Dans la nuit du 22 au 23 août 1791 éclate une violente insurrection à Saint-Domingue, colonie française des Antilles. Esclaves noirs et affranchis revendiquent la liberté et l’égalité des droits avec les citoyens blancs. C’est le début d’une longue et meurtrière guerre qui mènera à l’indépendance de l’île ; la plus grande révolte servile de l’Histoire… et la seule qui ait réussi.
Mémoire de la traite : 1998, en souvenir de la révolte de Saint-Domingue, l’Unesco (Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la Culture) a fait du 23 août la « Journée Internationale du souvenir de la traite négrière et de son abolition »… Cette célébration reste toutefois ignorée en France, bien que celle-ci ait été au centre de l’événement car le gouvernement français a préféré instauré trois ans plus tard une journée proprement nationale à la date du 10 mai, cette date ayant été choisie simplement parce qu’elle rappelle la date de promulgation de ladite loi, dite loi Taubira, le 10 mai 2001 !
Une prospérité compromise : De son nom officiel « côtes et îles de Saint Domingue en l’Amérique sous le vent », la colonie est, avant la Révolution, la plus prospère des possessions françaises d’outre-mer grâce à ses plantations de café et de canne à sucre et à ses nombreux esclaves. La colonie compte près de 600 000 habitants, dont 40000 affranchis, essentiellement des mulâtres, et 500 000 esclaves noirs régis par le Code noir. Les affranchis ou libres de couleur n’ont pas les mêmes droits que les colons. Le port de l’épée et le titre de Monsieur leur sont interdits, de même que certaines professions. Mais ils bénéficient d’une certaine aisance, sont très dynamiques et possèdent même un quart à un tiers des esclaves ! Le 15 mai 1791, à Paris, l’Assemblée nationale accorde timidement le droit de vote à certains libres de couleur. Cette demi-mesure inquiète les planteurs blancs de Saint-Domingue qui songent à proclamer leur indépendance pour préserver leur île des idées séditieuses venues de Paris. Affranchis mulâtres, négociants et planteurs blancs commencent à s’affronter, n’hésitant pas à associer leurs esclaves noirs à leurs querelles et à leur confier des armes. Toutes les conditions de la révolte étant réunies, le culte vaudou et le marronnage vont provoquer l’explosion.
Un combat pour la liberté et l’égalité : Des nègres marrons (ainsi appelle-t-on les esclaves qui ont fui les plantations et se sont réfugiés dans les forêts) revendiquent l’abolition de l’esclavage au cours d’une cérémonie vaudou au Bois-Caïman, près de Morne-Rouge, sous la direction d’un prêtre vaudou, Boukman, le 14 août 1791. Cette revendication débouche sur une insurrection dans la nuit du 22 au 23 août 1791, avec le fameux Boukman entouré de ses lieutenants Romaine le prophète, Hyacinthe, Georges Biassou, Jean-François. Des centaines de sucreries et de caférières (plantations de café) sont détruites. Les Blancs eux-mêmes sont massacrés par centaines. C’est le début d’une longue et meurtrière guerre qui mènera à l’indépendance de la prospère colonie. Les insurgés noirs ne tardent pas à recevoir le soutien des affranchis, irrités que les représentants de l’Assemblée nationale aient fait exécuter plusieurs d’entre eux, dont le célèbre Vincent Ogé. Les premiers combats révèlent les talents militaires d’un cocher de 48 ans nommé François Toussaint. Fils d’un Africain du Bénin, il a reçu une éducation sommaire. Affranchi quinze ans plus tôt, en 1776, il a pu acquérir une propriété de 13 hectares et vingt esclaves ! Lorsqu’éclate l’insurrection, François Toussaint entre au service de Georges Biassou. Il ne tarde pas à faire la preuve de son courage et de ses talents de stratège. Le surnom de L’ouverture ou Louverture s’ajoute à son nom en raison de la bravoure avec laquelle il enfonce les brèches ! Le 28 mars 1792, la nouvelle Assemblée législative établit une égalité de droit entre tous les hommes libres (à l’exception donc des esclaves) mais cette nouvelle demi-mesure intervient trop tard pour arrêter l’insurrection. Madrid, qui occupe la partie orientale de l’île, Santo Domingo, offre à Georges Biassou et François Toussaint Louverture de combattre les Français à ses côtés en échange d’une promesse de liberté générale. Les insurgés acceptent et Toussaint Louverture reçoit le grade de lieutenant général dans les armées espagnoles. Il commande 4 000 hommes et bientôt vole de succès en succès. À Paris, l’insurrection est perçue comme une révolte royaliste de type vendéen, qui bénéficie – fait aggravant – de l’appui des Anglais et des Espagnols…
Source: wikipédia