Le Parti des peuples africains-Côte d’Ivoire (PPA-CI), instrument politique de Laurent Gbagbo, est officiellement sur la scène depuis le 17 octobre 2021. Cette fois-ci, Laurent Gbagbo a pris soin de le façonner à sa guise. Il ne veut plus être confronté au problème de co-fondation comme ce fut le cas au Front populaire ivoirien (FPI).
Tout a été si bien ficelé que le PPA-CI est appelé à juste titre, « le parti de Gbagbo ». Il serait trop tôt pour juger ce parti politique d’à peine deux mois d’existence. Mais force est de reconnaitre que Laurent Gbagbo, du haut de ses 76 ans, n’a plus la même hargne, comme ce fut le cas dans les années 90-2000. Il a été affaibli par dix ans de gestion d’un coup d’Etat mué en rébellion. Mais aussi, par dix autres années d’incarcération en Côte d’Ivoire et à la Haye. En un mot, l’ancien président de la République mérite de prendre du repos.
Ne soyons donc pas surpris de ne plus le voir en première ligne du combat. L’ex-chef de l’Etat est diminué physiquement. Mais Gbagbo n’est pas que diminué physiquement. Il l’est aussi stratégiquement. Nous en voulons pour preuve, le fait que le président du PPA-CI ait perdu plusieurs de ses lieutenants au cours de ces dernières années. Nous pouvons citer entre autres Aboudramane Sangaré, (le gardien du Temple), décédé en 2018. Mamadou Koulibaly, qui a quitté Gbagbo pour créer son parti politique, Lider. Simone Ehivet Gbagbo qui a clairement signifié son refus de rejoindre le PPA-CI. Pascal Affi N’guessan qui se réjouit de garder la tête du FPI. Quant à Blé Goudé en exil, il continue de présider aux destinées de son parti, le Congrès pour la justice et l’égalité des peuples (COJEP). La liste n’est pas exhaustive. Autant de défections qui pourraient gripper le bon fonctionnement du PPA-CI.
En effet, ces personnalités citées plus haut ont été, d’une façon ou d’une autre, des maillons essentiels dans le parcours politique de Laurent Gbagbo. Ainsi, la sagesse et la loyauté de Sangaré, l’audace de Mamadou Koulibaly, la clairvoyance et le courage de Simone Ehivet, la capacité de mobilisation de Blé Goudé pourraient manquer à Gbagbo. « Nul n’est indispensable dans la vie dit », l’adage. Mais s’interroger sur la capacité du PPA-CI à rebondir avec ces défections est pertinent. Parce que jusque-là, ce parti n’a enregistré aucune nouvelle recrue, à même de susciter un espoir particulier. Tous ceux qui sont désormais sous les projecteurs ont toujours été autour du président Gbagbo. Le hic, c’est qu’ils n’avaient pas de poids devant ceux qui aujourd’hui ont pris leurs distances vis-à-vis du président du PPA-CI. A ce propos, les mauvaises langues disent que c’est par défaut que plusieurs occupent des postes au PPA-CI. Toujours est-il que le président Gbagbo a besoin de soutien pour reprendre le pouvoir. C’est d’ailleurs pourquoi, il a invité les membres du secrétariat général de son parti, à se mettre au travail.
En effet, plusieurs personnes s’expliquent difficilement que Laurent Gbagbo n’ait pas réussi à garder son monde autour de lui. Désormais, plus de soutien indéfectible au chef. Le mythe est brisé. Le leader incontesté d’hier est contesté aujourd’hui par ses partisans. Plusieurs erreurs politiques lui sont reprochées. Gbagbo, l’animal politique pourrait-il rebondir comme il l’a toujours fait lorsqu’on lui prédisait une mort politique ? L’avenir nous le dira.
P.O.Yves