Les marchés d’actions ont vécu, lundi, l’une des pires journées de leur histoire. Pour éviter que cette dégringolade ne pénalise trop l’économie, les Etats pourraient être tentés d’intervenir, comme l’ont fait les Chinois, estime Philippe Escande, éditorialiste économique au « Monde ».
Pertes & profits. C’est le propre des grandes crises. Elles empruntent à leurs prédécesseurs, mais ne leur ressemblent pas. Les opérateurs boursiers s’arrachent les cheveux devant cette conjonction inédite d’une économie stoppée nette par un virus. Ce n’est pas l’éclatement de la bulle Internet en 2000 ni la débâcle financière de 2008. Les remèdes d’alors ne fonctionnent plus. Comme il y a douze ans, les banques centrales ont déversé des centaines de milliards de dollars de liquidités et la Réserve fédérale (Fed, banque centrale américaine) a réduit ses taux d’intérêt à zéro. Mais rien n’y a fait. Pis, la précipitation de la Fed, qui n’a pas attendu sa réunion mensuelle du mercredi 18 mars pour agir, a été interprétée comme un signe de fébrilité. Résultat, les marchés ont plongé comme jamais.
En chutant de près de 13 %, l’indice Dow Jones a rejoint son triste record de la crise de 1987. Et l’Europe avait, le matin, suivi la même pente fatale, avec des baisses de près de 10 % pour le CAC 40 français, le DAX allemand ou le FTSE britannique. Les investisseurs comprennent bien que tout l’argent de la Banque centrale européenne ne fera pas décoller plus d’avions chez British Airways, Air France-KLM ou Lufthansa. Toutes entreprises qui, sans le concours de leurs Etats, pourraient, d’ici deux mois, se retrouver en faillite, puisque leur chiffre d’affaires s’est évaporé en un clin d’œil. Et elles ne sont pas les seules à pleurer. Les grandes banques américaines, pénalisées par cette soudaine baisse des taux américains et une consommation disparue, ont vu leur titre boursier dégringoler de près de 20 %.
Foires aux vanités
Cette décapilotade est un problème pour toute l’économie. L’argent des retraites dans les pays anglo-saxons, celui des assurances-vie en France, sont étroitement dépendant de la santé de la Bourse. Quand celle-ci tousse, c’est toute l’économie qui s’enrhume.