Dès 1935 débutèrent officiellement les émissions de l’émetteur berlinois de la
télévision.
Avec l’accroissement du nombre d’émissions se posait naturellement la question de leur réception. Du fait de la faible qualité des programmes, les industriels tardèrent à développer la construction en masse des postes. De plus, bien qu’une nouvelle norme de 180 lignes permettait d’envisager un réel avenir industriel, la technologie évoluait si rapidement que les constructeurs craignaient de développer des chaînes de montage bientôt obsolètes.
Ainsi, la majeure partie des émissions ne fut reçue que dans des fernsehstellen, salles collectives semblables à de petits cinémas, dans lesquelles était installé un téléviseur collectif, et dont l’accès était gratuit. Le service, affilié à la poste, pouvait être assimilé à un service public. Le 9 avril 1935 ouvrait à Berlin la première fernsehstelle, rapidement suivie d’autres ouvertures. En 1936 on comptait 11 salles de ce type. Le ministère de la propagande refusa cependant par la suite le développement d’autres fernsehstellen pour éviter de concurrencer les salles de cinéma. Ces salles accueillaient en général entre 35 et 45 personnes, parfois plus. Dans une obscurité totale, ces spectateurs pouvaient visionner un écran dont la taille ne dépassait pas 25 cm x 30 cm. Bien plus, dans cette petite lucarne on ne pouvait guère deviner autre chose qu’une image de faible qualité, dont la magie résidait principalement dans le caractère lointain des événements relatés. Au final, nombre de spectateurs se rendaient davantage dans ces fernsehstellen pour se réchauffer du froid extérieur que par passion pour cette nouvelle technologie que représentait la télévision.