Le Ghana a une nouvelle fois fait honneur à sa tradition d’alternance politique pacifique en élisant John Mahama, candidat de l’opposition, comme nouveau président. Le vice-président sortant et candidat du parti au pouvoir, Mahamudu Bawumia, a reconnu sa défaite dimanche, au lendemain de l’élection présidentielle.
« Le peuple ghanéen s’est exprimé, il a voté et nous le respectons pour le changement en toute humilité », a déclaré M. Bawumia lors d’une conférence de presse à Accra, la capitale. Il a précisé avoir félicité M. Mahama par téléphone. Peu après, M. Mahama a confirmé l’appel, promettant de s’attaquer aux défis économiques du pays.
Avec cette victoire, John Mahama succédera à Nana Akufo-Addo, qui termine son second mandat. M. Mahama devient ainsi le premier président de la Quatrième République ghanéenne à reprendre la présidence après en avoir été écarté par les urnes. Sa vice-présidente sera Jane Naana Opoku-Agyemang, ancienne ministre de l’Éducation, qui devient la première femme à occuper ce poste au Ghana.
Les élections, qui se sont déroulées samedi, ont été marquées par des enjeux économiques cruciaux. Le Ghana, premier producteur d’or d’Afrique et important exportateur de cacao, fait face à une inflation et à un endettement élevés. Le pays a notamment dû solliciter un prêt de trois milliards de dollars du Fonds monétaire international (FMI).
Bien que l’inflation ait été réduite de plus de 50 % à environ 23 %, les électeurs ont manifesté leur frustration face aux difficultés économiques persistantes. Ce contexte a favorisé le retour de M. Mahama, président de 2012 à 2017, malgré ses deux échecs consécutifs à l’élection présidentielle.
Le porte-parole du National Democratic Congress (NDC), Sammy Gyamfi, a annoncé que les estimations internes du parti attribuaient à M. Mahama 56,3 % des voix, contre 41,3 % pour M. Bawumia. Cependant, les résultats officiels de la Commission électorale ne sont attendus que mardi. Bossman Asare, commissaire adjoint de la Commission, a précisé que le dépouillement était toujours en cours.
Un scrutin calme, malgré quelques incidents
Le scrutin s’est déroulé dans le calme, réaffirmant la réputation du Ghana comme modèle de stabilité en Afrique de l’Ouest, une région marquée par des coups d’État récents et des insurrections. Cependant, la police ghanéenne a rapporté deux incidents isolés : une personne a été tuée par balle dans le nord du pays et une autre dans la région centrale.
deux principaux partis du pays, le New Patriotic Party (NPP) et le NDC, alternent au pouvoir depuis le retour au multipartisme en 1992. En tentant de briser ce cycle, M. Bawumia avait fait campagne sous le slogan « Break the 8 », en référence aux deux mandats successifs habituellement accordés à chaque parti. Mais il n’a pas réussi à convaincre les électeurs, en grande partie en raison du bilan économique critiqué de son prédécesseur, Nana Akufo-Addo.
Avec cette élection, le Ghana conforte son statut de démocratie stable et mûre, alors que les partisans de M. Mahama célèbrent déjà cette alternance historique dans les rues d’Accra.
Valerie BOUASSAT