Un an, presque jour pour jour, après la décision de la République démocratique d’Allemagne (RDA) d’ouvrir sa frontière vers l’Ouest, la population allemande est officiellement réunifiée au sein d’un seul État. Cette proclamation met fin à l’existence de la RDA, fondée le 7 octobre 1949.
Des réformes démocratiques ont été adoptées en RDA depuis 1989, dont la tenue d’élections, le 18 mars 1990. Mais le mouvement vers la réunification se poursuit tout au long de l’année, stimulé entre autres par le mouvement d’exode vers l’Ouest qui se continue. Des dossiers épineux, comme les modalités d’une union monétaire et la participation d’une Allemagne réunifiée à l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN), sont réglés au cours des mois qui suivent. Le traité de Moscou, signé en octobre, fixe avec les quatre puissances d’occupation d’après-guerre – États-Unis, Union des républiques socialistes soviétiques (URSS), Royaume-Uni, France – les frontières de la nouvelle Allemagne. La réunification, proclamée le 3 octobre, donne lieu à des fêtes grandioses. Les cinq provinces (Land) est-allemandes et Berlin sont intégrés à la République fédérale d’Allemagne (RFA) qui compte 78,4 millions d’habitants. Un des artisans de ce projet, le chancelier Helmut Kohl, sera reporté au pouvoir lors des législatives du 2 décembre 1990.
Réunification de l’Allemagne Dans les médias…
S.A., « L’Europe et l’unité allemande »
«…Au mieux une indifférence polie aura accueilli la réunification allemande. En tout cas, elle aura moins fait couler d’encre en France que l’entrée de la Grande-Bretagne dans le système monétaire européen. On invoquera la crise du Golfe, le fait qu’on avait déjà suffisamment parlé de la chute du mur de Berlin, bref, d’autres chats à fouetter… Pourtant, à qui n’a pas la vue courte, c’est bien l’événement le plus important en Europe depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. C’en est même la véritable fin, dernier acte d’une tragédie européenne qui rétrospectivement couvrit presque la totalité du siècle (…) Longtemps les Allemands furent le plus européen des peuples : c’est en laissant l’idée européenne sombrer avec l’unité allemande que nous (la France) donnerions raison aux nationalistes de tous bords. Qu’attendons-nous pour l’être à notre tour, souhaiter la bienvenue dans la communauté aux « nouveaux Allemands », et travailler à son élargissement ? L’unité allemande sera alors la première étape d’une dynamique d’unité européenne et non, ce qu’elle est aussi, la résurgence d’un nationalisme.»
Esprit (France), novembre 1990, p. 3-4.