La question balte qui figurait en tête de l’ordre du jour de la première réunion du Conseil d’Etat vendredi, a été réglée en quelques minutes. Boris Pankine, le ministre soviétique des Affaires étrangères, a annoncé à l’issue de la séance, que Moscou reconnaissait l’indépendance des trois républiques annexées par Staline en 1940.
Publié le 9 sept. 1991 à 1:01
Gorbatchev a tenu ses promesses. Les pays baltes ont obtenu leur indépendance dès la première réunion du Conseil d’Etat, le nouvel organe exécutif soviétique. Le putsch manqué du 19 août aura donc eu pour effet d’assainir une situation que le président soviétique avait laissé pourrir et surtout d’accélérer de manière spectaculaire le processus d’indépendance de la Lituanie, de la Lettonie et de l’Estonie, annexées par Staline en 1940. « Nous sommes persuadés que nous devons cette indépendance à la communauté internationale qui a agi très vite en nous reconnaissant immédiatement après le putsch », nous a déclaré Algus Cedunuyets, un ex-député lituanien.
Pour autant, Algus Cedunuyets reste favorable à une realpolitik en matière économique. « Nous étions déterminés depuis longtemps à sortir de l’Union et politiquement nous n’étions prêts à aucune concession. En revanche, nous sommes restés très actifs au plan économique tous ces derniers jours. Notre président, Vytautas Lansbergis, a rencontré dès la semaine dernière en marge du Congrès, Yvan Silaev, le président du comité chargé de la gestion économique du pays ». Cependant, ditil, « les pays baltes ont clairement indiqué qu’ils ne feront pas partie du nouveau comité économique inter-républicain. Nous voulons établir des relations bilatérales directement avec les républiques et même si possible directement d’entreprises à entreprises ».
Boris Pankine, le ministre soviétique des Affaires étrangères, a déclaré que des négociations allaient commencer entre l’URSS et les pays baltes pour résoudre les problèmes de citoyenneté pour les russophones installés dans les républiques indépendantes, et celui des troupes soviétiques stationnées dans la zone de la Baltique (400.000 hommes environ). Nombre de responsables estiment aujourd’hui que l’Armée Rouge doit se retirer de la Baltique selon les termes et le calendrier prévus pour le retrait soviétique des ex-satellites de Moscou, notamment l’ex-RDA. C’est en tout cas la position du général Chapanichkov, le nouveau ministre soviétique de la Défense. Reste la délicate question des compensations pour les entreprises soviétiques qui demeurent la propriété de l’URSS. Les pays baltes de leur côté réclament des dédommagements pour la pollution qu’elles ont causée.
Un rôle charnière
entre l’Europe et l’URSS
Si les républiques baltes se savent encore liées à l’Union Soviétique en matière économique (notamment en ce qui concerne les matières premières, qu’elles seraient bien incapables d’acheter au prix du marché et en devises), elles sont conscientes en revanche du rôle charnière qu’elles peuvent jouer entre l’Europe et l’URSS. « Les républiques baltes ont toujours été une fenêtre ouverte sur l’Occident », faisait remarquer récemment un groupe d’économistes chargé par le président du conseil d’Estonie, Tunne Kelam, de conduire une étude sur l’avenir de la zone balte. Ces experts soulignaient cependant que même si les Baltes jouissent d’une réputation nettement au-dessus de la moyenne soviétique en ce qui concerne leur capacité de travail et d’organisation, on n’efface pas du jour au lendemain les traces laissées par 50 ans de régime communiste.
Source: wikipedia