Moustapha Kambou, artisan perlier et costumier depuis près de 29 ans, est le président de l’Association des Fiers Artisans et Bijoutiers de Côte d’Ivoire (AFABCI), plateforme qui œuvre pour la formation et la promotion du secteur de l’artisanat. Propriétaire d’un atelier de formation qui prend en compte les jeunes vulnérables, les femmes déscolarisées, des orphelins et des veuves, Moustapha Kambou s’est confié à La Synthèse.
La Synthèse: Vous avez été réélu, il y a un mois de cela, pour un second mandat à la tête de l’Association des Fiers Artisans et Bijoutiers de Côte d’Ivoire (AFABCI). Quelles sont les grands chantiers de votre nouveau mandat?
Moustapha Kambou: Nous savons que l’artisanat est l’œuvre du fruit de l’esprit et nous constatons que les artisans travaillent dans des conditions difficiles et arrivent à créer des œuvres qui sortent de l’ordinaire mais n’arrivent pas à présenter leurs produits et par conséquent, ne jouissent pas de ces efforts. Pour cela, nous avons initié une journée de réflexion qui nous permet de partager nos différentes difficultés. Ainsi, il est ressorti que sans le soutien de l’Etat, notre secteur ne pourra pas s’en sortir. Nous avons donc adressé un courrier au Ministère de l’artisanat afin qu’il nous aide à avoir des espaces pour nous exprimer. De plus, nous avons pris l’engagement de permettre aux artisans ivoiriens de participer à tous les grands rendez-vous de l’artisanat du monde en général et en particulier de l’Afrique afin de vendre l’artisanat ivoirien.
Que comptez-vous faire pour tous les artisans de Côte d’Ivoire?
MK: Nous avons pour ambition d’insister sur la formation car pour nous, pour être un bon professionnel, il faut être bien formé afin de créer des produits de qualité et compétitif. Nous souhaitons être le canal de transmission entre le Ministère de tutelle et les artisans. Nous avons aussi pour objectif au niveau de la Chambre nationale des métiers d’organiser, de sensibiliser et d’apporter notre appui à tous les artisans.
Il nous est revenu que vous préparez une foire. Quels sont les grands axes de cet évènement et combien de personnes attendez-vous à cette foire?
MK: Cette foire se nomme la Semaine internationale de l’artisanat de Grand-Bassam. Elle est à sa seconde édition et se déroulera du 2 au 5 août 2018, avec pour thème: »L’artisanat et le numérique ». A travers cette foire, nous voulons amener les artisans à s’approprier les Ntic pour travailler et créer des œuvres de qualité car ces outils sont devenus incontournables dans les domaines d’activité. Nous attendons durant les 3 jours de cette foire, plus de 2000 visiteurs et 150 exposants.
L’artisanat nourrit-il son homme?
MK: Ce secteur d’activité nourrit son homme quant il est bien organisé et structuré. Ce métier ne demande pas d’avoir de grands diplômes et de grands moyens mais, dans un premier temps la volonté, la passion, l’intelligence et l’amour de vouloir l’exercer.
Votre plateforme regroupe quels genres de métiers de l’artisanat?
MK: Nous avons actuellement au sein de notre association 215 membres. A part les mécaniciens qui n’ont pas encore intégré, notre espace regroupe les restaurateurs, des peintres, des bijoutiers, des couturiers, des perliers, cordonniers, des coiffeurs, des carreleurs, des mâcons, des horlogers…
Qu’est-ce que l’artisanat peut apporter à la Côte d’Ivoire?
MK: Ce secteur peut dans un premier temps, réduire l’immigration clandestine. En fait, c’est parce que nos jeunes frères sont sans métier qu’ils veulent aller à l’aventure en risquant leur vie. Grâce à ce métier, beaucoup parmi nous visitent le monde. Ce secteur emploie plus de 4 millions de citoyens ce qui signifie qu’il est un facteur de développement et de croissance. Ce secteur, en plus d’être rattaché au Ministère de l’artisanat et du commerce, est affilié aux ministères de la culture et du Tourisme, ce qui signifie qu’il est très important pour le développement du pays. Notre plateforme a permis de faire voyager de nombreux artisans en exposant dans des salons et foires à travers le monde. Nous avons par exemple la FIDAK (Foire internationale de Dakar), le SIAO (Salon international et artisanal de Ouagadougou), la foire de Paris, la foire internationale de Luxembourg et au SIAC (Salon international et artisanal du Cameroun), le FESPACO.
Quel message avez-vous à lancer aux gouvernants pour que votre secteur soit plus viable ?
MK: Nous voulons plus de volonté politique pour ce secteur d’activité. La Cote d’Ivoire occupe une place très importante au niveau africain et mondial dans ce secteur. Et, beaucoup de pays n’ont pas assez de talents que notre pays mais, le pouvoir politique de ces pays aide les artisans en leur donnant des moyens de s’exprimer. Nous souhaitons donc que les autorités se penchent sur les difficultés pour les artisans à participer aux foires nationales telles que le MIVA (Marché Ivoirien de l’Artisanat), le SITA (Salon international du tourisme d’Abidjan), le SARA (Salon International de l’Agriculture et des Ressources Animales), le MASA (Marché des Arts du Spectacle Africain d’Abidjan) pour que les artisans puissent montrer leur savoir-faire. Nous souhaitons également que des aides soient attribuées aux artisans pour qu’ils participent à des foires internationales car l’artisan est un »Ambassadeur » et l’artisanat Ivoirien se vend très bien sous d’autres cieux. De plus, que les autorités assouplissent et rendent plus fluides les démarches administratives pour l’installation des ateliers ou la création des plateformes pour les artisans.
Entretien réalisé par Guy Martial KOUASSI
Légende: Moustapha Kambou, président de l’Association des fiers artisans et bijoutiers de Côte d’Ivoire (AFABCI) souhaite que les artisans soient bien formés (ph: lasynthese)