Création du Parti unifié en Côte d’Ivoire: Un Président de parti politique avertit et appelle à une désolidarisation nationale…
L’ancien Président de la République de Côte d’Ivoire, Laurent Gbagbo, disait, avec ironie, que, « Quand les gens nagent, ils pensent qu’on ne les voit pas, mais on voit leur dos ».
Même s’ils cachent encore leur jeu aux Ivoiriens, qu’on le dise, en toute franchise, à nos frères d’en face qui y manœuvrent tant en toute foire : la création du RHDP-Parti unifié par lequel ils jurent, comme sur un fétiche inviolable, n’est ni opportune, ni réaliste pour la Côte d’Ivoire d’aujourd’hui. Car, nous sommes bel et bien en Côte d’Ivoire, un pays essentiel où on se connaît bien désormais, un pays sérieux où les yeux des Ivoiriens sont tellement ouverts, qu’on ne peut espérer les induire bêtement en erreur, comme par le passé.
En réalité, le RHDP-Parti unifié, n’est rien d’autre qu’un projet de parti-Etat qui a eu du mal à avoir l’ancrage quasi national escompté, à cause du dribble inattendu du PDCI-RDA. Si ce projet de retour au parti-Etat a foiré et avorté, grâce au flair du Président Henri Konan Bédié, et qu’il ne reflète plus que la seule position dominante du RDR, parti au pouvoir, c’est bien parce que le parti-Etat est, en soi, une erreur politique et constitue, à l’endroit même des libertés humaines, un danger social pour le pays.
Pourquoi le disons-nous ? Le Président Bédié, en opposant un « Non » catégorique et retentissant à ce projet de parti-Etat du RDR, a réagit promptement en homme politiquement averti. Il a, au regard de l’histoire du pays, fait heureusement échec à ce recul monumental de la démocratie, en préparation en Côte d’Ivoire, parce qu’il savait qu’il serait vraiment impopulaire de violer le décret signé par le Président Félix Houphouët-Boigny lui-même, et daté du 30 avril 1990. Ce décret présidentiel, qui a fait constitutionnaliser la liberté politique, a consacré la fin du parti-Etat et l’avènement du multipartisme dans notre pays.
Nous pensons que c’est au mépris de cet important acquis politique daté en enregistré, que le régime RDR manœuvre à la reconversion anachronique et rétrograde du processus de la démocratie en Côte d’Ivoire. Ainsi, non seulement ce régime méprise l’Histoire même du pays en voulant la substituer à une légende, mais il méprise tout aussi les mémoires et actes politiques laissés par le Président Félix Houphouët-Boigny à qui, pourtant, ce régime RDR identifie, mais malencontreusement, l’idéologie du parti-Etat en gestation dans son officine et qui va naître sous les yeux des Ivoiriens, le 26 janvier 2019.
A bien y voir, sans le PDCI-RDA, seul le RDR reste le fer de lance du RHDP-Parti unifié en gestation, puisque ses accompagnateurs-satellites (UDPCI, MFA, PIT, UPCI), dans cette affaire, ne sont que des strapontins et des faire-valoir de très peu de poids politique. C’est comme si le RDR, devenu impopulaire pour son passif, changeait désormais de dénomination, pour prendre une nouvelle identité. Mais ce serait toujours les pratiques du même RDR qui feront loi dans le nouveau parti unitaire en préparation.
Forts de cela, nous en appelons donc à la clairvoyance, à la vigilance et au discernement des Fiers Ivoiriens chantés par l’Hymne national de notre pays. Nous les appelons à se désolidariser de ce projet sans visage, qui rappelle, dans l’ombre, la montée et l’escalade des années 1930, que le monde et ceux qui savent l’Histoire, ont connues, en Allemagne.
Ce que prétendent créer, à la date du 26 janvier 2019 au stade Félix Houphouët-Boigny, les partisans de ce projet arriéré de parti-Etat, n’est rien d’autre qu’une sorte de secte politique incantatoire, au sein duquel il suffirait d’invoquer le seul nom d’Houphouët-Boigny, dans le mythique stade de football qui porte ce nom, pour se voir envoûté d’une idéologie, devenue fonds de commerce, qui fait marcher à reculons les possédés et endiablés qui y auront pris fait et cause.
Là, se trouve le danger social auquel les partisans de ce projet fantasmagorique exposent la Côte d’Ivoire et les Ivoiriens : l’endoctrinement à la pensée unique et la radicalisation de l’esprit des lois sociales qui en découleront et qui établiront, non seulement le règne d’un pouvoir politique sans partage, mais aussi le modèle d’une société de type monarchique.
Les Ivoiriens n’ont, d’ailleurs, qu’à bien relire la Constitution qui a fondée l’actuelle troisième République, pour y découvrir les signes annonciateurs d’un tel modèle de pays où le Chef de l’Etat est, avant et après tout, un Président-monarque dont personne n’aurait le droit de contester les pouvoirs omnipotents, omniscients et omniprésents, puisque la Constitution qui y fonde ce Président-monarque est passée, à plus de 86%, au référendum de 2016.
Il faut que les Ivoiriens comprennent, tous, que la mise en place, à partir du 26 janvier 2019, du parti unitaire qui ferait perdre leur âme politique aux partis-béquilles contractants, va donc, à nos yeux, dans la droite ligne de cet Etat féodal en constitution. Et que c’est plutôt ce type de règne totalitaire de l’autoritarisme qui, à lui seul, pourrait être la source de l’instabilité sociopolitique redoutée, qui pointe à l’horizon, puisque cette monarchie présidentielle déguisée serait confligène et sujet aux contestations populaires.
N’est-il pas temps, grand temps, pour les Ivoiriens éclairés, de prendre position, en toute responsabilité, contre l’émergence de ce règne de l’autocratie, auquel le Président Félix Houphouët-Boigny a fini, lui-même, par renoncer légalement en 1990 ? N’est-il pas urgent, pour les Ivoiriens fiers de cette avancée politique, de suivre le chemin des libertés, que leur montre, aujourd’hui, le Président Henri Konan Bédié ? Quand on veut sauver une maison qui brûle, on ne demande pas si l’eau que l’on a à portée de mains est propre ou pas. Le Président Bédié n’est-il pas une chance de rachat pour notre Côte d’Ivoire en état d’alerte maximale ?
Sylvain Takoué,
Président du
Rassemblement des Fiers Ivoiriens (R.F.I.)