Discours de nouvel an du Chef de l’Etat-Sylvain Takoué, R.F.I, réagit : « Ouattara nous a servi un discours ni neuf, ni nouveau… »
J’ai écouté et suivi, au journal télévisé de 20 heures, sur RTI 1, le discours de nouvel an de notre Chef d’Etat, prononcé par lui, ce 31 décembre 2018.
Ce que j’en pense ? D’abord, que c’est une tradition officielle à laquelle il s’est plié. Le Président Emmanuel Macron a, lui aussi, livré en France, son discours aux Français. Lui, il est surtout confronté, depuis un peu plus d’un mois, là-bas, à la fameuse grève continue des « Gilets jaunes », par rapport au problème de la montée du prix du carburant. Il a, dans son discours, exhorté les Français à se mettre au travail pour une France plus forte, et non pour un Président plus fort.
Ici, en Côte d’Ivoire, le Président Alassane Ouattara sait qu’il est aussi face à une opposition politique qui se reconstitue intelligemment, qui se recompose et qui resurgit courageusement, en faisant des mutations importantes qui lui donnent des craintes. Il veut donc plutôt être un Président plus fort et a, lui, promis (encore et encore), dans son discours, du travail et des emplois aux Ivoiriens.
Mais ce que je note, ensuite, dans le discours de nouvel an de notre Chef d’Etat, c’est qu’il s’est adressé aux Ivoiriens, exactement comme s’il était en début de mandat, bien qu’il nous ait servi un discours au contenu ni nouveau, ni neuf. Ce n’est pas sérieux. Un Président de la République ne promet pas, en fin de mandat, les mêmes choses qu’il a déjà promises, en début de mandat, au peuple. Il ressemblerait au pauvre Sisyphe de la mythologie, qui recommence son labeur sans réaliser des avancées. Cela voudrait carrément dire que ce Président de la République a échoué à son programme de gouvernement, et qu’il va récidiver, en rempilant. C’est là, une grande déception, quand on sait que le double-mandat quinquennal de notre Chef d’Etat prend fin dans un peu moins de deux ans, et que son bilan n’a pas atteint plus de la moitié, et beaucoup moins, de ses promesses électorales de 2010. Il sait que, pour cela, les Ivoiriens voient le verre à moitié vide, pendant qu’il voit, lui, ce même verre à moitié plein.
Je dis donc que c’était un discours absolument décevant, parce que le Chef de l’Etat a aussi, et encore, fait des promesses sociales lourdes, qu’il sera bien loin de tenir, dans le reste du temps qui lui est imparti. Bien entendu, il s’est livré, comme toujours, à une autocélébration politique qui fait pâlir les Ivoiriens qui, eux, le regardent, désormais, avec méfiance, comme un magicien, comme un vendeur d’illusions.
Je note également que, sur la question de la réforme de la CEI, il s’est contenté de ne parler que de la recomposition de cette CEI, tout en s’abstenant de proposer concrètement une date de début de discussions sur la question, alors qu’il sait très bien que c’est une question d’importance, une question capitale par rapport à la légitimité électorale de 2020.
Donc, pendant que nous parlons, nous opposition, de réforme, lui, il parle de recomposition de la CEI. Ce n’est pas pareil, car nous ne parlons pas déjà le même langage. Ce que nous proposons, nous opposition, c’est d’aller beaucoup plus loin dans la réforme de l’institution électorale de notre pays, qu’une simple recomposition. Et, on voit bien qu’il veut faire de l’usure, en mettant tout le monde dans un flou artistique, pour gagner du temps et, au dernier moment, imposer, à tous, sa mouture de la CEI. Ce qui ne marchera évidemment pas, croyez-moi.
Je pense donc, globalement, à mon avis, que son discours n’a pas été bien préparé, ou qu’il ne l’a pas du tout été, avant de venir le livrer aux Ivoiriens, qu’il a pensé, certainement, trop occupés à faire la fête de fin d’année. Ce serait une erreur, si c’était le cas. Mais comme j’ai l’intime conviction que cela pourrait être le cas, alors, j’en conclus que c’est une erreur d’appréciation de sa part, d’avoir livré un discours plat, vide, creux, qui ne réjouit pas, qui ne séduit plus. C’est mon avis. Mais il compte, cet avis.
Sylvain Takoué,
Président du
Rassemblement des Fiers Ivoiriens (R.F.I.)