Dimanche 5 septembre 2021, le président guinéen Alpha Condé a été renversé par les militaires conduits par le lieutenant-colonel Mamady Doumbouya, patron des forces spéciales et du nouveau Comité national du rassemblement et du développement (CNRD). Les putschistes qui ont pris le contrôle du palais présidentiel et de l’ensemble des institutions de la république situées sur la presqu’île de Kaloum, ont immédiatement annoncé la dissolution du Gouvernement, de la Constitution et de toutes les autres structures qui tirent leur fondement de ce texte fondamental.
Les insurgés ont confirmé avoir capturé le président Condé qui serait, selon eux, traité dans de bonnes conditions. Selon un communiqué des militaires, son « intégrité physique et morale n’est pas engagée ». La junte au pouvoir a affirmé que l’ancien chef d’Etat a le droit de voir ses médecins. Malgré ces annonces et les images d’Alpha Condé diffusées par les militaires, on n’a pas de nouvelles du président sortant qui serait gardé dans un lieu tenu secret.
Convoqués par les putschistes ce lundi, les anciens ministres et présidents d’institutions ont répondu présent. Selon un analyste politique interrogé depuis Conakry par France 24, le fait de se rendre à la réunion des putschistes montre que les militaires sont les véritables maitres à bord. Dans l’état où sont les choses, aucune force contradictoire n’est susceptible de venir contrarier les projets des militaires au pouvoir. Le lieutenant-colonel Mamady Doumbouya a, dans la foulée, assuré que la Guinée tiendrait tous ses engagements. Histoires de mettre en confiance les pays et les institutions internationales. Les ministres et présidents d’institution sont interdits de quitter le pays jusqu’à la fin de la transition. Le lieutenant-colonel Doumbouya a promis qu’il n’aurait pas de chasse aux sorcières et un gouvernement d’union nationale.
De son côté, la Fédération internationale de football association (FIFA) a officialisé le report du match de qualification pour la Coupe du monde entre la Guinée et le Maroc, qui devait avoir lieu ce lundi. Une tentative de coup d’Etat a eu lieu ce dimanche en Guinée. Selon un responsable de la Fédération royale marocaine de football (FRMF), la sélection marocaine a pu quitter la Guinée dimanche, après avoir été bloquée dans le pays au moment où se déroulait le coup d’Etat.
Condamnations internationales
Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a « fermement » condamné « toute prise de pouvoir » en Guinée « par la force du fusil », appelant « à la libération immédiate du président Alpha Condé ».
Le président en exercice de l’Union africaine Félix Tshisekedi et le président de la Commission de l’UA Moussa Faki Mahamat « condamnent toute prise de pouvoir par la force et demandent la libération immédiate du président Alpha Condé » et appellent à une réunion d’urgence de l’organisation.
Le président en exercice de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao), le Ghanéen Nana Akufo-Addo « exige le respect de l’intégrité physique » du chef de l’Etat guinéen, sa libération immédiate et « le retour à l’ordre constitutionnel sous peine de sanctions ».
La France a dit se joindre à la condamnation de la Cédéao et à l’appel à « la libération immédiate et sans condition du président Condé », à l’instar du chef de la diplomatie de l’UE Josep Borrell qui « invite tous les acteurs à agir dans le respect de l’Etat de droit, de l’intérêt de la paix et pour le bien-être de la population guinéenne ».
Serge YAVO avec nouvelobs.com