Haïlé Sélassié est mort un peu moins d’un an après avoir été destitué. Étranglé, le 25 (ou le 27) août 1975, sur ordre de son tombeur, le colonel Mengistu Haïlé Mariam. Le dernier roi d’Éthiopie croupissait dans un cachot depuis sa déposition, le 12 septembre 1974, par la junte militaire « révolutionnaire ». Haïlé Sélassié était un mythe. Il devait en partie son prestige à un lignage exceptionnel. « Roi des rois », « Lion conquérant du royaume de Juda », « Élu de Dieu », chef du plus vieil empire du monde et du seul État africain à avoir toujours conservé son indépendance, le Négus se présentait comme le 225e descendant de la dynastie du roi Salomon et de la reine de Saba.
Ce petit bonhomme à l’allure chétive mais au charisme réel était monté sur le trône d’Abyssinie en 1930. Il s’était fait connaître en résistant à l’assaut des troupes de Mussolini, en octobre 1935. Une résistance valeureuse mais sans espoir. Lâché par la Société des nations, l’empire de Haïlé Sélassié cède sous la pression des Italiens. Mais, de Londres, où il a trouvé refuge en mai 1936, le Négus, devenu un héros antifasciste, continue la lutte et rallie les soutiens.