Gratuité de la CNI-Assalé Tiémoko, maire de Tiassalé, désavoue Ouattara et ses députés Rhdp: ‘’Des Ivoiriens ne peuvent même pas s’offrir un extrait de naissance à 500Fcfa’’
Extrait de naissance, d’abord?
Le gouvernement ne veut pas délivrer gratuitement la CNI aux Ivoiriens en âge de l’avoir. C’est un fait.
Mais le gouvernement, comme à son habitude, ne trouve pas nécessaire d’organiser un débat à la télé pour que les Ivoiriens comprennent les motivations de sa décision.
Les députés, hier (mercredi 26 juin), au parlement, lui en ont donné quitus pour agir ainsi.
Depuis, la décision de non gratuité indigne des Ivoiriens, quand d’autres estiment que le gouvernement a raison.
Ceux qui comprennent ou tentent d’expliquer la décision du gouvernement ou qui la soutiennent sont taxés d’être du Rhdp et, quand il s’agit d’un journaliste, on dit qu’il est corrompu ou qu’il veut rejoindre le Rhdp.
Ceux qui réclament la gratuité sont considérés comme des pro-Gbagbo tout court.
Comme d’habitude, on ne cherche pas à comprendre la pertinence des arguments des uns et des autres. On prend juste le raccourci du soupçon.
On veut la gratuité de la CNI surtout, parait-il, pour les populations rurales qui n’auraient pas les moyens de payer 5000 f. Cela est peut-être vrai. Nous connaissons tous la situation de nos parents dans les zones rurales.
Mais pour des gens qui sont sur le terrain comme moi et qui sillonnent les zones rurales chaque mois depuis au moins 7 ans, nous savons que le débat de la gratuité où pas de la CNI n’intéresse pas la majorité des populations rurales.
Dans les villages, en majorité, les gens n’ont même pas d’extrait de naissance. Des pères de famille, géniteur de 6 à 10 enfants, n’ont pas d’extrait de naissance et leurs enfants non plus.
Pour eux, c’est au moins 10 à 25 mille francs qu’il faut débourser pour obtenir un jugement supplétif. Ils n’ont pas cet argent. Mais de cela, personne ne parle.
Quand ils ont un jugement, ils n’ont pas 3500 francs pour s’établir un certificat de nationalité. C’est un fait.
Je voudrais juste donner quelques chiffres.
En 2016, nous avons dû trouver 1.575.000 f pour offrir un certificat de nationalité à 450 personnes qui voulaient s’inscrire pour la première fois, sur la liste électorale. Mais près de 3000 personnes en âge de voter et se trouvant dans les villages que nous avons sillonné, n’avaient pas de jugement, pour espérer avoir le certificat de nationalité.
En 2018, nous avons refait la même opération, c’est près de 600 personnes qui ont pu avoir le certificat. Cela nous a coûté un peu plus de 2 millions.
Cette année, nous venons de mettre en place, dans chaque village et campement de la sous-préfecture de Morokro, des comités dirigés par le chef et le président des jeunes, pour recenser les personnes qui n’ont pas d’extrait de naissance. On est à plus de 3000 personnes recensées après seulement deux semaines.
C’est la même situation dans les villages de la commune de Tiassale et dans la sous-préfecture. C’est la même situation dans tous les villages et campements de Côte d’ivoire.
Combien sommes nous, de cadres, d’intellectuels, à nous préoccuper de cette situation dans nos villages?
N’est ce pas là aussi, un débat qu’on devrait mener, demander au gouvernement de trouver une solution à ce problème sérieux ?
La CNI gratuite, ce serait bien. Je ne pense pas qu’il y ait un ivoirien normal qui soit contre cette gratuité. Mais même gratuite, 80% des personnes en âge pour en bénéficier et vivant dans les zone rurales, ne seront pas concernées.
Dans des villages de plus de 5 mille habitants, on a parfois moins de 500 personnes inscrites sur la liste électorale. Faute de papiers.
Nous sommes 20 millions d’ivoiriens.
Et à peine 27% inscrits sur la liste électorale. Là où le taux, dans la plupart des pays africains est d’au moins 41 %.
Au Ghana à côté, la population est inscrite à 56 % sur la liste électorale.
Assalé Tiémoko Antoine, maire de Tiassalé