Le 25 juin 1928, le gouvernement français dévalue le franc des 4/5e de sa valeur. La monnaie nationale ne vaut plus que le cinquième de la contrepartie en or du franc d’avant 1914, le franc Germinal, créé par Napoléon Bonaparte un siècle plus tôt.
Cette dévaluation massive met un terme à la crise financière qui agite l’État. Elle est le résultat d’une politique courageuse menée envers et contre tous par le président du Conseil Raymond Poincaré, un conservateur austère et sans charisme de 67 ans, qui a déjà eu l’écrasante responsabilité de présider la République française tout au long de la Grande Guerre.
Retour réussi
Dans l’impasse, le 21 juillet 1926, avec une livre qui est remontée au cours record de 235 francs, le président Gaston Doumergue appelle Raymond Poincaré à former un cabinet d’union nationale, qui réunit les droites et le parti radical, grand parti charnière du centre, à l’exclusion des socialistes (SFIO) et des communistes.
Fort de son prestige, le nouveau chef du gouvernement constitue une équipe de choc avec seulement treize ministres.
La confiance des milieux d’affaires et des épargnants revient aussitôt. La conjoncture internationale, il est vrai, est favorable : le monde occidental connaît une euphorie économique et la question des réparations allemandes est en voie de règlement avec le plan Dawes qui a été adopté le 1er septembre 1924.
En une seule journée, le 3 août 1926, Poincaré fait adopter par la Chambre des députés un important train de mesures fiscales.
Là-dessus, réunissant solennellement les parlementaires à Versailles, le 10 août 1926, il crée une « Caisse d’amortissement des bons du Trésor ». Sa fonction est de collecter les recettes générées par certains impôts et taxes, ces recettes devant être affectées au remboursement de la dette de l’État. Les épargnants sont ainsi assurés de récupérer leur mise.
Les résultats, rapides, satisfont l’opinion : les rentrées fiscales augmentent cependant que les prix à la consommation tendent à baisser, en partie du fait de la revalorisation du franc.
Mais Poincaré veut aussi éviter l’erreur de Churchill, chancelier de l’Échiquier, qui a restauré la livre sterling à son niveau de 1914 et porté de ce fait un coup sévère aux exportations britanniques.
Après les élections législatives du printemps 1928, il se décide à dévaluer le franc et à ramener son cours officiel au cours stabilisé de 1926. Il pèse désormais 65,5 milligrammes d’or au titre de 900 millièmes, contre 322,58 milligrammes d’or lors de sa création par Bonaparte par la loi du 7 germinal an XI (27 mars 1803). On a désormais environ une livre pour 125 francs et un dollar pour 25 francs.
La mesure permet de restaurer la convertibilité du franc en lui donnant une valeur réaliste. Les comptes publics et les échanges se redressent et l’année 1929 se présente sous les meilleurs auspices… 1929 ! Le 26 juillet, pour cause de prostate, Poincaré se retire avec les honneurs. Mais son gouvernement demeure en place sous la présidence d’Aristide Briand (l’homme de la séparation des Églises et de l’État ainsi que du rapprochement franco-allemand) puis d’André Tardieu.