 5000 fcfa et la carte d’identité elle-même 5000fcfa, ça fait 27 000, plus les 3 photos : 1000fcfa, cela fait 28 000 sans le transport de deux témoins et du requérant. Ainsi que les rendez-vous à honorer pour avoir les différents documents. Donc, c’est un dossier complexe. Nous qui sommes des enfants de paysans, nous connaissons ce problème. C’est la raison pour laquelle, on a dit qu’il faut faire ces cartes d’identité gratuites. Dans 20 jours, la Côte d’Ivoire devient pays émergent. Mais un pays émergent où des gens n’ont pas de pièce. Et qui ne peuvent jamais les avoir. Qui peut débourser 35 000 fcfa pour avoir une carte d’identité ? C’est pourquoi, nous on a demandé que cette pièce soit gratuite pour diminuer les frais. Ensuite, nous avons voté l’an dernier une loi qui permettait de régulariser la situation de ceux qui n’ont jamais eu de jugements supplétifs. Ce qui induit des audiences foraines avec le concours des sous-préfets et des juges. On nous a fait voter en urgence, parce que c’était urgent. Pendant un an, il n’y a pas eu de décret d’application. Il a fallu le 18 novembre, parce que ça expirait à minuit, pour que le groupe parlementaire Pdci fasse une déclaration pour dénoncer cette situation pour qu’une semaine après, le président prenne le décret d’application de cette loi. On a perdu un an. Donc, quand on fait l’analyse, on a l’impression que les gens ne veulent même pas qu’on ait les pièces ici en Côte d’Ivoire. Sinon, si la loi avait été appliquée pendant un an, tout le monde aurait eu son jugement aujourd’hui. Mais nous plaidons, car quelque chose qui est payant peut devenir gratuit. On n’a pas encore commencé et Assoa a dit que tant qu’on marche, le balancement des bras ne s’arrête pas. Donc, nous, on lutte.
Vous continuez de réclamer la réforme de la Cei. Ne pensez-vous pas que vous prêchez dans le désert puisque la Cei mise en place fonctionne ?
Quelqu’un a dit : est-ce qu’on ne prêche pas dans le désert ? Mais prêcher dans le désert, ça a eu des résultats. Quand David a prêché, qui est arrivé, n’est-ce pas Jésus ? Quand Jean-Baptiste parlait, on a dit : il prêche dans le désert, mais n’est-ce pas Jésus qui est arrivé ? Donc, nous allons prêcher et quelque chose va sortir derrière. On va gagner les élections, c’est ça qui est le Jésus qui est derrière. Donc, il faut que les gens nous écoutent. J’ai l’impression que les gens n’ont pas d’arguments solides. On dit que c’est parce que l’opposition n’a pas fait de propositions qu’elle n’est pas venue à la réunion. Donc, est-ce pour cela que l’on va faire une Cei déséquilibrée ? On a dit de recomposer la Cei et de façon équilibrée. Que l’opposition vienne ou pas, elle finira par applaudir si c’est bien fait. Et puis, ça c’est ce qu’on appelle attrape nigaud, car il y a une résolution importante qui a été inscrite dans les résolutions pour ceux qui ont discuté, mais aujourd’hui, ils ont été désabusés. Je dis merci au Fpi, à Eds et aux autres partis de la CDRP d’avoir tenu comme nous, d’avoir été fermes et de n’avoir pas cautionné des choses qui ne sont pas bonnes. Dans les discussions, il est ressorti que le président de la Cei ne doit pas être proche du pouvoir.
Pr Kakou Guikahué, en tant que médecin, quelle est votre lecture de la déclaration du chef de l’Etat disant que la nouvelle Constitution lui permet d’être candidat ?
Le président Ouattara dit qu’il veut être candidat. Le jour où il pose sa candidature, venez me voir et je vais vous dire ce que je pense.
Est-ce que le Pdci du président Henri Konan Bédié et le Fpi du président Laurent Gbagbo voudront recevoir le président Emmanuel Macron, lors de sa visite en Côte d’Ivoire ? Quelles sont les préoccupations que vous voudriez bien lui soumettre ?
Je dis oui, Emmanuel Macron va nous recevoir, parce que nous sommes ouverts au dialogue. S’il veut nous voir, il nous verra. En tant journalistes, vous serez informés de ce qu’on va lui dire.
Quel est votre regard croisé des meetings du Pdci et du Rhdp à Yamoussoukro, en terme de mobilisation ?
Je suis acteur. A vous de juger. Ce qui m’a fait plaisir, c’est qu’au soir de notre meeting de Yamoussoukro, Rfi a dit « Démonstration de force du Pdci ». Quand le Rhdp a fait son meeting, la même radio a dit « Le Rhdp a fait un meeting ». Je m’arrête-là. C’est vous qui étiez là-bas qui allez donc juger.
Est-ce que votre parti, le Pdci-Rda, pourrait aller aux élections en 2020 si la Cei actuelle reste en l’état ? Est-ce que vous pourriez participer aux élections présidentielles de 2020 ?
Je dis oui, nous irons aux élections. Nous luttons pour que la Cei change. Si d’aventure elle ne change pas, nous allons partir aux élections. Voyez-vous, souvent les gens s’inquiètent que nous ne sommes pas dans la Cei. Si le Pdci et le Fpi de Gbagbo y étaient, on serait 2 sur 17 et ils vont prendre des décisions qui vont nous emmener aux votes. Nous ne voulons pas avoir cela sur notre conscience. Est-ce que tous les candidats indépendants qui viendront seront dans la Cei ? Je dis non. Etre dans la Cei n’est pas une condition pour être candidat. Nous préparons notre candidature et notre élection. Quand j’ai rencontré le président Gbagbo, en présence d’Assoa Adou, il a dit : « Assoa et Guikahué, si vous partez, travaillez ensemble ». Il ajoute : « C’est en marchand qu’on améliore la démarche. Allez disserter ». Donc, si nous savons marcher, quelle que soit la Cei que nous aurons, nous allons gagner. Si tout à l’heure, Assoa Adou a dit qu’on va gagner les élections, c’est parce que nous savons sur quoi nous nous basons. Le Fpi va avoir son candidat, le Pdci va avoir son candidat, Eds et les autres partis vont avoir leurs candidats, ce qui voudrait dire que nous sommes prêts à aller aux élections. Donc, nous préparons les élections. Souvent, des élèves perdent leur temps dans des boîtes de nuit. Si tu ne fais pas attention que tu les suis, tu vas échouer. Le jeune homme est en boîte mais il bosse entre 4h et 6h du matin. Chacun a son programme. S’il y a des gens qui ont mis leur programme sur maîtrise de la Cei. Quant à nous, nous avons mis notre programme sur maîtrise de l’électorat et puis on va avancer. A titre d’exemple, si on va aux élections et Fpi et Pdci sont ensemble à Gagnoa, chez moi, je ne vois pas cet Ivoirien-là qui va aller inverser les résultats là-bas. Donc, Cei d’accord mais mobilisation du terrain d’abord. Je n’en dis pas plus mais nous sommes ensemble et nous allons améliorer.
Si on raisonnait comme des superstitieux, pensez-vous que l’accident des deux hélicos à Katiola pourrait être perçu comme signe annonciateur du déclin du pouvoir actuel ?
Ces hélicos qui ont été achetés avec des deniers publics sont des pertes pour nous. Pour les racheter, il faut encore prendre l’argent des impôts, alors qu’il y a paupérisation. C’est une perte. Souffrez que je vous dise que je ne suis pas superstitieux.
Pourquoi le Pdci et d’autres formations politiques ont décliné l’offre de la Cei ?
Quels sont les contours de la Cei que vous voudriez avoir ?
S’agissant de la Cei, je vais donner une explication un peu plus large. La Cei, nous avons exigé sa réforme. C’est depuis novembre 2016 que l’arrêt de la Cour africaine est tombé. Avant que nous ne quittions le Rhdp, il y a des mouvements pour la réforme de la Cei et puis, le Gouvernement a fait la sourde oreille. Le 06 août 2016, dans son message à la nation, le président de la République a dit qu’avant les prochaines élections, on va réformer la Cei. On va aux élections locales, il nous fait savoir qu’il s’agit des élections présidentielles et non des élections locales. Or, élection c’est élection. On nous dit dans tous les cas ça va venir. Le 21 janvier, le ministre de l’Intérieur nous envoie des invitations pour une réunion à la Primature, présidée par le Premier ministre Amadou Gon. A cette réunion, on veut donner la parole à certains partis politiques au mépris d’autres. Bamba Moriféré prend la parole et dit pourquoi on nous invite individuellement et on donne la parole à des gens et d’autres non. C’est là qu’on nous a dit tout le monde peut parler. Et tout le monde a parlé. Nous avons demandé qu’il faille que le processus soit inclusif. Pourquoi a-t-on invité certains partis et d’autres non ? A la prochaine réunion de début mars, on ne voyait plus rien. Nous avons donc fait une lettre de relance au Premier ministre, suite à laquelle le ministre de l’Intérieur nous a dit d’envoyer nos propositions pour qu’on en fasse la synthèse à la prochaine réunion pour validation. Quand on s’est retrouvé, nous n’avons pas fait nos propositions, parce que nous ne sommes pas des élèves. On ne peut pas faire nos propositions derrière la maison. On doit les faire en face. On discute et on se rend compte qu’on ne sait même pas où aller. On travaille dans le vide. C’est ainsi que le président d’Eds, Georges et moi-même, avons dit qu’il faut créer un cadre de discussions. Mais, pourquoi discuter avec la Société civile et discuter avec les partis politiques à part ? Cela nous perd le temps. Pourquoi ne pas nous convoquer autour de la même table, où il y a Gouvernement, partis politiques, Société civile et discuter pour avancer. Le Premier ministre a proposé que comme ça va dans tous les sens, qu’on lui permette de discuter séparément. Ce que nous avons accepté. On lui a donné notre accord mais pour aller vite, qu’on nous donne un cadre de concertation. Pourquoi ? On discute avec le Gouvernement, on arrête quelque chose, je m’en vais dire une chose et l’autre dit son contraire. On a donc demandé les termes de référence du cadre de discussion. Le Premier ministre a dit qu’il est d’accord qu’il nous ferait les termes de références. On avait attendu jusqu’à ce qu’on lui écrive pour lui dire que le temps passe. C’est au mois de mai que le Premier ministre nous fait convoquer par le ministre de l’Intérieur, sans avoir reçu les termes de référence. Nous avons refusé d’y aller. On lui a écrit que nous ne discuterons pas sans les termes de références. C’est vers la 3ème réunion qu’ils vont dire quelques chose qui n’a rien à voir avec termes de référence. On ne savait pas quels étaient l’objectif, la méthodologie, les résultats attendus. On ne peut pas évaluer nos discussions. C’est pourquoi nous ne sommes pas allés. On a été ferme et on a eu raison. Aux deux premières réunions, Affi nous a suivis. A la 3ème réunion, il est parti. Il est parti et à la fin, il clame sur tous les toits que ce n’est pas ce qu’ils ont décidé. C’est lui qui a cautionné et aujourd’hui, on est en train de souffrir. S’il n’avait pas mis sa tête là-bas, on n’en serait pas là. Il n’a rien apporté, il a plutôt cautionné cette Cei que nous refusons. Il dit qu’il ne fait pas la politique de la chaise vide. Pour que la chaise soit vide, il faut qu’il y ait chaise. Il n’y avait même pas de chaise. On ne sait pas de quoi on discute, sur quoi on discute, on va…Ils ont multiplié les réunions. Après, ils ont sorti leurs résolutions qui ont été condamnées. Même L’Apdh qui a participé à la réunion a fait une conférence de presse…Donc, s’ils ouvrent les discussions, on y va. Nous ne pouvons pas être des faire-valoir. Nous avons dit que les résultats qui en sont sortis ne sont pas bons parce que la Cei est déséquilibrée. C’est comme cela que le secrétaire général du Conseil constitutionnel s’est retrouvé président de la Cei. Il est avec l’actuel président du Conseil constitutionnel, depuis 30 ans. C’était son chef de Cabinet. On ne nomme pas n’importe qui chef de Cabinet. Celui-là qui devient président de la Cei, quand il va proclamer les résultats provisoires, le Conseil constitutionnel va donner les résultats définitifs. C’est blanc bonnet et bonnet blanc. Ils auraient pu tout faire, sauf ça. C’est trop flagrant.
Dr Assoa Adou, SG du Fpi :
Chers amis journalistes, je vous remercie d’être là. Le meeting que nous allons faire le 21 décembre est un meeting extrêmement important. Important pour la Côte d’Ivoire. Moi, je qualifie ça de meeting pour la paix en Côte d’Ivoire, parce que nous courons après la paix, nous cherchons la paix. Pourquoi nous disons ça, depuis janvier 2019, nous avons commencé une campagne pour la réconciliation nationale. Et toutes les formations politiques de Côte d’Ivoire ont été informées, les autorités religieuses ont été informées, le président Bédié a saisi la perche, il a envoyé le ministre Guikahué à Bruxelles et aujourd’hui, le Pdci et le Fpi marchent ensemble, ils luttent ensemble pour que la paix soit restaurée en Côte d’Ivoire. Malgré tout cela, le Rhdp, le président Ouattara demeurent fermes sur leurs positions. Donc, vous avez raison de demander : est-ce que vous ne prêchez pas dans le désert. Non, on ne prêche pas dans le désert. On dit ici que quand la marche n’est pas terminée, le balancement des bras ne s’arrête pas. Donc, nous allons continuer et les meetings sont des formes démocratiques pour exiger des évolutions dans le pays. Dans tous les pays du monde, les meetings font partie de l’expression de la démocratie comme les marches, comme d’autres formes, les sit-in et autres. Donc, il nous appartient de programmer, nous, ce que nous voulons faire. Mais on a programmé ce meeting de Yopougon parce qu’il faut expliquer aux populations où nous sommes arrivés et ce qui se passe. Les réponses que monsieur Ouattara nous a données à Katiola, parce que c’est à nous, qu’il a donné les réponses. La lettre que ses avocats ont adressée aux juges de la Cpi pour interdire que Gbagbo Laurent foule le sol de Côte d’Ivoire, c’est-à-dire que Gbagbo Laurent est devenu un non citoyen. Est-ce que nous allons accepter ça, est-ce que les Ivoiriens vont l’accepter ? Alors, nous avons formé 106 délégations pour sillonner toute la Côte d’Ivoire du sud au nord, de l’est à l’ouest en passant par le centre, pour informer les Ivoiriens. Et au meeting de Yopougon, nous allons leur dire de se tenir prêts pour toute action pacifique pour que Laurent Gbagbo soit autorisé à venir ici en Côte d’Ivoire.
Est-ce que le Fpi de Laurent Gbagbo aura un candidat en 2020 ?
Oui, le Fpi aura un candidat en 2020 et les élections auront lieu et monsieur Ouattara quittera le pouvoir. Nous nous mobilisons pour ça. C’est tout à fait normal, il est au pouvoir, il ne veut pas perdre sa chose, il est arrivé au pouvoir dans les circonstances que vous savez, il avait trouvé une Constitution qui avait été adoptée par référendum avec un code électoral, il a balayé cette Constitution. Il en a fait une autre, une Constitution dans une République démocratique où on nomme des sénateurs, où a-t-on vu ça ? Nulle part. Il a fait sauter la limite d’âge, aujourd’hui où il sait qu’il est en difficulté, il veut réintroduire la limite d’âge. Donc, voyez-vous trop, c’est trop comme disent les Ivoiriens. Et c’est pourquoi, nous faisons ce meeeting. Nous allons enclencher une serie d’actions pacifiques pour que la situation évolue en Côte d’Ivoire. Parce que nous sommes dans une zone dangereuse aujourd’hui, très dangereuse. Pour l’Afrique de l’ouest francophone, tous nos frères du Burkina, du Mali, du Niger et je voudrais adresser notre compassion à nos frères du Niger qui viennent de perdre 71 militaires. Parce que n’oubliez pas, le président Yssouf du Niger est l’un des rares présidents à avoir apporté son soutien au président Gbagbo et qui a saisi le président Ouattara pour lui demander de discuter avec les partisans de Gbagbo en Côte d’Ivoire. Ça nous devrons le savoir. Tous ces pays-là, aujourd’hui, sont en difficulté. Mais quand ils le sont, c’est que nous aussi, nous sommes en difficulté. On dit en Afrique que si la maison de ton voisin brûle, tu ne dis pas que tu n’es pas concerné. Car demain, ça peut être chez toi. Nous avons ici près de 4 millions et demi de Burkinabé, peut-être autant de Maliens, 2 millions presque de Nigériens. Donc nous sommes concernés. Et la meilleure façon de se protéger, d’éviter que la Côte d’Ivoire ne tombe dans la tourmente est d’instaurer une paix durable qui passe par la réconciliation nationale, c’est-à-dire que tous les sujets sont mis sur la table et comme dit Gbagbo, asseyons-nous et discutons. A l’issue de cette discussion, la Côte d’Ivoire va repartir d’un bon pied. C’est ça le sens de notre combat.
A propos des cartes d’identité, je voudrais me référer à ce qui s’est passé en 2011. Les Ivoiriens ne doivent jamais oublier leur histoire récente. En 2011, lorsque la rébellion a décidé de descendre sur toute la Côte d’Ivoire, un objectif majeur qu’ils se sont fixé, dans tous nos départements, mairies, c’était d’aller brûler, déchirer les registres de naissance. Ça a été fait sciemment pour que les Ivoiriens n’aient plus de pièces d’identité. Et qu’ils ne puissent pas faire des pièces d’identité. Et aujourd’hui, on nous demande de faire des pièces. Si vous vous rendez dans votre sous-préfecture ou préfecture, votre registre a été brûlé. A la mairie, il n’y a pas de registres. Il y a quelques départements, il y en a eu qui ont été décuplés, ceux-là ont eu la chance. N’oubliez pas que le président Laurent Gbagbo, face à cette situation, avait donné la gratuité des actes. Mais on était dans la situation ou le pays était coupé en deux. Où toutes les ressources du pays au nord, c’est-à-dire le diament, l’or, le bois, le café, le cacao étaient évacués sur le Burkina-Faso et mis dans des conteneurs à Bobo Dioulasso où il y avait un port sec pour être évacués sur Cotonou ou Théma. Dans cette situation, Gbagbo a dit : quel que soit le cas, ce sont des Ivoiriens, l’Etat va payer et l’Etat a payé. Aujourd’hui, le pays est réunifié, on dit que notre croissance, c’est du jamais vu sur la terre, nous sommes la 5ème puissance économique du monde et on ne peut pas donner, gratuitement, la carte nationale d’identité aux Ivoiriens. C’est une grande escroquerie et nous ne devrons pas tolérer cela.
Etes-vous pour une rencontre entre l’opposition et le président Macron ?
Je commence d’abord par la rencontre avec le président Macron. Effectivement comme vous le savez, la France est notre premier partenaire sur tous les plans. Si le président français vient en Côte d’Ivoire, toute formation politique doit souhaiter le rencontrer pour parler des problèmes de notre pays, surtout que la France s’était ingérée dans les problèmes de la Cote d’Ivoire.
Mme Simone Gbagbo selon laquelle « la vision du Fpi n’est pas Gbagbo mais la Côte d’Ivoire nouvelle » ?
Le Fpi existe, il y a longtemps. Le Fpi a publié un document très important rédigé par feu le professeur Memel Fotai, préfacé par le président Laurent Gbagbo. Actuellement, nous sommes en train de refuser quelques passages, après deux décennies. Ce livre qui être réédité nous montre tout ce qui est la vision du Fpi. C’est qu’on appelle projet de société, ce que le Fpi veut pour la Côte d’Ivoire. Au meeting du 21 décembre, j’en donnerai des éléments. (…)
Mot de conclusion d’Assoa Adou
Chers amis journalistes, merci d’être venus. Nous sommes à un moment où nous devons nous lever et nous battre pour que la paix s’installe définitivement dans ce pays. Pour avoir cette paix, on doit passer par un certain nombre de situations. Premièrement, on l’a dit, on ne le répètera pas assez, il faut que les partis politiques, les organisations de la Société civile se retrouvent pour dire qu’est-ce que nous voulons pour la Côte d’Ivoire. C’est cela qui est important. Il y a eu des éléments après les élections de 2010, les plaies sont encore béantes. Nous parlons de coupeurs de route, de microbes, de dozos, toutes ces questions doivent être traitées. Elles doivent être traitées pacifiquement et revenir à ce que disait Gbagbo Laurent toujours, « Asseyons-nous et discutons ». Nous maintenons cette voie de manière ferme. C’est pourquoi, nous vous invitons à venir, le 21 décembre, à Yopougon où le Pdci et ses alliés, le Fpi et ses alliés vont prendre la parole pour vous dire pourquoi nous devons nous battre mais de façons pacifiques.
Propos recueillis par Dircom