Aux Pays-Bas, une inondation causée par la pluie, les vents, la marée et le manque d’entretien des digues fait 1800 morts. Le 1er février 1953, un raz-de-marée gigantesque avait emporté digues et maisons de la province de Zélande, dans le sud-ouest des Pays-Bas, plongeant tout un pays dans un profond traumatisme. Les chiffres du cataclysme vibrent plus que jamais dans la mémoire de tout un peuple: 1.835 morts, 100.000 sans-abri, 4.500 bâtiments détruits et 50.000 autres endommagés, 200.000 hectares submergés par les flots. En cette nuit glaciale de février 1953, une tempête avec des rafales de 150 km/h bat les côtes néerlandaises.
Le vent souffle du nord-ouest et, combiné à la marée, gonfle la mer du Nord en une masse déchaînée. Vers 3 heures du matin, les dizaines de digues qui protègent les terres morcelées de la Zélande commencent à céder. La surprise est quasi totale: les autorités n’ont pas donné l’alerte, de nombreux maires de villages ont négligé le danger et la coordination des secours est lente à se mettre en place car nous sommes un dimanche. L’eau submerge tout, arrache les toits des maisons, renverse les murs, engloutit des familles ensommeillées. Des tragédies individuelles sans précédent se déroulent un peu partout. Hommes, femmes et enfants dérivent sur des toits qu’ils ont débarrassés de leurs tuiles, agrippent des poutres, s’accrochent des heures durant aux arbres et poteaux avant de s’évanouir d’épuisement et de se noyer.
Des milliers de personnes resteront pendant des jours dans les greniers ou sur les toits, sans eau potable ou nourriture, avant d’être découverts par une barque ou un chalutier. Un énorme élan de solidarité va mobiliser le reste du pays pendant des mois pour combler les digues et réconforter les sinistrés. La Hollande entière jure que l’eau ne la prendra plus jamais au dépourvu ce qui explique la perfection du plan d’évacuation mis en place depuis lundi. De 1956 à 1986, huit énormes barrages ont été construits dans le cadre du plan Delta, qui ferme définitivement les bras de mer et protège désormais la province de Zélande.
PRISS H.